"C'est un réflexe d'amitié extrême" : ivre, il avait arraché les plaques d'immatriculation après l'accident à Aurillac avant de s'enfuir

L’Audi avait été détruite à quelques centaines de mètres à peine du centre-ville d’Aurillac. Il est 20 h 30, vendredi 1er mars, quand la voiture défonce la véranda du bar-tabac Le Marigny, percute un véhicule en stationnement et la devanture d’un salon de coiffure. Deux hommes s’en extraient et prennent la fuite. Le passager prend le temps d’arracher les plaques d’immatriculation.

Mardi 5 mars, ils étaient devant le tribunal correctionnel d’Aurillac, penauds, tête basse. Ils ne se souviennent de rien, sinon qu’ils étaient allés boire un coup en ville avant les faits. Ils ne se souviennent pas s’être rendus aux policiers, une heure après l’accident.

Deux amis, le patron et son salarié

Le conducteur, casier chargé de mentions relatives à ses addictions aux stupéfiants et à l’alcool, a oublié le coup de tête qu’il avait mis à un gardien de la paix, le faisant tomber. L’amnésie peut s’expliquer : positif à la cocaïne, au cannabis, il était également ivre (1,68 gramme d’alcool par litre de sang) au moment de son interpellation.

Son passager n’était pas plus clair. Lui est inconnu de la justice. Il a néanmoins pensé à fuir avec les plaques minéralogiques : « J’ai paniqué… », regrette-t-il. Maçon, il est à la fois l’ami et… le patron du conducteur.

Travailleur, cet homme de 28 ans est chef d’entreprise, parfaitement inséré. Il connaît le passé de son salarié, mais lui fait confiance et ne constate aucun retard sur les chantiers : « Je voulais lui donner une chance ».

Amnésie totale

Pour Me Jean-François Canis, défendant les deux prévenus, « c’est la force de l’amitié, un réflexe d’amitié extrême ».

Il y a peu à dire sur le passager, finalement condamné à quatre mois de prison avec sursis, mais s’attarde sur le conducteur, qui joue gros avec un casier épais. L’avocat note qu’il est poursuivi pour avoir volontairement dégradé la voiture, le bar-tabac, le salon de coiffure et les panneaux de circulation. Il s’étonne : « Ce n’est pas volontaire. Vous ne pourrez que le relaxer. C’est l’application simple du Code pénal qui nous lie… »

S’il a été relaxé pour les dégâts, son client a été condamné, pour tout le reste, à vingt-quatre mois de prison dont dix-huit avec sursis probatoire, obligation de soins, de travail, de faire un stage de sécurité routière. Son permis a été annulé et il a interdiction de le repasser avant un an. Il devra ensuite conduire des véhicules munis d’un dispositif empêchant le moteur de démarrer si le conducteur a bu. Il écope également de 300 € d’amende.

Pierre Chambaud