Quels sont les vins préférés des journalistes de la rédaction et pourquoi ?

Crémant de Bourgogne, vin d'Auvergne, beaumes-de-venise, bergerac : voici les derniers vins que nos journalistes ont testés et approuvés. Ceux-ci vous recommandent chaudement de tester à votre tour ces nectars.

Retrouvez les vins qu'ont le plus appréciés les journalistes de la rédaction, dénichés soit chez les producteurs, soit chez les cavistes :

Vive-la-Joie et les bulles ! 

Les trois vies des galeries. À 15 minutes au sud d’Auxerre, des voitures s’engouffrent sous la roche. En contrebas, l’Yonne coule à flots. Mais l’ancienne carrière, à Saint-Bris-le-Vineux, renferme elle aussi un liquide précieux. Là, cinquante mètres sous terre, se visitent les caves Bailly-Lapierre. Des pierres donc, au Moyen-Âge, des champignons de Paris en 1927, puis du vin dans les années 1970, lorsqu’un coup bas des voisins germains met à mal le vignoble local. Grâce au cépage sacy, on produit dans le coin du vin de base, destiné à l’élaboration du mousseux allemand, le sekt. Mais les lois changent outre-Rhin et le marché s’effondre.Le berceau du crémant. Il en faudra plus pour décourager nos valeureux vignerons, qui s’unissent et rachètent la champignonnière. Ils sont 42 à y stocker leur marchandise invendable. La coopérative est née. Ça s’arrose ! Mais avec quoi ? Hasard du calendrier, l’INAO se lasse des chablis et pommard mousseux et veut de la bulle de qualité. Une nouvelle appellation fait son apparition. Les vignerons de Saint-Bris-le-Vineux retroussent les manches. Les dix premières années, les caves Bailly-Lapierre produiront 90 % des crémants de Bourgogne.Du noir, du blanc, de l’âge. Parmi les mille et une bulles à la vente, on ne saurait trop vous conseiller le Vive-la-Joie. L’élixir bicolore, pinot et chardonnay, accompagnera vos plats les plus raffinés. Sa botte secrète ? Son grand âge, lui qui a été oublié cinq ans à la cave. Existe aussi en rosé, pour une version plus aérienne et un je-ne-sais-quoi de fruits rouges en bouche (14 à 22 €).Lucile Preux

Clos Luern, l’art de la nuance

La moustache qui rigole. Le vin, souvent, prend par surprise. Est-ce l’instant, la lumière voilée du début de soirée, le vinyle qui craque bien et juste, le bouchon qui claque comme un début de fête ? Toujours est-il qu’en promenant le nez au-dessus du verre, on a la moustache qui rigole. Décidément, il se passe quelque chose au pied des volcans, qui ressemble à une revanche. Plus personne ne persifle quand on pose un vin du coin sur la table. Et surtout pas la cuvée Tigerno (2021) du Clos Luern, domaine de poche qui, en quelques millésimes, atteint un niveau de qualité remarquable.Élégance discrète. Ce vin de classe est une claque et un exemple de précision. On n’aime pas les bouteilles à froufrous, les flacons fiers à bras et forts en gueule. Le Clos Luern joue la sobriété et déploie une élégance nuancée dans laquelle on devine une exigence folle à la vigne et en cave. Ce micro-domaine, tenu par Arnaud Dupouy et à Dallet, dans le Puy-de-Dôme, travaille ici une parcelle centenaire. Le passage en amphores donne un vin éclatant et tout en retenue, sur le fruit noir avec une pointe d’acidité qui encanaille le palais pour de longues années.De la terre au verre. On ouvrira Tigerno (entre 20 et 25 €) accompagné d’un pavé de salers et d’une purée maison. Mais ce vin sait aussi sortir seul. Comme un grand alors qu’il est né dans une mini-maison aux productions rikiki. Chaque bouteille a donc droit à un soin considérable. La sensibilité s’exerce ici de la terre au verre, voulu plus léger pour moins peser sur l’environnement. Du coup, on se sent tout à fait libre de remplir la cave.Stéphane Vergeade

Un beaumes coup de cœur

Des rencontres fugitives. On ne saurait trop vous conseiller de traîner vos palais dans les salons des vins près de chez vous. On y fait toujours des voyages gustatifs étourdissants et, parfois, cela débouche sur de belles rencontres fugitives. De Stéphane Meissonnier, on ne connaît guère que la volubilité des paroles, un crâne presque aussi lisse qu’un galet roulé dans une rivière du Vaucluse et une passion pour les vins. Pour les bouteilles des autres (le chablis, ses collègues du Rhône septentrional) ; et pour les siennes, évidemment, qu’il bichonne au domaine Saint-Roch, à Beaumes-de-Venise.Du fruit charnu. C’est le sud, ici on ne vient pas forcément chercher de la fraîcheur. Mais plutôt de la force, que l’on reconnaît aux vignobles du Rhône méridional, à commencer par le châteauneuf-du-pape tout proche, gigondas ou vacqueyras. La cuvée des Taus, en AOC beaumes-de-venise (14 euros), est une bonne entrée en matière si le teneur en alcool (15° tout de même) et les épices effraient un peu. Ici, c’est d’abord la puissance des fruits noirs qui vous colonise la bouche, c’est charnu, tout en gardant assez de fraîcheur pour ne rien brusquer ; une certaine idée de l’harmonie sur une viande rouge.Si proches, si différents. Stéphanie et Stéphane Meissonnier, dont la famille est attachée au territoire depuis 1430 et dans le vin depuis 1956, quand le gel a détruit les oliviers, ont quitté le système coopératif en 2012 pour créer leur propre cave. Ils proposent d’autres vins, dont une autre cuvée en beaumes-de-venise, plus complexe, et deux cuvées de vacqueyras, un terroir si proche et si différent, plus épices que fruits.Philippe Cros

Au bon souvenir d’Albert

Une dose de franchise. Le vin, c’est un peu comme les coins à champignons. On garde les meilleurs plans pour soi, de peur que le voisin prenne la place et qu’il n’y ait plus un cèpe à mettre dans le panier. Donc, ne le répétez pas trop fort mais les flacons du bergerac figurent parmi les meilleurs rapports qualité-prix ces temps-ci. Les buveurs d’étiquettes passeront leur chemin : le vin est ici tout en spontanéité et ressemble à un jour de fête où l’on oublie de penser et ce n’est pas si mal. Exemple avec La Vigne d’Albert (12 euros), signée De Conti, taillée dans un bloc de pureté et de franchise."Vin de l’année". La famille a quitté l’Italie en 1925 pour s’installer dans le coin avec cinq enfants. Albert est le cadet. Au début des années 60, il s’installe à Saint-Julien d’Eymet, où il plante quelques hectares de vigne entre trois vaches et des champs de céréales. Les générations ont filé, La vigne d’Albert est restée. C’était son "vin de l’année", disait-il. Celui qu’il était inutile de laisser traîner en cave et qui pouvait être débouché sans cérémonie sur un coin de table avec les potes. La recette fonctionne toujours.Bergerac addict. Une particularité : ce vin qui ne vieillira jamais marie des cépages (presque) oubliés, dont le périgord et le fer. La robe d’un violet sans fioritures tapisse le verre et grave le sourire avec une pointe d’acidité méchamment addictive. En guise d’accompagnement, une planche de charcuterie fera l’affaire. Albert est d’humeur joviale et c’est très communicatif. Stéphane Vergeade