Pourquoi les AESH de la Corrèze ont manifesté à Tulle ce mardi ?
Des AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) ont manifesté ce mardi 19 octobre à Tulle. Deux d'entre elles nous racontent leur emploi, précaire, pour lequel elles souhaitent une vraie reconnaissance et un statut.
Une vingtaine de personnes se sont mobilisées, ce mardi matin, à Tulle, à la suite de l’appel national à la grève lancé par l’intersyndicale FSU-FO. En cause, la grande précarité des AESH, accompagnants des élèves en situation de handicap, dans les établissements scolaires.
Demande d'un vrai statut
Florence et Cécile ont manifesté et raconté leurs difficultés.Parmi elles, deux AESH, Florence et Cécile, toutes deux âgées de 47 ans.Cécile Arnault est AESH depuis deux ans. Avant, elle était AVS (assistante de vie scolaire). Elle est à mi-temps et gagne 712 euros par mois. « Je suis toujours en CDD, explique-t-elle. Pour être en CDI, il faut 6 ans d’AESH, les années d’AVS ne sont pas prises en compte. »
Actuellement, elle travaille sur les écoles de Chameyrat et de Laguenne. À la rentrée, peut-être celle de Saint-Mexant, mais sans certitude encore. « Parfois, on peut m’appeler deux jours avant ». Ses horaires sont minutés : 9 h 57 - 11 h 45. Elle a bien essayé de trouver un autre emploi mais « ce n’est pas facile. Il ne me reste plus que le mercredi après-midi et les week-ends ». Cécile est parfois « parachutée » au dernier moment pour intervenir dans une classe afin de « canaliser un élève provocateur, qui met le bazar. Parfois, on fait de l’exclusion, alors que l’on est là pour de l’inclusion, c’est aberrant, on ne comprend pas toujours ce qu’il se passe et on ne travaille pas vraiment en partenariat ».
Un manque de considérationComme sa collègue, Florence Faure demande une reconnaissance et une revalorisation des salaires. « Avec un mi-temps même avec un trois-quart-temps comme moi, à 900 euros, on ne vit pas. Pas une banque ne vous suit ». Florence est rattachée au collège d’Objat et est chargée avec ses collègues AESH de 11 enfants de la 6e à la 3e avec des handicaps divers, du handicap moteur aux troubles du comportement. « Cela fait 12 ans que je suis à l’Éducation nationale et je ne suis toujours pas titulaire, déplore-t-elle. Les noms du contrat changent et ils ne veulent pas racheter les années !"
On est là pour aider les élèves et on ne nous respecte pas
"Il n’y a aucune considération. Les enfants ont des plaies béantes énormes et nous ne sommes que de tout petits pansements », ajoute-t-elle.La Corrèze compte entre 340 et 350 AESH qui dépendent de PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) mis en place depuis 3 ans. « Nous avons demandé au Dasen une évaluation de ces PIAL, générateurs de mal-être chez les AESH, sans retour », regrette Nathalie Ribière, secrétaire départementale de la FSU.
Laetitia Soulier