L'ex-petit ami violent condamné à dix mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand
Condamné, ce mercredi, par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, à dix mois de prison ferme (1) pour des violences commises sur une ex-petite amie et une intrusion nocturne dans son domicile, en mars dernier, à Arconsat (Puy-de-Dôme), ce jeune prévenu présente un profil pour le moins étrange.
Face au tribunal correctionnel clermontois, mercredi, ce jeune homme de 31 ans – qui avait jusqu’alors fait valoir son droit au silence – a choisi de s’exprimer sur les faits qui lui valaient d’être jugé, dans le cadre d’un renvoi de comparution immédiate. En l’occurrence des violences commises sur une ex-petite amie, le 1er mars dernier, à Arconsat, alors qu’il s’était introduit chez elle, en pleine nuit, après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres en voiture depuis son domicile du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Malgré l’interdiction judiciaire de la rencontrer dont il faisait l’objet, depuis une première condamnation, en décembre 2020…
Le prévenu, très sûr de lui, semble avoir réponse à tout...Depuis le box (il a été placé sous mandat de dépôt le 11 septembre dernier), cet étudiant en informatique reprend la présidente sur de nombreux points, nie ou minimise la plupart des délits qui lui sont reprochés (2), les conteste d’un ton très posé, les requalifie avec des formules et des mots soigneusement choisis, semble avoir réponse à tout… « Au départ, je voulais juste qu'on discute, qu'on se réconcilie, qu'on arrange les choses. Et puis elle s'est énervée, ma insulté. J'ai eu peur qu'elle prévienne la police. Je lui ai mis un coup malgré moi », affirme-t-il. Même s’il reconnaît, finalement, « être en tort » et « mesurer la gravité des faits ».
Le témoignage de la victime, présente dans la salle et défendue par Me Maud Vian, tranche radicalement avec l’attitude parfois agaçante d’un prévenu très sûr de lui. La jeune femme, la voix tremblante et les larmes aux yeux, évoque « l’angoisse permanente » dans laquelle elle vit depuis plusieurs mois, « la sensation de douleur et d’étouffement » (il a notamment tenté de l’étrangler, le 1er mars, cette agression, qui avait également donné lieu à des coups de poing dans le ventre et au visage, lui ayant valu 2 jours d'ITT, NDLR) qui revient, comme un interminable cauchemar quotidien. « J’ai beaucoup de mal à avancer, je le revois qui me frappe, serre ses mains autour de mon cou, me frappe. Ça revient en boucle… ».
« J'aimerais qu'il (le prévenu) subisse ce que je subis, pour qu'il comprenne ce que c'est que d'avoir peur de mourir, de se sentir partir... »
la victime
« Il faut que cette jeune femme, dont l'existence semble s'être arrêtée suite à ces violences, puisse enfin revivre, qu’elle soit reconnue comme une victime qui dit la vérité, qu’elle se retrouve un avenir. Elle ne doit plus avoir peur ! », a martelé Me Vian.
Le procureur de la République, Thibault Fouris, a ensuite alerté sur « des indicateurs de danger, bel en bien présents chez le prévenu, dont la personnalité pose problème » et requis deux ans de prison, dont dix mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, ainsi que la révocation d’une peine de trois mois de sursis probatoire prononcée l’an passé.
En défense, Me Jean-François Canis, avant de plaider la relaxe sur la plupart des faits reprochés à son client (hormis les violences), a notamment exhorté le tribunal « à ne pas être dans l’empathie automatique avec la victime, mais simplement à se concentrer sur la recherche rigoureuse de la preuve, ce qui n'a pas été fait jusque-là ». « Il est difficile d'intervenir dans ce type de dossier, a-t-il estimé. Car tout le monde a envie de croire la victime et pas la défense du prévenu, que l'on ne veut pas écouter, ni entendre, sinon pour mieux le critiquer ».
Comme une « plaidoirie bis »de la défense assurée par le prévenu lui-même...En écho à l'attitude qui fut la sienne tout au long du procès, le prévenu, avant que le tribunal ne se retire pour délibérer, a repris la parole une dernière fois... pour se lancer dans une forme de « plaidoirie bis » de la défense. S'appuyant sur des notes rédigées au fil de l'audience, depuis son box, il a commencé à reprendre, point par point, tous les éléments le mettant en cause. Jusqu'à ce que la présidente, Christine Loriot-Lhotellerie, ne l'invite avec diplomatie à abréger son exposé...
Christian Lefèvre
(1) Douze mois, dont cinq assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de soins. Auxquels s’ajoute la révocation d’une peine de trois mois de sursis probatoire prononcée en décembre dernier. Il a été maintenu en détention. Il lui est également interdit d'entrer en contact avec la victime et de se rendre à son domicile. Enfin, il est interdit de séjour dans le Puy-de-Dôme pendant cinq ans.
(2) Il était aussi poursuivi pour une autre intrusion, qu’il aurait commise en juillet 2020, ainsi que pour des actes d’intimidation, dont il était soupçonné d’être l’auteur, destinés à convaincre la victime de ne pas porter plainte (il était accusé d'avoir menacé la victime, via une adresse mail qui n'a cependant pas permis de remonter jusqu'à lui, de diffuser très largement sur Internet une vidéo d'elle à caractère sexuel si elle ne se soumettait pas à ses exigences). Le tribunal l’a relaxé sur ces deux points.
Elle a actionné trois fois le « téléphone grave danger ». La violente et très inquiétante agression subie par la jeune femme en mars dernier avait amené la justice à lui attribuer un « téléphone grave danger » (TGD). Son agresseur ayant tenté d'entrer en contact avec elle après les faits, elle l'avait actionné à trois reprises, en avril et juin.Le TGD est un téléphone portable disposant d’une touche dédiée, permettant à la victime de joindre, en cas de grave danger, le service de téléassistance accessible sept jours sur sept et 24h/24. Cette plate-forme téléphonique reçoit les appels et évalue la situation. Après analyse, le téléassisteur, relié par un canal dédié aux services de la police et aux unités de la gendarmerie, demande immédiatement l’intervention des forces de l’ordre. Ce dispositif permet également la géolocalisation du bénéficiaire.
La ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences, le 3919, est désormais joignable 24 heures sur 24, du lundi au vendredi ; une extension horaire qui concernera aussi les week-ends à la fin de l’été, a annoncé, au mois de juin, la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes.