La chronique du temps présent de François Morel : "Un peu d’amour dans ce monde de brutes, merci Michel, merci Sandrine"
Depuis près de quinze ans, les auditeurs de France Inter l’entendent chaque vendredi dans la matinale pour son billet. Mais François Morel est aussi un artiste touche-à-tout. Acteur au cinéma et à la télévision – il a tourné dans la série Baron Noir sur Canal + –, il est aussi très présent au théâtre où il a notamment reçu en 2019 le Molière du Meilleur comédien pour son spectacle J’ai des Doutes. Auteur, il a écrit avec son fils Valentin Le Dictionnaire amoureux de l’inutile, paru en 2020 chez Plon.
Chère Sandrine, cher Michel,J’ai appris que vous veniez de vous déclarer votre amour et je voulais sincèrement vous présenter tous mes vœux pour ce nouveau chapitre de votre vie que vous ouvrez dans la confiance et le désir, dans l’ardeur et la sincérité.
Une dédicace à Sandrine (Rousseau)C’est d’abord vous Michel (Sardou, de votre nom de famille) qui le week-end dernier avez déclaré votre flamme à Sandrine (Rousseau, de votre matronyme).C’était pendant votre concert à Paris-La-Défense-Arena.Vous avez Michel dédié votre chanson "Je vais t’aimer" à Sandrine. "Je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimé Je vais t’aimer plus loin que tes rêves ont imaginé." (Je vais t’aimer, je ne te dis que ça, je vais t’aimer, tu vas m’en dire des nouvelles…)Sandrine, le lendemain, sur votre compte X, vous avez répondu, de manière plus sobre : "Moi aussi Michel je t’aime".
Un peu d’amour dans ce monde de brutes, merci Michel, merci Sandrine.
Avant de chanter "Je vais t’aimer", Michel, vous avez quand même précisé "c’est une chanson qu’on ne pourrait plus écrire aujourd’hui…"Bah, c’est pas si grave Michel puisqu’on peut toujours la chanter. "À faire pâlir tous les marquis de Sade, à faire rougir les putains de la rade, je vais t’aimer." (Autant dire, je vais t’aimer en large et en travers. Je vais t’aimer, tu ne vas même pas comprendre ce qui t’arrive. Je vais t’aimer, ça va te faire chaud aux oreilles.)
Même les putains ont le droit de dire nonJe pense, Michel, qu’en réalité rien ne s’oppose à ce que les marquis de Sade et les putains de la rade s’envoient en l’air. À condition naturellement que ce soit le choix des uns et des autres, tous majeurs consentants.J’ai l’impression que c’est ça Michel qui vous chiffonne. Le truc extrêmement handicapant et qui complique tout, c’est le consentement. Vous vous rendez compte : même les putains de la rade, de nos jours, ont le droit de dire non !
Je vous vois venir Michel : Société liberticide, on n’a plus le droit de rien faire… Déjà qu’à 77 ans, vous serez bientôt interdit de Crabe aux Pinces d’Or et d’Affaire Tournesol, en plus, vous n’aurez plus le droit de violer. Époque de merde.
Le wokisme avance...Ce qui est inquiétant, c’est qu’une partie de votre public féminin a décidé de quitter la salle à ce moment-là. Une spectatrice est partie en disant "c’est peut-être pas mal, finalement, qu’il prenne sa retraite." Si même dans votre public, Michel, le wokisme avance, c’est à désespérer.L’essentiel après tout, Sandrine, Michel, c’est que vous vous aimiez.
Pas une si mauvaise idéeMichel, vous regrettez votre jeunesse, ça se comprend. Quand vous serez reposé vous vous apercevrez peut-être que tout n’est pas à jeter dans la société moderne. Par exemple, l’égalité des femmes et des hommes, j’ai l’impression que ce n’est pas une si mauvaise idée.Michel, il est comme il est. Pensée approximative mais à ma connaissance jamais de gestes déplacés.Gérard Miller, c’est sûr, a toujours eu un discours impeccable.
François Morel