Il lance un paquet dans la maison d'arrêt d'Aurillac (Cantal) : trois mois ferme
![Il lance un paquet dans la maison d'arrêt d'Aurillac (Cantal) : trois mois ferme](https://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/maison-d-arret-prison_5736428.jpeg)
Les images des caméras sont sans équivoque : le prévenu, 21 ans, lance dans l'enceinte de la maison d'arrêt un paquet depuis une rue située à l'arrière du bâtiment, puis crie quelque chose aux détenus. Ce jour-là, il entamait une période de semi-liberté.
Face au tribunal, il chuchote presque, et l'audience peine à croire que c'est cet homme-là qui, depuis la rue située à l'arrière du tribunal, a réussi à communiquer avec les détenus après leur avoir lancé un colis.
C'est pourtant lui, il le reconnaît. Le 21 octobre, le jeune homme entame sa première journée en semi-liberté : dehors le jour, incarcéré la nuit, idéal pour chercher et trouver un emploi, et un logement, avant sa sortie en novembre. Lui, il utilise cette main-tendue pour lancer un colis à ses codétenus. Un briquet, jure-t-il, un Clipper à deux euros.
Le procureur se permet d'en douter, mais passe outre : un briquet ou autre chose, cela permet de toute façon de caractériser l'infraction. Paolo Giambiasi rappelle sa politique pénale : si un objet est trouvé en prison alors qu'il n'a rien à y faire, le détenu passe par la case garde à vue, comparution immédiate et « c'est devenu une jurisprudence pour votre tribunal qui condamne les auteurs à des peines allant généralement de 5 à 7 mois de prison ferme. »
Pour le détenu de 21 ans, jeune papa, transféré à Aurillac depuis Lyon-Corbas après une tentative de suicide suite au départ de sa compagne avec un de ses amis, il considère que c'est plus grave encore. Les places en semi-liberté, dans la cellule du rez-de-chaussée de la maison d'arrêt, sont chères, il y en « deux, voire trois », pour 60 détenus.
On lui avait donné sa chance, fait confiance. On voulait construire avec lui, et dès le premier jour, il s'est assis sur cet aménagement de peine.
Il requiert un an de prison ferme, avec mandat de dépôt. Le prévenu se prend la tête dans les mains : il a été incarcéré pour la première fois en avril, il pensait voir le bout du tunnel, et celui-ci s'échappe.
Il sortira finalement au début de l'année 2022 : le tribunal n'a pas eu la même lecture que le ministère public, et l'a condamné à trois mois de prison ferme. « Nous avons pris en compte votre immaturité, a expliqué la présidente Quitterie Lasserre, à celui qui se voit bien construire une vie à Aurillac, loin des mauvaises fréquentations qu'il traîne à Vénissieux. Mais le tribunal ne veux pas vous revoir, et j'ai une excellente mémoire des visages... »
Pierre Chambaud