Jeux Olympiques : "l'avantage maison" qui "favorise" les équipes à domicile permettra-t-il à la France de décrocher le top 5 ?
Huitième à Tokyo, septième à Rio et Londres, dixième à Pékin, septième encore à Athènes… L’équipe de France olympique va-t-elle revenir, lors de ces Jeux 2024, dans le top 5 des nations, objectif fixé par Emmanuel Macron ? Va-t-elle augmenter son nombre de médailles d’or ? Oui, à en croire les statistiques : ces onze dernières olympiades, le pays organisateur a toujours fait grossir sa collection de breloques en or. Grâce, peut-être, à son home advantage, avantage maison...
Et La Marseillaise retentit une nouvelle fois dans la nuit d’Atlanta. Ce vendredi 2 août 1996, au lendemain du sacre de Marie-Jo Pérec sur 200 mètres, quelques jours seulement après son titre sur 400 m, c’est Jean Galfione qui, cette fois, fait hisser le drapeau tricolore tout en haut du Centennial olympic stadium.
En décrochant l’or avec une barre à 5,92 mètres lors d’un concours du saut à la perche interminable*, le natif de Paris offre à la France sa 15e et dernière médaille d’or de ces Jeux et permet à la délégation de repartir, quelques jours plus tard, des États-Unis avec une cinquième place au tableau des médailles d’or.
Quinze titres, cinquième place au classement : 28 ans après le saut de Galfione, 28 ans après Atlanta 1996, la France n’a jamais fait mieux aux J.O. d’été : ni en termes d’or (treize à Sydney en 2000, la meilleure performance depuis), ni en termes de classement (sixième à Sydney, le meilleur également depuis).
Pourtant, si l’équipe de France veut atteindre l’objectif fixé par Emmanuel Macron de revenir dans ce fameux top 5, il faudra certainement augmenter le nombre de breloques. Et dans cette quête, les athlètes français devraient pouvoir compter sur un allié de choix : le home advantage, l’avantage maison.
De nombreux facteursÉvidemment bien connu et même largement documenté, notamment en Amérique du Nord et dans le monde anglo-saxon, fait remarquer André Suchet, maître de conférences à l’université de Bordeaux, spécialiste de géographie du sport, en ce qui concerne les sports collectifs, cet avantage d’évoluer à domicile serait donc une réalité également pour les Jeux. C’est simple, sur les onze dernières olympiades (depuis Moscou 1980), le pays organisateur a toujours augmenté son nombre de titres olympiques par rapport à l’édition précédente. Avant, parfois, de rechuter…
Professeur émérite de la faculté des Sciences du sport et du mouvement humain de l’université Paul-Sabatier à Toulouse, Bernard Thon, qui s’est justement « intéressé au phénomène du home-advantage (HA) depuis quelques années », confirme que « pour les JO, quelques études suggèrent que la nation organisatrice obtient un nombre de médailles supérieur à celui attendu en prenant en compte les résultats antérieurs ». Et même si les déterminants de ce fameux home advantage sont « très nombreux et dépendent de facteurs difficiles à isoler », précise encore Bernard Thon, les auteurs expliquent ce phénomène notamment « par un plus grand investissement des acteurs locaux (politiques, sportifs, etc) quand les Jeux Olympiques ont lieu à domicile ».
Et le professeur émérite toulousain d’illustrer ses propos : « C’est le cas de la France qui a investi dans la préparation des athlètes et dans la recherche sur les facteurs de la performance beaucoup plus de moyens depuis quelques années en vue des JO sur son territoire. La création du GDR (groupement de recherche) Sport, piloté par le CNRS, est l’une de ces opérations destinées à améliorer la performance de nos athlètes. » « On met vraiment les moyens, résume Pascal Charroin, historien au département STAPS** à Saint-Étienne et Lyon. Les athlètes bénéficient de conditions assez exceptionnelles. »
Pour expliquer ce home advantage, il y a, aussi, bien sûr, le soutien local, « l’ambiance générale, la quantité et la force des supporters qui seraient de nature à motiver l’équipe sur place », confie André Suchet qui donne un cours à ses étudiants à ce sujet.
Le rôle des supportersMais l’autre point, enchaîne Pascal Charroin, « c’est la prise de repères dans la salle ou l’enceinte où ils vont évoluer. Et ça, pour des sportifs qui, par exemple en gymnastique, en athlétisme, en vélo, se départagent avec des centièmes, des millièmes de secondes, ou bien des millimètres, c’est hyper important. » Pascal Charroin prend ainsi l’exemple de la natation et notamment la discipline du dos : « On sait que les nageurs, quand ils s’entraînent, ils ont toujours des points de repère que personne, à part eux, ne pourrait voir, à moins de passer autant de temps qu’eux dans la piscine. Et ces repères, sachant que ça se joue à des détails, ne sont pas négligeables. »
« Les différentes études montrent que les caractéristiques matérielles de la structure d’accueil seraient responsables de ce home advantage, abonde André Suchet. C’est-à-dire que les équipes qui jouent à domicile connaissent mieux le coin où l’herbe, la piste, etc, est meilleure, connaissent mieux les vestiaires où se mettre dans de meilleures conditions. »
Attention cependant. « Il y a, poursuit André Suchet, des études statistiques qui montrent que quand un stade est nouveau, l’équipe à domicile a son home advantage qui diminue. » Aux athlètes français donc de vite prendre leurs marques dans les nouvelles infrastructures des Jeux.
(*) Jean Galfione, Igor Trandenkov (Russie) et Andrei Tivontschik (Allemagne) ont tous les trois franchi 5,92 mètres, mais le Français a été sacré au nombre d’essais.
(**) Sciences et techniques des activités physiques et sportives.
Jean-Adrien Truchassou Données : Nicolas Certes