Au camp militaire de Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), les espaces naturels ont été relativement préservés de l'activité humaine
Samedi dernier, le Conservatoire d’espaces naturels a organisé une visite au cœur du camp militaire de Bourg-Lastic, riche en trésors naturels et historiques.
"Des zones comme ça dans les Combrailles, je n’en connais pas d’autres !", s’enthousiasme Romain Legrand du Conservatoire d’espaces naturels (CEN) Auvergne, en contemplant la zone de tourbières la mieux préservée du camp militaire de Bourg-Lastic.
Samedi dernier, sous une météo capricieuse, le camp de 800 hectares a exceptionnellement ouvert ses portes aux visiteurs. Au programme : une excursion alliant nature et histoire, animée par Romain Legrand et Renée Coupat, guides de pays.
Une des zones de tourbières, située au niveau de pas de tir, a été endommagée par l'activité militaire.
"Les camps militaires ont un intérêt naturel très fort puisqu’ils ont figé l’activité humaine pendant des dizaines d’années, évitant les dégradations qu’il y a pu avoir ailleurs", confie le naturaliste. En août, période de faible activité sur le camp, le Conservatoire d’espaces naturels mène des prospections pour inventorier le patrimoine naturel.
Sur la partie ouest du camp s’étend tout un réseau de tourbières - une accumulation de matière organique gorgée d’eau -, plus ou moins dégradées par l’activité militaire. Si l’allongement récent de la zone de tir a durablement impacté la tourbière adjacente, il suffit de s’aventurer à travers bois pour en découvrir une autre, quasi intacte, pouvant atteindre les 2,50 mètres de profondeur.
Le droséra est une plante carnivore rare typique des zones de tourbières
Bottes de pluie aux pieds, Romain Legrand arpente la zone humide en quête d’une espèce rare : le droséra. Cette plante carnivore, capable de capturer des insectes, n’est guère plus grande qu’un pouce. Mieux vaut donc avoir l’œil aiguisé pour identifier ce trésor des tourbières aux poils rouges.
Site archéologiqueSi le camp recèle des curiosités naturelles, il est également chargé d’histoire. "Les Combrailles ont toujours été une terre de résistance", rappelle Renée Coupat devant le mémorial, témoin du massacre de Bourg-Lastic de juillet 1944.
Le mémorial situé sur le camp militaire permet à Renée Coupat, guide de pays, de revenir sur l'histoire du massacre de Bourg-Lastic.
Plus étonnant, le camp militaire s’est implanté sur un site archéologique. "La bifurcation de la via Agrippa traverse tout le camp. Dans le bois en face, se trouvait un vicus, un lieu de vie longeant le chemin", commente la guide. Alors que l’installation du camp a en partie dénaturé le site archéologique, elle a toutefois permis de préserver la zone des pillages et fouilles sauvages.
Marine Bourrier