Maurice Brun, une vie et des souvenirs à Montluçon (Allier)
![Maurice Brun, une vie et des souvenirs à Montluçon (Allier)](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/maurice-brun-photos-archives-maire-montlucon-credit-famille-_5593320.jpeg)
Disparu dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 août 2021, à l’âge de 96 ans, l'ancien maire de Montluçon Maurice Brun avait confié des souvenirs à ses enfants dans les dernières années de sa vie.
Ces anecdotes, toutes liées à des photographies d’archives, racontent son ouverture d’esprit, sa sensibilité et sa passion pour Montluçon. Les filles de Maurice Brun (maire de 1972 à 1977 et député de 1973 à 1978) nous ont permis de reprendre une partie de ce travail de mémoire, réalisé en 2017 et 2018, enlevant les photographies propres à la famille.
Un ancrage montluçonnaisSur la plus vieille image, on voit Maurice Brun, âgé de 8 ans, tenir la main de sa grand-mère, sur le boulevard de Courtais. « J’aime cette photographie car elle porte en nous tous nos bonheurs d’enfants. Nous tenions tout le boulevard à nous cinq ! », racontait Maurice Brun. Cette famille installée à Montluçon depuis des générations possédait des racines en Combraille, à Commentry et Larequille notamment
L'avocatNé en 1925, Maurice Brun était le fils d’un avoué installé au 112 du boulevard de Courtais, maison où l’ancien maire a vécu jusqu’à la fin de sa vie. Après avoir été élève du lycée de Montluçon, Maurice Brun a suivi des études de droit à Clermont-Ferrand et Paris. Il s’est installé comme avocat, puis a succédé à son père comme avoué, avant de redevenir avocat avec l’unification des deux professions. « De tout temps, mon père m’a intéressé à son travail et c’est naturellement que j’ai décidé d’être avocat comme lui. J’ai prêté serment dès que j’ai eu 21 ans, l’âge de la majorité à l’époque. Je me battais, je ne faisais qu’un avec mes clients. L’avocat a aussi un rôle d’écoute et de soutien, bien au-delà du droit. Il faut partir des hommes, toujours, agir pour eux, avec eux. »
Le jeune éluMaurice Brun a été élu conseiller municipal en 1950, à l’âge de 25 ans. De 1953 à 1959, il a participé en tant qu’adjoint du maire André Southon à la construction de logements sociaux et d’écoles. Cette étonnante photographie prise en 1952 montre Maurice Brun à Moscou, avec le buste de Lénine derrière lui, alors qu’il avait accepté une invitation de l’association France-URSS. Une initiative qui avait créé la polémique. « À mon retour à Montluçon, une réunion a été tenue au théâtre municipal, il y avait une foule considérable. Les opposants disaient que comme j’avais vécu un mois aux frais de l’URSS, je n’étais pas fiable. Ma grand-mère maternelle a dit qu’elle m’avait offert le voyage… parce que j’étais allé récupérer ses emprunts russes ! La moitié de la salle a éclaté de rire, l’autre moitié a applaudi. […] Staline était un tyran et je me suis opposé en 1953 à ce qu’on mette la mairie de Montluçon en deuil à sa mort. »
Le maireMaurice Brun est élu deuxième adjoint de Jean Nègre, en 1971. Après la mort de ce dernier, en 1972, il devient maire puis député l’année suivante, siégeant en tant que socialiste indépendant à l’Assemblée nationale. Sur ce cliché de 1973, on voit Maurice Brun saluer le maire de Hagen, Rudolf Loskand, dans le cadre du jumelage entre les deux villes. « De tous mes engagements politiques, mes cinq années de maire ont été pour moi les plus passionnantes », affirmait Maurice Brun, ajoutant : « Les opposants systématiques, les supporters inconditionnels et les courtisans, souvent trop nombreux, ne sont d’aucune aide lorsqu’on est aux responsabilités. »
Ses réalisationsMaire de 1972 à 1977, Maurice Brun a poursuivi les actions engagées par Jean Nègre : la construction d’écoles, d’une piscine couverte, d’une station d’épuration, d’une maison du troisième âge, d’un pavillon de médecine, le désengorgement d’une partie du centre-ville, mais aussi l’ouverture de l’école de gendarmerie en 1976, à la caserne Richemont. Ici une photo de février 1977, lors de la première prise d’arme. « L’état-major de la gendarmerie était intéressé, mais souhaitait avoir quelques garanties : un bon accueil de la part de la population, des logements pour les familles de cadres et d’autres facilités. […] On a rassuré la population montluçonnaise en lui disant qu’il n’y aurait pas davantage de contraventions ! »
Sa femmeGinette Brun, décédée en 2016, était professeure de philosophie. C’est le cliché qu’ont choisi les enfants de Maurice Brun pour les obsèques de leur père. « Cette photo représente pour moi les cinquante-cinq années de bonheur qu’elle m’a données », soulignait son mari. En 1961, « une fois la décision prise de nous marier, je me souviens lui avoir confié que mon principal problème serait de rompre avec une maîtresse particulièrement exigeante : la ville de Montluçon, ce qui l’a beaucoup amusée ». Ils ont eu trois enfants ensemble.
Guillaume Bellavoine