Nicolas Peyrac de retour avec le disque de toutes ses envies : "C'est peut-être mon dernier album !"
Sa voix transpire toujours ce léger parfum de nostalgie aux accents des années 70 où il fut l'un des rois des hits parades. Mais le nouveau Nicolas Peyrac se veut délibérément ancré dans l'air de notre temps, à l'écoute de ce qui se passe ici et ailleurs...
D'ici et d'ailleurs, titre générique de son nouvel album, résume la personnalité et l'ambition d'un artiste qui, hier comme aujourd'hui, a poursuivi son chemin à mille lieues des standards et des figures imposées. De sa voix à la fois délicate, tendre et parfois enfiévrée, l'auteur-interprète nous emmène en balade dans un voyage reflétant ses humeurs, son regard sur les beautés et les tumultes d'un monde qu'il regarde avec la bienveillance et le recul d'un sage. On embarque !
La voix, l'inspiration est toujours là. Mais pourquoi ce si long silence ? Mon précédent album, datant de 2018, n'est pas vraiment sorti, car j'ai été victime d'une leucémie, ne pouvant faire de promotion. Il y a eu avant l'album de duos, avec Sofia Essaïdi, en 2013. Il y a quasiment 10 ans de silence médiatique. On ne se rend pas toujours compte que cela peut être compliqué de réaliser que l'on peut être important pour les gens.
Même lorsqu'on a connu le succès ?Je pense qu'il vaut mieux faire que paraître. Ce qui m'intéresse, c'est d'écrire et de prendre ma guitare. Je le fais tous les jours. J'ai quasiment un millier de bouts de chansons qui sont prêts. Je suis d'abord attaché aux concerts, éprouvant une vraie boulimie d'être au contact avec les gens. Il y a des retrouvailles géniales !
" Ce qui m'intéresse, c'est d'écrire et de prendre ma guitare. Je le fais tous les jours. " Photo Franck Houdus.
"Je regroupe tout, j'ai été jusqu'au bout de mon rêve"Quel est a été le déclencheur D'Ici et d'ailleurs, une envie de se raconter, de raconter votre monde ?C'est ma rencontre avec le compositeur-bassiste Philippe Lefèvre qui réside à 50 km de chez moi, en Bretagne. C'est un amoureux de la musique du monde, très new age. Je suis entré dans son univers qui m'a fait repenser à cet album des Moody Blues, The Days of Future Passed, où les chansons s'enchaînaient aux autres, sans le moindre arrêt, avec des instrumentaux, des textes parlés. Je me suis embarqué avec Philippe Lefèvre dans un projet dément !
Avec cet album, vous avez déclaré "être allé au bout de mon rêve". C'est-à-dire ?Être capable de tout concentré dans un album, comme si j'avais bouclé la boucle. Mon concept porte sur l'humain, le partage, l'envie des autres, etc. Je regroupe tout, j'ai été jusqu'au bout de mon rêve. Je suis bien entouré, avec des artistes comme Bénabar, François Morel ou François Berléand, mes musiciens et ma famille. Comme si c'était mon dernier disque. Si je n'en faisais pas d'autres, je serais ravi de finir avec ça.
L'un des marqueurs de l'album est d'être animé par un esprit de collégialité.Je voulais notamment que les invités disent des extraits de quelques-uns de mes textes sur les Droits de l'Homme. Chacun l'a fait chez lui. Et c'est magique que tous les artistes m'aient répondu sans hésiter ! Mon album n'a aucun budget, il y a juste l'envie de le faire. Personne n'a demandé un centime.
La Terre va mal, dites-vous. Êtes-vous un éco anxieux ?Je suis comme mon père qui se définissait comme un optimiste qui voit la vie en gris ou un pessimiste qui voit la vie en rose. Je suis surtout choqué par le fait que les hommes ne se parlent pas, il suffirait de s'écouter, ne pas juger les autres avec des a priori. Juger les autres par rapport à une couleur, une religion ou une façon d'aimer, c'est totalement délirant.
Le nouvel album de Jean-Jacques Debout
"À la base, je pense que les gens sont tous bons"Dieu est même au rendez-vous (*). Vous êtes croyant ? Je crois en l'Homme, je crois en nous. Je ne pense pas que l'Homme soit foncièrement mauvais au départ. Les abominations dans le monde sont le fruit d'un manque de tolérance des uns et des autres. À la base, je pense que les gens sont tous bons, comme un jeune chien. Si l'animal devient méchant, c'est qu'il a été élevé méchamment. Dans la chanson S'aimer encore un quart d'heure, François Berléand dit : "Quand ils jouent, nos enfants avalent la même poussière et se foutent pas mal de tout ce qui nous fait faire la guerre."
Il est où votre ailleurs ?Il a été un peu partout. J'ai longtemps pensé que mon ailleurs devaient être loin ; j'ai notamment vécu à New York puis à Montréal. Je me sens désormais bien chez moi, en Bretagne, par rapport à des endroits qui me stressent comme Paris où je me rends pour travailler. Quand je rentre en Bretagne, je suis ailleurs en me sentant loin de tout ce qui nous pourrit la vie.
Son premier plaisir est de retrouver la scène. Archives Le Berry RépublicainVous tenez à votre liberté.Je n'ai pas de pression. J'ai atteint une certaine liberté avec le sentiment d'avoir bouclé la boucle. Je suis vraiment capable de gérer tout un environnement artistique avec des gens que j'aime. J'ai ressenti cette liberté lorsque j'ai entamé mes concerts acoustiques avec deux guitares. Je voulais montrer aux gens que Nicolas Peyrac ne se résumait pas à Je pars, Mon père ou So far away. La liberté, c'est de n'avoir personne derrière mon dos à me dire ce que je dois faire.
(*) Les mots des autres.
D'ici et d'ailleurs. 14 titres de Nicolas Peyrac avec Philippe Levèvre. Prix (indicatif) : 13,99 €.
Propos recueillis par Olivier Bohin
Nicolas Peyrac de retour sur scène...Nicolas Peyrac confie : " Je suis ravi de voir l'enthousiasme autour de mon nouvel album. Textes, musiques, graphisme : je suis fier de ce disque. Alors, je ne me préoccupe pas à savoir si des chansons passeront à la radio. Cet album se prolongera donc sur scène. Je serai prochainement en concert pour les chanter, aux Francofolies, à La Rochelle le 14 juillet, l'Européen à Paris, le 17 novembre, etc."