Clermont-Ferrand : la valse à trois temps du jeune dealer dans le quartier Saint-Jacques
Contrôlé à trois reprises, en l’espace d’une semaine, en mars, sur le même point de deal du quartier Saint-Jacques, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), un jeune homme de 18 ans a été condamné à neuf mois de prison ferme et maintenu en détention, ce lundi 13 mai.
C’est peut-être ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées… Le 11 mars, vers 19 heures, un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) contrôle un jeune homme, tout juste majeur et originaire des Yvelines, sur le point de deal de la rue Sévigné, dans le quartier Saint-Jacques, à Clermont-Ferrand.
Déjà repéré à plusieurs reprises sur ce secteur, il est en possession d’une petite quantité de résine de cannabis, mais, surtout, de 655 euros en petites coupures.
Cette somme assez conséquente proviendrait, selon lui, de paris sportifs gagnants sur des combats de MMA. Mais sans aucun ticket permettant de le prouver.
Laissé libre, le lendemain, à l’issue de sa garde à vue, avec une convocation, pour avril 2025, devant le tribunal correctionnel, le jeune majeur reprend aussitôt… le chemin de la rue Sévigné, où la BAC le repère à nouveau, vers 17 h 40 !
Il est vu cette fois en train de dealer et prend la fuite à la vue des policiers, avant de se poser sur un banc, dans un parc voisin, comme si de rien n’était. Il est à nouveau interpellé et cache sur lui 290 euros en liquide. Qui proviennent toujours, selon l’intéressé, décidément très chanceux, de paris sportifs judicieux autour des fameux arts martiaux mixtes… Sans doute tête en l’air, il a encore oublié de conserver les reçus.
Des stups dans la poubelleLa surveillance discrète effectuée un peu plus tôt par les forces de l’ordre ayant permis de constater qu’il cachait son stock de produits stupéfiants dans une poubelle de la rue Alexandre-Ribot, ils y découvrent un sac de congélation contenant 45 g de résine de cannabis, 50 g d’herbe et 2 g de coke.
Pour le coup, le "charbonneur" est placé sous contrôle judiciaire avec, notamment, obligation de résider chez sa grand-mère, à Evreux, dans l'Eure, et interdiction de paraître dans le Puy-de-Dôme.
Interdiction qu’il va s’empresser d’ignorer, puisque les policiers le localisent pour la troisième fois devant le point de deal de la rue Sévigné, le 21 mars. Il serait revenu d’Évreux en coup de vent pour y récupérer des affaires chez sa copine.
Le juge des libertés et de la détention révoque son contrôle judiciaire et l’envoie en détention provisoire jusqu’à son jugement en comparution immédiate, ce lundi après-midi, devant le tribunal correctionnel clermontois.
"Avec ses activités illicites, le prévenu participe au climat d'insécurité, d'incivilités et de violence que subissent les habitants du quartier Saint-Jacques"
Le prévenu, qui a toujours nié être le propriétaire des stups exhumés de la poubelle et avoir participé à des transactions, le 12 mars, a maintenu sans vaciller que les policiers "ont menti" dans leur procès-verbal…
"Ce jeune homme n'est pas non plus responsable de tout ce qui se passe à Saint-Jacques. Ramenons le dossier à ce qu'il est..."
Face à cette interprétation plutôt osée des faits, la procureure de la République, Amélie Louis, a requis un an de prison, avec maintien en détention. Une peine que Me Anne Lambert, en défense, a demandé au tribunal de revoir à la baisse, plaidant pour un sursis probatoire.
Condamné à neuf mois ferme, son client est aussitôt reparti en prison. Quant à "l’argent miraculeux" des paris sportifs, il n’en reverra pas la couleur, puisque le tribunal a ordonné sa confiscation.
Christian Lefèvre