Pour Emmanuel Macron, discuter des évacuations avec les talibans "ne préjuge pas d'une reconnaissance"
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Par "une négociation avec les talibans qui maintenant s'impose", le président de la République, Emmanuel Macron, entend construire des solutions à l'échelle des Nations unies pour permettre aux milliers d'Afghans en danger de quitter Kaboul.
"L'objectif est d'obtenir les évacuations humanitaires de toutes les personnes qui courent un risque", a soutenu Emmanuel Macron, dimanche soir, sur TF1, depuis l'Irak où il était le seul dirigeant occidental à participer au sommet régional contre le terrorisme.
Comment ? Par une zone de sécurité à laquelle les talibans sont hostiles ? C'est en tout cas la solution que va porter la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne devant le conseil de sécurité des Nations unies. "Une zone permettant de sécuriser les arrivées à l'aéroport de Kaboul et de protéger" les "centaines, voire les milliers" de candidats à l'exil, a précisé le président français.
"Créer une pression sur les talibans"Il y voit deux intérêts : "D'abord, cela mobilise toute la communauté internationale. Ensuite parce que cela crée une pression sur les talibans. Mettons en acte ce qu'on leur demande : si vous voulez avancer et avoir un pays ouvert au reste de la région et du monde, vous devez permettre à toutes les femmes et les hommes qui veulent être protégés, de l'être".
Mais peut-on faire confiance aux talibans ? Emmanuel Macron s'en est tenu à déclarer qu'une "négociation maintenant s'impose". Car "ceux qui ont le contrôle de Kaboul et du territoire, ce sont les talibans. De manière opérationnelle et pratique, nous devons avoir cette discussion."
"Cela ne préjuge pas d'une reconnaissance"Pour autant, le chef de l'État s'est voulu ferme : "Cela ne préjuge pas d'une reconnaissance. Car nous avons posé des conditions : que les talibans respectent le droit humanitaire et le droit d'être protégé par l'asile ; qu'ils soient très clairs avec tous les mouvements terroristes ; qu'ils respectent les droits de l'homme, en particulier la dignité des femmes afghanes."
Le président est revenu sur la phrase qui a déclenché la polémique en France, disant vouloir protéger le pays d'un "flux migratoire irrégulier important" venu d'Afghanistan : "Il ne faut pas confondre le risque terroriste, sa dangerosité et le phénomène des migrations. Il y a parfois des liens, pour autant je distingue ces deux notions de manière très claire."
"On ne peut pas imposer la démocratie"Emmanuel Macron a précisé enfin l'esprit du "Ni ingérence, ni indifférence" qu'il avait prononcé la veille depuis Bagdad. "Une chose est sûre, on ne peut pas imposer la démocratie depuis l'extérieur. C'est ce que nous enseigne la situation en Irak, en Libye, en Afghanistan. Lorsque nous intervenons, nous devons toujours le faire au côté d'un État souverain. Mais ne jamais penser que c'est par la force des armes qu'on crée la démocratie en quelques mois, quelques années. Ce n'est pas vrai."
Nathalie Van Praagh