Les clés pour comprendre : les tests anti-Covid payants, un risque calculé et assumé
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La fin, depuis le 15 octobre, de la gratuité des tests est un outil de moins pour le suivi de l'évolution de l'épidémie de Covid-19. Mais c'est là un risque calculé, ce remboursement ne visant que les personnes majeures non vaccinées ou ne bénéficiant pas d'une prescription médicale.
Depuis la mi-octobre, c’en est fini de la gratuité des tests anti-Covid-19. Si ceux-ci ont fait la preuve de leur efficacité, leur utilité est devenue plus marginale au regard du succès de la campagne de vaccination. D’ailleurs, ce déremboursement vise notamment à convaincre les derniers réfractaires à la vaccination...
1. Un indicateur de moinsLe conseil scientifique, dans un avis du 6 octobre, s’est montré relativement dubitatif quant à l’opportunité de dérembourser les tests anti-Covid. « Les données épidémiologiques seront plus difficiles à interpréter », a-t-il plaidé.
Si, a ajouté le conseil, le contexte est « apaisé », il est aussi « instable » et ce, d’autant plus qu’« on peut s’attendre à une reprise de la circulation virale avec la baisse des températures, le regroupement des personnes en milieu clos qui l’accompagne et la baisse progressive de l’efficacité vaccinale contre l’infection ».
2. Une moindre utilitéL’intérêt de suivre le nombre de cas positifs paraît moins évident aujourd’hui parce que, d’une part, une grande partie de la population est vaccinée et que, d’autre part et corollairement, le nombre de cas a baissé depuis l’été. Finalement, seuls les derniers réfractaires à la vaccination, mais aussi, hélas, les personnes qui n’ont pas les moyens de se faire tester vont passer sous les radars.
L’impact du déremboursement devrait cependant rester limité, du moins dans les premières semaines. Par la suite, les personnes positives non dépistées seront autant de points de départ potentiels de chaînes de contaminations. Mais, au vu de la phase descendante dans laquelle se trouve l’épidémie, c’est un risque calculé et pleinement assumé par les pouvoirs publics.
3. D’autres signauxD’autres indicateurs ont fait leur preuve. Le nombre d’admissions à l’hôpital et, en particulier, en service de soins critiques donne une mesure fiable et régulière de l’évolution de l’épidémie.
Par ailleurs, Santé publique France suggère de surveiller le taux d’incidence des symptomatiques uniquement. Et la mise en place, avec un peu de retard, de Sum’ Eau, un système national de détection du virus dans les eaux usées promet un très bon indicateur du risque de résurgence localisée de l’épidémie. Car le virus du Covid-19 peut aussi être présent dans le système digestif des malades et donc se retrouver dans les eaux usées. Or, il y a plus de 20.000 stations d’eaux usées sur le territoire national.
4. Un public réduitCe déremboursement ne concerne qu’un public restreint : les réfractaires à la vaccination. Or, près de 50 millions de Français sont complètement vaccinés contre 7 millions de personnes éligibles non vaccinées. Bref, pour les tests réalisés dans un but de dépistage, sont pris en charge les personnes ayant un schéma vaccinal complet (ou une contre-indication à la vaccination), les mineurs, les personnes identifiées par le « contact tracing » fait par l’Assurance maladie, les personnes concernées par des campagnes de dépistage collectif (ARS, établissements scolaires…), les symptomatiques sur prescription médicale et, enfin, les personnes ayant un certificat de rétablissement de moins de six mois.
5. Une économie certaineLa gratuité avait un coût, de l’ordre de 6,2 milliards d’euros en 2021. Depuis la mi-octobre, les personnes majeures non vaccinées et sans ordonnance devront débourser la somme minimale de 44 € pour un test PCR et de 22 € pour un test antigénique. Les tests réalisés pour obtenir un pass sanitaire sont donc devenus payants.
Selon les données de Santé publique France, deux fois moins de dépistages ont été réalisés le fameux vendredi 15 par rapport au vendredi précédent (371.174 tests contre 675.075). En revanche, jeudi 14, à la veille de la fin de la gratuité des tests, le nombre de dépistages a explosé avec 806.782 testsréalisés contre 472.026 le jeudi précédent, soit 70 % de plus. Ce bond spectaculaire donne à penser que nombre de Français ont voulu réaliser un ultime test avant qu’il devienne payant.