Naufragée du rail avec le Clermont-Paris au départ de Vichy (Allier), elle raconte sa nuit de galère
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Le voyage Vichy-Paris, qui aurait dû durer trois heures, s'est éternisé... Partie de Vichy ce lundi 1er novembre à 18 heures, Victoria est finalement arrivée chez elle à 5 heures du mat'. Nuit de galère ! Une de plus sur cette ligne maudite. Elle raconte.
Vichy. Victoria, s’installe à bord de l’Intercité 5982, dans la voiture 4 ce lundi 1er novembre à 18 heures. Arrivée prévue à Paris, à 21 heures.
Mais vers 20 heures, elle entend une série de chocs et sent le train freiner fortement. « Je suis dans la voiture 4. Je ne m’inquiète pas trop. On nous informe que le train a percuté des sangliers vers Gien. Je suis contrariée par le retard annoncé de 2 heures et je continue à visionner un film. Plus tard, avant l’aube des voyageurs des 3 premières voitures , dans le RER, me feront part de leur appréhension lorsqu’ils ont ressenti les chocs. Ils pensaient à un déraillement.
Finalement le train repart à vitesse très réduite vers 21 heures. Je suis rassurée, je n’arriverai pas trop tardivement.
Vers 22 heures, nouvel arrêt du train, le caténaire s’est détaché… on observe, halluciné, une pluie d’étincelles, comme un feu qui court le long des fenêtres. J’envoie un SMS à ma famille à Vichy. « Bon …. je suis poursuivie par une malédiction ! » Car, j’ai connu d’autres galères de voyages en train sur d’autres lignes . J’avoue, je craque seule dans mon coin. Puis je décide d’écouter de la musique relaxante, avec mon casque, pour me détendre.
Un contrôleur lance un appel à des agents SNCF en repos, mais qui seraient à bord pour venir renforcer la petite équipe de 5 personnes qui doit veiller sur 850 passagers. Ils nous informent de ne surtout pas descendre sur la voie, car il y a des risques d’électrocution.
Pas de panique dans la voiture 4. Des voyageurs discutent avec les agents SNCF de leur métier. J’apprends plein de choses. Cela permet de patienter. D’autres prennent des photos.
Arrêt en pleine pampa. Pas de chauffage et bientôt plus d'électricitéPrès de 2 heures du mat, on est donc arrêté en pleine pampa. Plus de chauffage. Et l’électricité ne devrait pas durer, nous prévient-on. Bien sûr, au fur et à mesure les portables se déchargent… Il faut pourtant que j’envoie un mail à mon maître de stage… car je ne sais même pas si mardi matin je serais à Paris.
Pas de wagon-bar ouvert. Donc, rien à manger ou boire. Seul un barista dont le chariot est rapidement dévalisé vu le nombre de personnes. Les voitures de tête restent sur leur faim. Les toilettes saturent, car plus d’évacuation. Mais des odeurs.
Des solutions sont envisagées. Dont celle de mener les voyageurs à pied, jusqu’à la gare la plus proche, celle de Fontainebleau située à environ à 500 m… je ne sais plus. Une solution finalement pas retenue pour des raisons de sécurité. En plus d’une organisation titanesque à envisager pour faire déambuler dans le noir, 850 voyageurs dont des femmes enceintes, des familles avec des enfants, des personnes âgées. Tout le monde est chargé de bagages.
Le personnel SNCF nous rassure, nous informe de décisions prises par je ne sais qui , dès qu’il peut. Mais, parfois on reste plus d’une heure sans rien savoir.
Transbordement des passagers et retour en arrière« Finalement un RER arrivant de Melun est aligné en face du Clermont-Paris et chaque wagon est évacué au fur et à mesure. Le transfert des 850 passagers dure longtemps. Les wagons de tête sont les derniers. Plus d’électricité. On attend dans le noir au moins durant une heure…
Départ pour Paris. Je commence à respirer. Je suis à bord d’un train qui bouge enfin ! Mais, il roule à l’opposé pour récupérer les 300 autres voyageurs du second train Clermont-Paris bloqués derrière nous. Je ne pense plus… j’écoute les conversations des autres passagers. On est entassé avec nos bagages.
L'attente d'un taxi gare de Lyon... des files de 1.200 personnesLa SNCF annonce que des taxis seront mis à disposition à l’arrivée. Gare de Lyon, je suis impressionnée par la présence importante des forces de l’ordre. Un parcours balisé a été tracé pour mener plus de 1.200 personnes vers la sortie.
Les files d’attente s’étirent pour accéder à un taxi. La SNCF a distribué des paniers repas et un ticket d’une valeur de 20 euros pour les taxis "réquisitionnés". Des agents SNCF tentent de répartir les voyageurs par arrondissement. Las de ne pas entendre celui du 11e, après 10 heures de voyage, éreintée, je finis par faire appel, comme d’autres voyageurs, à un taxi Uber. Il a bien sûr surévalué le coût de la course. Vu les nombreuses demandes. Tant pis pour mon ticket de 20 euros. Je n’en peux plus.
Partie lundi 1er novembre de Vichy à 18 heures j’arrive chez moi à 4 h 45 mardi 2 novembre à Paris. Malgré cette longue nuit sur les rails, je retiens la gentillesse du personnel à bord de ce train et le soutien entre voyageurs notamment durant l’évacuation d’un train à un autre. »
Humour noir ou consignes à un voyageur : Pour bien voyager en train, pense à emporter à manger, à boire, de bien charger ton portable et une couverture de survie pour te protéger du froid et une batterie de secours.
Propos recueillis par Fabienne Faurie