Météo : une année positive, mais inquiétante pour les agriculteurs de la Haute-Loire
Cela n’aura échappé à personne : cet été 2021 n’aura pas été le plus ensoleillé. Avec ce temps plutôt humide, la quantité de fourrage a été idéale, mais des inquiétudes persistent quant à l'avenir.
Dans leur bâtiment, les vaches laitières de Laurence et Éric Richard n’échangeraient leur place pour rien au monde. Les deux clims tournent à fond et les brumisateurs se mettent en marche toutes les 3-4 minutes. Ce mardi-là, il fait 32 °C dehors. À l’intérieur, on tourne plutôt aux alentours de 25.
Les fortes chaleurs, les vaches ne les craignent plus depuis 2003, année où le Gaec Pré du four II, à Javaugues, a fait installer les deux climatisations dans le bâtiment principal. « Elles sont beaucoup mieux ici, à l’intérieur, que dehors, reconnaît Éric Richard, par ailleurs président de la section laitière de la FDSEA de la Haute-Loire. Avec le toit en tuiles, la chaleur est moins présente. »
Un printemps sec et froidLes laitières passent la grande majorité de l'année en intérieur, surtout l'été. Cette année, elles auraient pu faire un tour dans le pré, mais l'agriculteur a préféré ne pas changer leurs habitudes.
« D’habitude, elles n’ont rien à manger avec la sécheresse. »
En cette année 2021, pas de sécheresse notée. C'est tout le contraire, il a pas mal plu. « On a eu un été plein de contrastes. Un printemps sec et froid suivi d’un début d’été pluvieux et d’une fin d’été plutôt sèche, détaille Yannick Fialip, le président de la Chambre d'agriculture de la Haute-Loire. On dira que globalement ça a permis de faire de bonnes récoltes fourragères notamment. »
Les stocks de foin sont bonsComme beaucoup de ses confrères, Eric Richard a « fait du foin en grande quantité », reconnaît-il. Dans le détail, il estime avoir fait « 20 % de plus par rapport à une année normale ». Difficile de quantifier en poids ou en nombre de bottes. « 20 % c’est beaucoup, surtout quand on est habitué à des petites récoltes. C’est important d’avoir la grange pleine. »
Cette récolte amène un fourrage suffisant pour l’année. « Il n’y aura pas besoin d’en acheter à l’extérieur donc de grever les trésoreries », précise Yannick Fialip. Et ça, c'est pour le porte-monnaie, mais aussi pour le moral.
Chez Éric Richard, depuis 2003, les vaches laitières du Gaec bénéficient d’une clim qui fait aussi brumisateur. Cette année, elles mangeront du foin 100 % local. Photo M. Le Goff« Impossible de savoir à l’avance si on aura un été chaud, sec, pluvieux, humide... »2021 restera donc dans les annales. Mais comment font au juste les agriculteurs pour véritablement travailler avec cette météo changeante ? « C’est impossible de savoir à l’avance si on aura un été chaud, sec, pluvieux, humide… En tout cas, celui qui a réussi à maîtriser la météo cette année a dû bien s’en sortir. »
Parce que la météo, c’est leur souci principal. « On la scrute heure par heure. On ne passe pas notre temps sur les réseaux sociaux quand on est sur nos téléphones, on regarde la météo », plaisante-t-il.
Un réchauffement climatique qui interrogeGlobalement, le bilan est plutôt bon pour tout le monde. Mais elle « interroge sur le changement climatique ». Lorsqu’on y regarde de plus près, « on n’a pas une pluviométrie exceptionnelle sur l’ensemble de l’année. »
« Il a plu au mois de juillet, mais des quantités moyennes et réparties sur tout le mois. La goutte froide qui a sévi sur la partie de l’Europe de l’ouest est un phénomène assez rare quand on le place sur l’échelle de la planète. Cette goutte froide a permis d’avoir des pluies régulières sur juillet, mais globalement on voit un déficit sur la partie du printemps qui nous interroge sur l’avenir. »
Le printemps, c’est la période où se font les stocks de fourrage ainsi que la préparation pour les récoltes de céréales. « Depuis 5-6 ans on a régulièrement des printemps secs et avec des gelées tardives. » Reste alors à essayer de s'adapter et croiser les doigts.
Une météo peu propice aux apiculteurs« L’impact de la météo a été assez dur », souffle Charlotte Bompard, apicultrice à Chilhac. Pour Frédéric Pages, à Paulhaguet, il a été « énorme ». Le froid, la pluie et le peu de soleil « ont eu un impact sur la végétation, ce qui a touché les colonies d’abeilles », précise Antoine Marchand, du Gaec Noir d’abeilles à Saint-Didier-sur-Doulon. Avec le gel du printemps, « les acacias n’ont pas fleuri et il n’y a pas eu de sécrétion du nectar ». Le résultat est sans équivoque : les récoltes n’ont pas été bonnes pour tout le monde. Pire : il a fallu nourrir les abeilles en pleine période estivale, elles qui sont habituellement autonomes.
Maryne Le Goff