À Riom (Puy-de-Dôme), un état des lieux de l’église du Marthuret, en vue de sa rénovation, a révélé quelques secrets du passé
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À Riom (Puy-de-Dôme), l’église Notre-Dame-du-Marthuret s’apprête à vivre une nouvelle jeunesse. Une rénovation de son intérieur est prévue d’ici quelques mois. Mais avant cela, l’édifice doit encore révéler quelques secrets…
Perchées sur une nacelle à 14 mètres de hauteur, Caroline Snyers et Claire Bigand, restauratrices de peintures, procèdent à une analyse stratigraphique des murs de l’église Notre-Dame-du-Marthuret. Elles découvrent ainsi ce qui se cache derrière l’enduit en chaux gris, qui donne à l’édifice cet air austère. "L’église s’est beaucoup encrassée avec la poussière et la pollution émanant de la rue, mais elle n’a pas toujours été aussi sombre", explique Caroline Snyers.
Des décors lacunaires?Les personnes chargées de réaliser l’état des lieux sont Caroline Snyers et Claire Bigand, restauratrices de peintures?; Violaine Pillard, restauratrice de sculptures?; Philippe Boulet, spécialiste de dorures?; Olivier Faccioli, ébeniste-restaurateur?; et Adrien Fonlupt, architecte du patrimoine.
Les deux restauratrices de peintures font partie de l’équipe chargée d’effectuer un diagnostic de l’intérieur de l’église, mise hors d’eau et hors d’air en 2019.
"Nous procédons à l’analyse des différents éléments qui la composent pour ensuite pouvoir imaginer comment restaurer ce bâtiment classé monument historique."
Les premières observations laissent entrevoir les vestiges d’un passé haut en couleur. "Au XIXe siècle, l’église était bien décorée avec une peinture blanche façon Saint-Germain-des-Prés, des quadrilobes et des chemins de croix, qui ont aujourd’hui disparu", détaille Caroline Snyers.
L’édifice, en cours de restauration, est construit sur une seule nef et abrite une Vierge noire
La restauratrice de peintures a également découvert "au moins deux autres décors, dont un datant du 16e siècle avec de magnifiques encadrements de vitraux."
"L’enjeu est ensuite de déterminer quel décor choisir pour la restauration, sachant que tous sont lacunaires. Il faudra donc être raisonnable et ne pas nous lancer dans un chantier où il y aurait tout à refaire."
Une superposition de couchesAu-delà des peintures, c’est donc tout ce qui compose l’église du Marthuret qui est examiné à la loupe. Dans une des chapelles latérales, c’est le décor en faux marbre avec son ciel bleu et ses étoiles dorées que l’on devine sous la chaux qui anime les discussions. Des scènes historiées se révèlent et on imagine bien ici un drapé. "C’est un décor du XIXe siècle, mais l’hôtel semble dater du XXe, c’est assez perturbant", lâche Adrien Fonlupt.Un peu plus loin, Violaine Pillard, restauratrice de sculptures, scrute minutieusement les statues : "Sous le bleu, on voit de la dorure", lance la jeune femme. Philippe Boulet, spécialiste de la dorure, prend alors le relais. "Chacun est précis dans sa spécialité", souligne l’architecte du patrimoine. Direction ensuite les statues de Saint-Joseph et de la Vierge noire. "Celle-ci a été refaite au moins deux fois", note Violaine Pillard.
"On se rend compte que dans toute l’église, il y a des couches de peinture qui se sont succédé."
Arrivé dans le chœur de l’église, Adrien Fonlupt tombe sous le charme du système d’électrification des arcs, avec ses structures en bois et ses ampoules de toute petite taille avec leurs douilles en porcelaine. "Ce serait super de pouvoir le conserver, mais je ne suis pas sûr que ça puisse fonctionner de nouveau… Et puis des ampoules de cette taille, ça ne se fait plus?!", souffle-t-il.
Un projet à long termeL’étendue de l’œuvre est si vaste que tout n’a pas pu être analysé en trois jours. L’équipe reviendra donc dans le courant de l’été pour finir son état des lieux. "Nous aurons alors une meilleure idée de l’état antérieur dont nous souhaitons nous rapprocher, souligne l’architecte du patrimoine. Nous pourrons alors entrer en discussion avec les architectes des Bâtiments de France, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et la Ville de Riom, qui est propriétaire des lieux. La décision sera ensuite prise de manière collégiale pour s’assurer de léguer quelque chose de propre aux futures générations."
Jeanne Le Borgne