Les espaces naturels sont une contrainte et une opportunité pour les équipes du chantier de l'autoroute A79
La réserve naturelle du val d'Allier et les espaces préservés du bocage bourbonnais imposent aux équipes du chantier de mise à deux fois deux voies de la RCEA des contraintes environnementales fortes.
Jean-Luc Hoareau, directeur Qualité prévention, environnement du Groupement d’entreprises (*) en charge de la construction de l’autoroute A79, entre Sazeret et Digoin (Saône-et-Loire), expose les défis que pose la réserve naturelle nationale du val d’Allier, protégée par décret ministériel, pour les équipes du chantier.
« Construire des infrastructures neuves dans une réserve naturelle, c’est rare voire inédit. Y faire traverser une infrastructure, c’est presque contradictoire, et cela implique un ensemble d’obligations. Depuis la création de la réserve en 1994, il n’y avait jamais eu de travaux d’aussi grande ampleur. Dès la phase de conception, il a fallu prendre en compte ce site sensible et protégé. »
Ainsi, autour du viaduc de l'Allier, « les dispositifs d’assainissement provisoires, pour traiter les eaux de chantier, sont plus élaborés et du même niveau que ceux qui seront installés en définitif. Cela nous a permis de monter en exigence. Tout ce qu’on met en œuvre dans le cadre des travaux au sein du périmètre de la réserve a été validé par la LPO. Avant le démarrage des travaux, des graines d’espèces végétales, comme l’orme lisse, ont été collectées pour être protégées en pépinière et être réimplantées. Il y a aussi un balisage pour maintenir les corridors écologiques et permettre aux mammifères terrestres d’évoluer. Ce balisage vise aussi à sensibiliser nos collaborateurs quant à la présence de flore ou de faune sensible et protégée et à limiter leurs impacts sur le milieu naturel ».
Quels sont les défis du chantier de l'A79 (Allier) ?
Une attention particulière pour les chiroptèresLe viaduc de l'Allier et les dispositifs autour représentent 600 m d'infrastrustures, situées au coeur de la réserve nationale. photo François-Xavier GuttonDes colonies de chauves-souris sont installées sous l’actuel viaduc, implanté au cœur de la réserve. Des éléments ont été créés pour les guider : « Nous avons posé des écrans qui évitent qu’elles ne viennent dans l’emprise du chantier et des phares acoustiques qui aident les chiroptères à se diriger dans l’espace. Elles leur donnent l’impression d’un mur. Nous réimplanterons aussi des gîtes artificiels sur les piles du nouveau pont pour les faire migrer depuis le viaduc actuel. Ce sont des innovations, localement ».
Pêche de sauvegarde avec la Fédération départementaleAutre impératif : « Respecter les calendriers écologiques, adapter la cadence des travaux, à la fois pour la réserve et tout le projet. À certaines périodes, nous ne pouvons pas intervenir dans les cours d’eau pour ne pas perturber la reproduction des loutres, la migration des saumons. Aucun déboisement non plus pendant la nidification. »
Les équipes travaillent avec les acteurs locaux pour sauvegarder des espèces animales et végétales. Ainsi une pêche de sauvegarde a été menée à la demande d’Eiffage par la Fédération départementale de la pêche dans le cadre du reprofilage du cours d’eau de la Vouzance. « On a sauvé et réimplanté des poissons en amont et en aval. La réserve nous permet d’éprouver des méthodes de travail à haut niveau d’exigence environnementale et de les déployer sur la totalité du projet. C'est une opportunité pour progresser. On s’est imposé le même niveau d’exigence sur les 88 km que dans la réserve, comme par exemple sur la Vouzance ».
Ariane Bouhours
ariane.bouhours@centrefrance.com
(*) Constitué d’entités Eiffage notamment.