La maison Chanel va investir plusieurs millions d'euros pour sauver cette abbaye de Corrèze

Le budget de ce chantier à mécénat exclusif, que la maison Chanel n'a pas souhaité communiquer, se chiffre en millions d'euros. Les travaux se feront sous l'égide de la Fondation du patrimoine.

Dans la toiture, les infiltrations d'eau sont légion, la charpente s'affaisse au centre, l'humidité a attaqué les murs et déjà provoqué l'effondrement de gros morceaux de plafond... 

C'est un grand pas vers la conservation, la remise en état et la transmission aux générations futures d'un des joyaux du patrimoine cistercien du XII ème siècle de la Corrèze. Propriété du Patriarcat melchite catholique d'Antioche, l'Abbaye d'Aubazine, classée au titre des monuments historiques, sera rénovée grâce à une opération de mécénat exclusif de la maison Chanel, l'un des fleurons du luxe français qui emploie plus de 32.000 personnes dans le monde.

Sous l'égide de la Fondation du patrimoineL'abbaye d'Aubazine est un joyau de l'architecture cistercienne. Photo : Stéphanie Para.

Cette mission importante a été confiée à Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques. Le chantier est placé sous l'égide de la Fondation du patrimoine, délégation Limousin.  "Nous sommes en contact avec Chanel sur ce dossier depuis quatre ans, explique Alain Soularue, délégué régional honoraire de la Fondation.  Dans ce dossier, on déborde de nos missions habituelles. Notre présence se justifie aussi pour des histoires de défiscalisation (dans cette opération, la maison Chanel pourra défiscaliser 66 % du montant de son don, NDLR).  C'est nous qui récolterons les fonds et qui les distribuerons. Nous sommes un peu la caution financière de Chanel. Ils n'ont pas le temps de s'occuper du chantier. Ils pourront, bien-sûr, y exercer un droit de regard, mais, ils se reposent sur nous pour l'aspect pratique des choses."

Un chantier de plusieurs millions d'euros

Les travaux de rénovation porteront sur toute la structure, la charpente et la toiture, comme les façades, les murs d'enceinte ou sur le cloître... "Ils prendront, à mon sens, au moins trois ans", explique Alain Soularue. 

Les études du chantier sont bien avancées, les appels d'offres sont en cours d'élaboration. "C'est tout un travail souterrain et silencieux, qu'on ne voit pas, avant de mettre des échafaudages", résume le délégué honoraire. Le début de ce chantier important est prévue pour fin 2024 - début 2025. 

Quant au montant des travaux, motus et bouche cousue ! La maison Chanel n'a pas souhaité le communiquer pour l'instant, mais, il se chiffre en millions d'euros. "Nous ne faisons qu'appliquer leurs recommandations. Mais, c'est évident qu'il s'agit d'un gros budget," insiste Alain Soularue. 

Chanel a déjà donné 25 millions pour la rénovation du Grand Palais à Paris

Chanel intervient généralement sur les bâtiments plus connus : l’entreprise a notamment apporté 25 millions d’euros (sur un budget de 450 millions) à la rénovation du Grand Palais, à Paris. En échange, l’entrée principale de ce bâtiment aux célèbres verrières, qui accueillait les défilés de mode de la marque depuis 2005, sera baptisée « Gabrielle Chanel ».  

La maison Chanel sera-t-elle le mécène qui sauvera l'abbaye d'Aubazine (Corrèze) ?

On pourrait imaginer que l'abbaye d'Aubazine deviendra, elle aussi, "un terrain de jeu" pour les manifestations de la célèbre entreprise. "Et ça ne pose de problème à personne", conclut Alain Soularue.

Depuis sa création, il y a plus de 25 ans, la Fondation du patrimoine a soutenu financièrement la restauration de 39.000 sites patrimoniaux, publics et privés. Actuellement, elle porte près de 2.500 projets ouverts aux dons sur son site internet. 

Coco Chanel et Aubazine. La légende veut que, recueillie à l’orphelinat de l’abbaye d’Aubazine, Coco Chanel y aurait passé six années, jusqu'à ses 18 ans. C'est là que la future créatrice de génie, aurait appris à manier l’aiguille, auprès des religieuses. Le logo de sa marque aurait également été inspiré par les vitraux de l’abbatiale. Plus encore, l'escalier monumental qui descend directement de l’ancien orphelinat jusqu’au chœur de l’église, ressemblerait aussi étrangement à celui de la maison que la créatrice possédait à Roquebrune. 

Dragan Perovic