A Bourganeuf (Creuse), la nouvelle génération de cuisiniers et serveurs prend le tablier
La crise du Covid a si fortement affecté le secteur de l’hôtellerie-restauration qu’elle a provoqué des crises de vocation. Mais le phénomène ne semble pas avoir atteint les plus jeunes. La preuve au lycée professionnel Delphine-Gay de Bourganeuf, où les formations en CAP cuisine et service ont fait le plein.
L’information est aussi paradoxale que réjouissante pour le secteur de l’hôtellerie-restauration en Creuse.
Alors que les mesures sanitaires rendues nécessaires en raison de la crise du Covid-19 ont mis à mal la filière, provoquant même une vague de départs chez les professionnels, les certificats d’aptitude professionnelle (CAP) cuisine et service proposés au lycée professionnel Delphine-Gay de Bourganeuf affichent quasi complets.
Formations quasi complètesJulien Barrière, le professeur de cuisine, trouve ses élèves très motivés.« C’est la première fois que j’ai autant de monde en service, se réjouit la professeure Céline Richard. Pourvu que ça dure ! » Ce n’était pas forcément gagné d’avance. Pour la proviseure du lycée, Laurence Chronopoulos, cela résulte d’un « travail d’arrache-pied avec tous les organismes creusois, de la Mission locale à la DETCSPP (*), en passant par les services d’apprentissage de la Creuse et les représentants de l’Umih, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie.
Il faut un travail combiné de tout le monde pour convaincre les jeunes qu’on peut faire un métier, une carrière dans l’hôtellerie-restauration
Et en interrogeant les jeunes élèves âgés de 14 à 17 ans, les premiers retours sur l’apprentissage sont très positifs. Même pour celles et ceux qui n’avaient pas visé ces métiers en premier choix, à l’image de Léa, 15 ans, appliquée à découper des pommes sur une planche à découper. « Mon premier choix, c’était la coiffure, mais je n’ai pas été prise, révèle-t-elle. Mon deuxième vœu, c’était ici et ça me plaît. » Chems-Dïn, 15 ans, avait pour sa part initialement visé la restauration. « De base, je voulais aller en cuisine, mais il n’y avait pas de place », raconte le garçon occupé avec des grenades. L’adaptation en cuisine s’est toutefois faite rapidement, grâce à des qualités de savoir être. « Je suis à l’aise avec le client, juge-t-il, donc je savais que ça allait passer. »
Cette année, la professeure de service Céline Richard trouve ses élèves « très intéressés et motivés ». « Pour une fois, ils ne sont pas trop là par défaut, estime-t-elle. Mais ils sont à un âge où il faut les motiver, les booster en permanence. » À terme, les élèves ne devraient pas regretter leur choix. « Il y a tellement d’entreprises qui cherchent que, forcément, ils trouveront. »
Optimisme chez les élèvesL’optimisme est effectivement de mise chez les élèves en cuisine, encadrés par le professeur Julien Barrière, qui vient d’arriver cette année en provenance de Toulouse. C’est le cas pour Cassandra, 16 ans, qui, face à la fermeture des restaurants au plus fort de la crise du Covid se disait : « il y a bien un moment où ça va rouvrir ». Depuis elle s’est lancée. « J’avais envie de le faire », assure celle qui a connu le milieu de la restauration quand sa mère y travaillait, quand elle était toute petite. Mais même quand on ne connaît pas forcément le milieu, à l’image de Gianni, 15 ans, on peut trouver son compte. « J’aime l’ambiance d’équipe, faire des plats ensemble », reconnaît l’adolescent. Son père l’avait toutefois averti « que c’est un métier difficile ». Pas de problème pour Gianni :
« J’aime bien l’adrénaline, quand ça bouge tout le temps. »
(*) Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations.
Daniel Lauret