Robert Piedpremier, cinquième génération de viticulteurs amateurs à Malauzat (Puy-de-Dôme)
![Robert Piedpremier, cinquième génération de viticulteurs amateurs à Malauzat (Puy-de-Dôme)](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/robert-piedpremier-viticulteur-amateur-a-malauzat_5697560.jpeg)
À 73 ans, Robert Piedpremier est l’un des derniers viticulteurs amateurs du puy Marcoin à Malauzat (Puy-de-Dôme). Il représente la cinquième génération familiale a exploité cette vigne. Et peut-être bien la dernière.
Chez les Piedpremier, la vigne est une histoire de famille. Depuis 20 ans, c’est Robert Piedpremier, 73 ans au compteur, qui a repris le flambeau.
"Je suis la cinquième génération de viticulteurs amateurs de la famille, se réjouit le retraité. J’ai repris l’activité quand mon père est tombé malade. Lui avait plus d’un hectare, mais moi je n’ai conservé que la moitié. Je n’avais pas besoin de plus parce que je n’ai jamais voulu faire le commerce de mon vin."
Coteaux du puy Marcoin, AOP Côtes d'AuvergneÀ Malauzat, les coteaux du puy Marcoin ont toujours été peuplés de petites parcelles de vignes exploitées par les locaux. "Les anciens avaient édifié des murets afin de limiter l’érosion et de faciliter la culture, explique celui qui est retraité de l’industrie. Et vu qu’il n’y a jamais eu de remembrement, les petites parcelles sont restées comme ça et c’est pour cela qu’aucun professionnel n’est venu s’installer ici étant donné que c’est difficilement mécanisable."
Samedi 9 octobre au matin, Robert Piedpremier, avec quelques membres de sa famille et amis, a lancé les vendanges 2021. Pour son plus grand plaisir. "Ces coteaux ont été classés AOP Côtes d’Auvergne, car le gamay d’Auvergne est le principal cépage, souligne-t-il. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que six viticulteurs amateurs à cultiver ces terres. Et pour ma part, j’ai fait le choix de conserver les traditions donc je n’utilise pas de désherbant. La seule différence, c’est que le motoculteur a remplacé le cheval. Par contre, je pioche encore les pieds des ceps à la main."
Traditions et modernitéS’il continue de faire vivre cet héritage familial, Robert Piedpremier a aussi intégré une touche de modernité dans son activité. "J’ai fait le choix d’opter pour des techniques de vinification et de conservation modernes, confesse-t-il. Les cuves et fûts en bois des ancêtres étaient tous pourris. J’ai donc investi dans des cuves en inox. C’est fini le goût de moisi que les vieux contenants donnés au vin."
Pour autant, celui qui a remporté un deuxième prix avec son vin lors du concours annuel organisé à Saint-Bonnet-près-Riom a choisi du matériel adapté à sa vision des choses. "Une année normale, je fais à peu près 300 litres, explique-t-il. Cette année, ce sera différent. C’est la plus mauvaise récolte que je fais depuis 20 ans. Le raisin a été touché par le gel, la grêle, mais aussi le mildiou. Au final, on ne va récolter que 40 % de ce qu’on fait d’habitude et surtout la qualité ne sera pas au rendez-vous. Je pense ne pouvoir faire qu’une centaine de litres pour la famille et les amis."
Une évolution du paysage qui inquièteMalgré tout, encore un cru chez les Piedpremier Issu d’une famille de vignerons comme la plupart des rares viticulteurs amateurs qui continuent de faire vivre les coteaux du puy Marcoin, Robert Piedpremier s’inquiète de l’évolution du paysage. "Le Puy-de-Dôme est le seul département de France à avoir conservé cette population, insiste-t-il. Nous sommes des personnes issues de la terre et nous continuons pour perpétuer ce qu’ont fait nos ancêtres. Mais aujourd’hui la forêt de chênes et d’acacias envahit les vignes petit à petit. J’ai bien peur que pour les générations futures la vigne ne soit qu’un vague souvenir."
Samedi matin, trois générations étaient pourtant encore mobilisées autour de Robert Piedpremier. Et comme chaque année, membres de la famille et amis sont venus apporter leur pierre à l’édifice. En 2021 encore, les Piedpremier produiront leur propre vin.
Des vendanges avec la famille et les amis, une relève incertaine
Robert Piedpremier continue d’exploiter la vigne familiale comme ses ancêtres. Les vendanges se passent en famille et avec quelques amis. Mais la relève ne se bouscule pas au portillon.
"Le moment des vendanges, c’est juste l’occasion de partager avec la famille et les amis, sourit le viticulteur amateur. On essaye de conserver le plus possible les traditions dont on a hérité des générations précédentes avec avant tout le côté convivial."
Si une année normale ce sont une vingtaine de personnes qui viennent aider Robert Piedpremier a récolté son raisin, ils étaient un peu moins le week-end dernier en raison du fait que le cru 2021 a souffert des intempéries et du mildiou. "C’est une petite vigne et il ne faut que quelques heures pour ramasser le raisin, poursuit-il. Surtout cette année. Mais l’important pour tout le monde ici, c’est le casse-croûte que l’on partage tous ensemble. C’est comme ça depuis toujours et ce n’est pas près de changer."
Une passion qui tend à se perdre ?Du haut de ses 73 printemps, Robert Piedpremier commence tout de même à réfléchir à l’avenir. Et à son grand désarroi, la relève ne semble pas pointer le bout de son nez.
"J’ai deux fils, mais ils ont leur travail et cela me paraît compliqué pour eux de prendre la suite, regrette-t-il. Parce que la vigne, il faut la suivre toute l’année. Il y a tout le travail de préparation qui débute aux alentours du mois de décembre avec la taille jusqu’au moment de labourer en mars. Puis à partir du mois de mai jusqu’à la récolte, il faut être présent chaque semaine pour voir comment les choses évoluent. Le métier de viticulteur, c’est une passion pour moi, mais la question de la succession se pose effectivement de plus en plus. Même si j’ai encore de belles années devant moi."
Nourredine Regaieg