Après avoir cru entendre une insulte, un père et son fils passent à tabac leur voisin à Cublac
La genèse de cette rixe reste encore assez floue. Il est 20 heures, ce vendredi 8 mars à Cublac, en Corrèze, quand une famille, tranquillement à table, reçoit un coup de fil du voisin et ex-collègue, vivant à quelques centaines de mètres de leur domicile. Au bout du fil, les propos de ce dernier sont incompréhensibles. « Pose ton verre », finit par lui dire la mère de famille ayant décroché. De l’autre côté du combiné, le voisin, alcoolisé avec son père et son frère, comprend « n**** ta mère ». Il voit rouge.
"Je me suis fait lyncher devant mes enfants"L’homme de 26 ans, descend alors en bas de la rue. Son frère de 17 ans, et son père, Jean-Philippe Gargaud, 53 ans, lui emboîtent le pas. L’auteur du coup de fil veut s’expliquer. Il force le portail et tombe sur le père de famille qui sort. « Notre voisin s’est avancé vers moi. J’ai posé les mains sur son torse pour qu’il se calme. J’ai pris un coup de poing par son père. Cela m’a sonné et je me suis retrouvé au sol. Tout est allé très vite. Par terre, j’ai pris deux coups de boule par son père et des coups de genou. J’étais en position fœtale, je ne pensais qu’à une chose : rester en vie. Je me suis fait lyncher devant mes enfants », explique l’homme victime, larmes aux yeux, hématome autour de l’œil gauche, plaies sur le nez et sur le front.
Son fils, qui a tenté d’intervenir, a vu bien plus que son passage à tabac. Dans la continuité de l’échauffourée, il s’est retrouvé seul avec Jean-Philippe Gargaud, l’agresseur de son père. « Il n’arrêtait pas de me dire de ne pas porter plainte. Il m’a mis son couteau sous la gorge, sans me toucher. Il disait qu’il allait faire venir sa famille, qu’il cramerait la maison si l’on portait plainte », ajoute l’adolescent victime.
Une reconnaissance a minimaÀ la barre, le père et le fils mis en cause (le frère mineur a été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente de son passage devant le juge des enfants) ont reconnu en partie les violences. Mais ils ont aussi cherché à minimiser leur participation. « J’ai donné un ou deux coups de poing. C’est tout », a déclaré celui qui était à l’origine de la rixe. « En arrivant, j’ai cru que l’on faisait du mal à mon fils, j’ai donné un coup de poing. Je n’ai pas donné de coup de boule, et je n’ai pas voulu menacer avec le couteau », s’est défendu Jean-Philippe Gargaud, maçon, qui a tout de même reconnu avoir tenu le couteau entre les mains.
"On se croirait au Far West..."« Une bonne dose de whisky, des muscles, de la violence, on se croirait au siècle dernier au Far West. Et bien sûr, on réfléchit après. On est passé à deux doigts du drame », a rappelé le représentant du parquet, qui a requis huit mois dont six ferme contre le fils fautif, et de dix-huit mois dont douze ferme contre le père, « hors de contrôle » durant cette rixe.
Le tribunal est logiquement entré en voie de condamnation et a suivi les réquisitions du parquet.
Pierre Vignaud