A Aigueperse (Puy-de-Dôme), des fouilles archéologiques mettent au jour une intéressante fonderie médiévale
Les archéologues de l’Inrap fouillent une parcelle de 2.700 mètres carrés à Aigueperse, sur le site d’une ancienne école maternelle. Les premiers résultats sont très prometteurs.
Il reste encore beaucoup de choses à fouiller. Mais d’ores et déjà, les vestiges archéologiques qui ont été mis au jour à Aigueperse apportent leur lot de promesses.
Sur ce terrain qui était, il y a peu encore, celui d’une école maternelle et où sortira de terre le futur espace jeunesse de la communauté de communes Plaine Limagne, une fouille préventive avait déjà permis d’identifier des éléments potentiellement intéressants. Fort de ce constat, l’État a donc prescrit la réalisation d’une fouille complète du site. A l’ordre du jour, donc, un décapage complet de tout le périmètre.
L’intérieur de la ville, des fortifications, un faubourgCe sont ainsi plus de 2.700 m2 qui ont été livrés aux archéologues de l’Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives). Et cette fenêtre est idéalement située puisqu’elle leur permet de dégager une vue sur trois ensembles différents : des vestiges d’habitations intra-muros de la ville (sans doute de la fin du Moyen-Age), des éléments de fortifications qui servaient à la protection de la ville et enfin les traces bien conservées d’un faubourg artisanal.
Les fouilles se poursuivent jusqu'à la fin du mois de septembre.
Et c’est dans cette dernière partie, précisément, que les archéologues ont découvert des éléments les plus intéressants. L’étape du diagnostic a permis de mettre au jour à cet endroit une fosse remplie de scories métallurgiques : il y en a presque une tonne. « Ce sont les vestiges d’une métallurgie très particulière à laquelle on a affaire », explique Patrick Clerc, paléométallurgiste.
Le procédé de "liquation"Sans en avoir encore de certitude, le scientifique pense que cette activité visait à récupérer de l’argent dans des minerais riches en cuivre. Si c’est bien de « liquation » (le nom de ce procédé de production d’argent) dont il s’agit ici, et si cela date bien du XIVe siècle comme il est possible de le croire, cette découverte pourrait modifier sensiblement les connaissances historiques sur cette technique. Reste que pour accréditer cette hypothèse, il faudrait encore idéalement découvrir les trois fours bien particuliers qui étaient indispensables pour ce travail.
Plusieurs questions sont ouvertes par ailleurs. D’où venaient les matières premières ? Arrivaient-elles à Aigueperse sous forme de minerais ? « C’était sans doute une usine - je pèse mes mots - qui était installée là et qui travaillait le cuivre avec le plomb pour récupérer de l’argent », continue Patrick Clerc.
Près d'une tonne de scories ont été mises au jour dans une fosse, témoignant de l'activité métallurgique qui se tenait dans ce faubourg de la ville d'Aigueperse au Moyen Age.
De nombreuses analyses après le temps du terrainL’important fossé qui a été découvert mais non encore fouillé est également prometteur. « Il est potentiellement très riche, très intéressant », confirme Fabrice Gauthier, le responsable scientifique du chantier. Les archéologues espèrent y découvrir du mobilier bien conservé sous l’épaisse couche d’argile dont il a été comblé.
Tout ce travail de terrain, qui se poursuit jusqu’à la fin du mois, sera suivi de plusieurs mois d’études. Au cours de cette longue période, tous les objets et toutes les traces de constructions qui auront été découvertes pendant la fouille seront analysés et expertisés. La chronologie devra être affinée pour contextualiser le tout et pour permettre une exploration plus précise des archives. Le rendu final est attendu dans deux ans.
Visites. L’Inrap propose plusieurs visites de ce chantier de fouille place Saint-Exupéry, à Aigueperse, tout au long de la journée du samedi 18 septembre, à l’occasion des Journées du patrimoine. Réservations par mail à auvergne-rhone-alpes@inrap.fr.
Jean-Baptiste Ledys