Chalon vote la fin du menu sans porc à la cantine
Sur les 43 conseillers municipaux, seuls les 7 élus d'opposition de gauche ont voté contre et un élu MoDem de la majorité s'est abstenu. Absente, la première adjointe UDI Isabelle Dechaume a expliqué dans un communiqué s'être "mise en retrait", n'ayant pas "la même approche" de la laïcité que celle proposée par le maire Les Républicains Gilles Platret. Pour le maire de Chalon, la pratique des menus de substitution faisait "entrer des considérations religieuses dans des lieux où elles n'avaient pas leur place".
Une nouvelle bataille judiciaire
Ce vote du conseil municipal devrait ouvrir un nouvel épisode judiciaire : la Ligue de défense judiciaire des musulmans ayant annoncé "dans les jours qui suivront" un nouveau "recours en excès de pouvoir et un référé-suspension". Cette association, présidée par l'avocat controversé Karim Achoui, avait déjà saisi le tribunal administratif de Dijon cet été pour dénoncer une atteinte du "droit au respect de la liberté de culte et de conscience" des enfants.
Mi-août, le tribunal avait rejeté ce recours en référé au motif que la condition d'urgence n'était "pas remplie", aucun repas contenant du porc ne devant être servi avant le 15 octobre. "Si le tribunal avait estimé en août qu'il n'y avait pas d'urgence, une tranche de jambon doit être servie aux enfants le 15 octobre. Donc, il y aura véritablement urgence", a estimé l'un des avocats de l'association, Me Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot.
Un menu de substitution depuis 1984
Les cantines de Chalon-sur-Saône proposaient depuis 1984 un menu de substitution au porc, viande impure pour les musulmans comme pour les juifs. Ces derniers mois, plusieurs municipalités - notamment Arveyres (Gironde), Toulouse, Perpignan, Chilly-Mazarin (Essonne) - ont remis en cause les menus de substitution dans leurs restaurants scolaires.
Le député UDI Yves Jégo avait annoncé en août son intention de déposer une proposition de loi rendant obligatoire la présence d'un menu végétarien dans les cantines scolaires, espérant ainsi mettre fin au débat lié aux repas différenciés selon les croyances des élèves. La ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem avait déclaré mi-septembre ne pas vouloir "imposer" de menu végétarien. "Les choses fonctionnent bien aujourd'hui, si on met de côté certaines polémiques qui finiront par être réglées par la justice", avait-elle ajouté.