Trafic d'animaux et maltraitance au zoo du Bouy (Puy-de-Dôme) ?
C’était au début du mois d’avril 2015. Une escouade de bénévoles coordonnés par la Fondation 30 Millions d’amis sont missionnés pour récupérer les animaux du zoo du Bouy près d’Ambert. Plus de cent cinquante bêtes (tigres, jaguars, lion, zèbres, bisons, wallabies...) sont transférées vers des lieux d’accueil adaptés. L’opération est menée en quelques jours.
Cette évacuation d’urgence est la conséquence des déboires du propriétaire du parc. Le 27 mars, Alain Albrecht était en effet mis en examen pour quatorze chefs de poursuite dont deux, les plus graves, de trafic d’animaux sauvages et de maltraitance.
" C’est un fantasme total de soutenir que le zoo était un lieu de transit d’un trafic international d’animaux "
Des accusations que réfute depuis le début l’ancien gérant qui sera jugé mercredi 15 septembre devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand : « Alain Albrecht conteste toujours la moindre infraction », indiquent Jean-Hubert et Renaud Portejoie, ses avocats. « Il estime qu’il avait parfaitement le droit d’acheter des animaux, d’en vendre. C’est un fantasme total de soutenir que le zoo était un lieu de transit d’un trafic international d’animaux. Il conteste aussi la maltraitance qui lui est reprochée. Il n’était pas seul à les soigner. Il travaillait avec un vétérinaire qui était là, qui était au courant de tout. Il n'a jamais refusé de travailler pour le zoo. Pourquoi est-il seul à être renvoyé au tribunal correctionnel ? ».
L’enquête partie de dénonciations d’anciens salariés du parc animalier relève une mortalité élevée (près de 200 décès entre 2011 et 2014). Des animaux auraient été laissés sans soin ou sans nourriture voire auraient été achevés au fusil, des ouistitis seraient morts de froid, des conditions de détention auraient été inadaptées pour certaines espèces...
" Il vend des peaux, il tue, il laisse mourir. On est dans une situation incroyable ! "
Il aurait également tiré sur des mouflons devenus trop nombreux dans leur enclos... « Le gérant a traité le vivant comme étant de la matière première », s’indigne Me Kelidjan, avocat de la Fondation Brigitte Bardot(*). « Donc il vend des peaux, il tue, il laisse mourir. On est dans une situation incroyable ! »
Alain Albrecht, 53 ans, avait racheté le zoo du Bouy en septembre 2011. Le parc n’existe plus aujourd’hui. Balayé par l’affaire et par sa mise en liquidation judiciaire prononcée le 3 avril 2015 par le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand. Le parc accusait un passif de 200.000 euros.
(*) Elle est partie civile dans cette affaire aux côtés de trois autres associations de protection animale.
Leïla Aberkane