Un hommage de taille au pompier cantalien Jean-François Malzac
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Quarante et un ans à la caserne d’Aurillac, plus de trente ans à la tête des plongeurs cantaliens : si le CV de l’adjudant-chef Jean-François Malzac n’affiche qu’un seul centre de secours, il est rendu épais par sa technicité et ses spécialités. À 58 ans, il vit ses dernières gardes.
L’hommage est à la taille du pompier. Lundi 25 mars, en soirée, toute la garde s’était rassemblée devant le centre de secours d’Aurillac pour faire une haie d’honneur à l’adjudant-chef Jean-François Malzac. Le symbole est beau pour le patron des plongeurs dans le Cantal : c’est en inventant une fausse intervention à Enchanet que ses collègues sont parvenus à l’éloigner le temps de préparer une cérémonie émouvante.
La cérémonie des vœux du Service d'incendie et de secours du Cantal en chiffres
Jean-François Malzac a ainsi été applaudi par plusieurs générations. Il y avait là les anciens, comme Michel Douillard, et des jeunes pros, tout juste sortis de formation. Entré en 1983, à 17 ans, il est encore l’un des derniers actifs d’une génération arrivée au tout début des années 80, alors « que le centre recrutait des volontaires », se souvient-il. Cette génération de volontaires est devenue professionnelle, alors que la caserne se remplissait à vue d’œil : « On faisait 1.100 sorties, on en fait 4.000 aujourd’hui… » Méallet-de-Cours avait onze ans et ses trois remises devinrent vite trop petites, forçant les soldats du feu à s’arranger avec le manque de place jusqu’en 2016…Tout ça, il l’a connu. En 1990, il devient pompier professionnel, mais il n’a pas traîné pour valider deux spécialités : le secours en milieu périlleux et la plongée. « J’ai mis pas mal de choses dans ma musette, pour pouvoir prétendre à être pro… » Vite, il part à Marseille pour approfondir : major de son stage, à peine caporal, le voilà conseiller technique départemental pour la plongée, en 1992.Trente-deux ans après, il l’est toujours. Après 2.173 plongées, il monte encore au front pour défendre cette technicité : « On a 230 kilomètres carrés de plan d’eau avec les barrages, jusqu’à 120 mètres de profondeur à Bort, une eau froide l’hiver, des arbres immergés… C’est une vraie spécialité ! » Il s’est battu pour équiper trois centres de bateaux, afin de pouvoir intervenir vite sur les lacs. Chef d’équipe au Grimp, traileur puis cycliste, il est resté solide physiquement, engagé.
Jamais officierPassé adjudant-chef en 2007, il n’a jamais passé le concours pour devenir lieutenant et poursuivre sa carrière comme officier, de peur de se retrouver éloigné du terrain. Au bout de 41 ans de carrière, il peine à faire ressortir une intervention, tellement elles furent nombreuses. Puis, il se souvient d’un camion couché sur la départementale, aux Quatre-Routes de Salers.Pas un énorme incendie, pas un carton impliquant plusieurs voitures, pas une histoire triste. Mais une intervention technique avec un chauffeur incarcéré dans une cabine positionnée de manière baroque, dans un talus, entre un arbre et une grue fixée à l’arrière de la remorque. « Le conducteur s’est vu mourir pendant cinq heures, là, on s’est gratté la tête. Il a fallu utiliser des techniques de corde, de sauvetage en milieu périlleux, de déblaiement. » Il rit : « Dans ces cas-là, le vieux, on l’écoute ! L’expérience est importante… »Et de donner sa définition du pompier, « champion du monde de rien, mais qui touche à tout. Il faut être pragmatique, penser à la sécurité du personnel avant tout et être capable de justifier tout ce que l’on a fait. » Cela donne de belles interventions. Le conducteur du camion est reparti avec une blessure légère à la jambe. Reconnaissant.
Pierre Chambaud