"J’aurais préféré mourir avant lui pour ne pas voir ça" : la vie de Joseph, 70 ans, façonnée par Johnny Hallyday
En créant à Maringues (puy-de-Dôme) l’association Johnny, ça ne finira jamais, une poignée de fans du chanteur veut continuer à faire vivre sa mémoire et son œuvre. Sept ans après la mort du taulier, et parce qu’il est une partie d’eux-mêmes, ils continuent de vivre avec lui.
Pour le commun des mortels, c’est presque au-delà de l’entendement. Ils le savent bien, mais c’est plus fort qu’eux. Ils l’ont dans le sang, pour la vie. En franchissant la porte de Joseph Fayet, Johnny Hallyday est déjà partout. Sur tous les murs de la cuisine et du salon. "Et encore, là, ce n’est rien. Vous verrez en haut."
Alexandre Chazeau
Collection, anecdotes...
Révélation. "J’avais 15 ans. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je jouais au rugby à Saint-Bonnet-près-Riom. Un jour, les terrains étaient gelés, et on n’a pas pu jouer. Un copain m’a dit : “Viens chez moi je vais te faire écouter un truc”. Et ça m’a fait quelque chose d’énorme." C’est le début de l’adoration pour Johnny, de la part de Joseph, qui malgré lui, s’identifie. "Vous savez, lui comme moi, nous sommes des enfants “oubliés” par leurs parents, recueillis et placés. On a deux vies similaires."
Objets. "Vous voyez cette médaille, elle est rare, tirée à quelques exemplaires. Après un concert à l’Olympia, un mec me saute dessus et veut me l’acheter 5.000 €. Même pour des millions je l’aurais gardée." Des centaines de livres, vinyles et CD, posters, objets dérivés, affiches ou chaussettes jamais portées, composent la collection de Joseph. Jusqu’à une petite bougie électrique, qu’il allume chaque 15 juin, toute la journée pour l’anniversaire du taulier.
Époque. "Intemporel", "marqueur de son époque", tels sont les mots de Joseph pour qualifier son idole. Il se souvient des débuts. "Quand il a commencé, j’étais adolescent. À cette époque-là en France, nous n’avions pas grand-chose, et lui a importé de l’Amérique, le rock et le blues. Il a retranscrit ces styles-là. C’était aussi le symbole d’une nouvelle jeunesse qui s’émancipait dans le pays. La culture du blues arrivait", distille-t-il, les yeux encore pétillants en souvenir d’une tranche de vie. Depuis, Joseph aura vu la star au Stade de France, au Parc des Princes, au Palais des sports à Paris, dans les années 70. "Cette époque-là, c’était magnifique."
Addiction. "Au fil des concerts, et je ne compte plus tous ceux que j’ai vus, j’en achetais toujours un peu plus. Et je me suis dit qu’il fallait bien que je fasse quelque chose de tout ça, que ça ne servait à rien d’y stocker dans un endroit, si on ne peut pas y voir tous les soirs, et y regarder tous les jours. Tout ce qui fait partie de Johnny, ça doit être mis en valeur ici. Ceux à qui je fais visiter disent que je suis fou. Et encore, à l’époque, je n’aurais pas eu mes enfants, j’aurais pu tout passer dans Johnny. Je m’en foutais."
Concert. L’association Johnny, ça ne finira jamais, organise un concert, samedi 27 avril à 21 heures, salle Jupiter à Maringues, avec Pierre Benvenuti (qui était la voix de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris entre 2001 et 2003), qui interprétera les chansons de Johnny Hallyday. Entrée : 15 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Animations. Samedi 15 juin (jour de l’anniversaire de Johnny), l’association organise une brocante et une messe en son honneur à Maringues. Un marché de l’artisanat est prévu en septembre. Pour 2025, un festival gratuit est en cours d’élaboration, regroupant douze concerts de rock, blues, rockabilly, mais aussi voitures, motos ou tatoueurs.