Agressée verbalement, une maire corrézienne dit stop aux menaces et porte plainte
Une maire de Corrèze revient sur l’agression verbale violente qui l’a conduite à porter plainte la semaine dernière. Pour autant, pas question pour elle de baisser les bras.
« C’était le troisième pétage de câble donc là, j’ai décidé de porter plainte ». Estelle Bouchot est maire de Rilhac-Treignac en Corrèze. D’un franc-parler, l’élue, ancienne directrice de maison de retraite, en a vu d’autres. Elle n’a pas froid aux yeux et, en général, elle n’a pas peur. Mais jeudi dernier, lorsqu’un homme est venu la menacer de mort, en début de soirée, à son domicile, après avoir interpellé son mari, elle s’est dit qu’il fallait que ça s’arrête.
« Gérer les conflits fait partie de ma vie, j’ai la technique mais là, je me suis retrouvée face à une agressivité, une violence extrême devant des témoins qui ont eu peur. » Un homme cherchait ce soir-là « le maire » au sujet d’un problème administratif qui, certes, traîne en longueur « mais qui n’est pas de mon fait », précise l'élue.
Jugement le 8 octobreLa maire a appelé les gendarmes devant la violence de l’individu qui vociférait et proférait des menaces. « C’était la troisième fois en quelques mois, j’ai dit stop. Des lois existent. On ne peut pas faire n’importe quoi à l’égard d’un élu quel qu’il soit ». Estelle Bouchot a porté plainte dès le lendemain et l’homme a été placé en garde à vue dans la foulée. Placé sous contrôle judiciaire, il sera jugé le 8 octobre prochain à Tulle.
Des conflits peuvent survenir dans le quotidien d’un maire. « On fait parfois une réunion à trois avec la gendarmerie. Un recadrage peut aider, mais on n’en était plus là », note-t-elle. « Il en voulait à la fonction de maire et, quand on est maire et femme, on cumule », poursuit-elle.Estelle Bouchot avoue que lorsqu’elle a pris ses fonctions en 2020 dans ce village de 117 âmes, elle ne s’attendait pas à ça : "Au début, il faut faire ses preuves".
« On ne vous loupe pas. Pour certains, tout est dû et certains ont du mal à comprendre que le maire a une vie privée. Chez moi, ce n’est pas l’annexe de la mairie ! »
Heureusement, la grande majorité des administrés est charmante et l’élue est à la tâche. Elle prévient : « Je ne tolérerai aucune reprise politique de cet incident. Je suis apolitique. Dans une petite commune comme la mienne, c’est du cousu main. On n’a pas de cantonnier, je suis à la fois maire, assistante sociale… »Pour Estelle Bouchot, hors de question d’avoir peur. « J’ai été élue pour six ans et j’irai jusqu’au bout mais je peux comprendre l’attitude de certains maires qui jettent l’éponge. On est là pour travailler mais pas pour s’en prendre plein la tête », conclut-elle en gardant malgré tout une bonne dose d’humour.
Laetitia Soulier