À Gentioux-Pigerolles, Jouany Chatoux délivre ses conseils en culture de cannabis CBD
Le gérant de la Ferme bio de Pigerolles, également porte-parole de l’Association française des producteurs de cannabinoïdes (AFPC) a conseillé, mercredi 4 août, une trentaine de producteurs intéressés par la culture de cannabis dit "bien-être".
« Ils ont végété pendant un mois et demi vu qu’il a fait froid aux mois de juin et juillet, et n’ont vraiment poussé qu’il y a deux semaines quand il a fait chaud. » Aux abords d’une de ses parcelles balayée par un petit vent frais, Jouany Chatoux, parka rouge sur le dos, fait le point sur ses plants de cannabis CBD (*) devant une trentaine de personnes. Si le gérant de la Ferme bio de Pigerolles a l’habitude des visites professionnelles sur son exploitation, son auditoire du jour est particulièrement intéressé. Les visiteurs de la ferme de Jouany Chatoux, pour la plupart agriculteurs, suivent une formation par le biais de Cap Chanvre, un organisme dédié à l’accompagnement à la culture du chanvre ou cannabis CBD, pour lequel Jouany Chatoux joue le rôle d’intervenant.
Conseils de cultureLes fleurs subissent une manucure avant mise en sachet.
L’agriculteur a distillé ses conseils sur la culture de cette variété de cannabis, dont il fait partie des quelques hérauts en France : des variétés à privilégier en fonction des produits finaux que l’on souhaite obtenir, de la taille de la plante pour favoriser la pousse de fleurs, des différentes manières de la valoriser autrement que sous forme de fleur, etc.
L'État veut-il du cannabis de Creuse ?
Jouany Chatoux a aussi fait visiter les locaux de transformation de la plante, en contrebas de ses champs. Ce jour-là, une seule employée s’active, un petit ciseau à la main. Elle détaille des fleurs de cannabis CBD. Les plus belles têtes iront remplir les sachets de fleurs à fumer – ou à vaporiser, un moyen moins nocif pour obtenir les effets escomptés –, les autres seront transformées. « C’est légal tout ça ? », a interrogé un visiteur. « On est dans une zone grise, estimait Jounay Chatoux, par ailleurs porte-parole de l’AFPC, l’association française des producteurs de cannabinoïdes. On est potentiellement, au niveau français, dans l’illégalité. Mais pas au niveau européen. Après, il faut savoir que la filière cannabis fait partie du Plan particulier pour la Creuse. » Et d’ajouter :
« On s’imagine des rastamen (sic) mais ceux qui se lancent dans cette production, ce sont des agriculteurs »,
Un producteur d'échalion intéresséLe chanvre ou cannabis CBD peut être utilisé en infusion.
Parmi les visiteurs intéressés par la culture du cannabis CBD, il y avait par exemple Christian Réau, un ancien tabaculteur désormais producteur d’échalion – une variété d’oignon ressemblant à l’échalote – au sein de Poitou Allium, basé à Mirebeau, dans la Vienne.
« Depuis deux ans, on a un problème de marché important dû en partie au Covid. Donc on cherche une production à valeur ajoutée importante, pour assurer nos arrières. On cherche une complémentarité quand l’une de nos productions va moins bien. »
Avec six autres associés au sein de Poitou CBD, Christian Réau a déjà planté pour trois hectares de cannabis, avec l’espoir de pouvoir transformer en partie la fleur. Pourtant, un décret récemment annoncé par le gouvernement pour réglementer la filière ne va pas en ce sens, puisqu’elle exclut la fleur du cadre légal.
« On ne comprend pas pourquoi l’État français refuse d’avancer sur cette question, commentait Jouany Chatoux. On a enfin une plante multifonction qui peut nous permettre de sortir un revenu complémentaire. Il y a clairement un enjeu de revenu et d’activité sur le territoire. La position du gouvernement est dommageable. »
(*) Le cannabidiol, une des molécules du cannabis, est un psychotrope possédant des effets relaxants et anti-inflammatoires, mais n’est pas, contrairement au THC (tétrahydrocannabinol) non considéré comme un stupéfiant.
Daniel Lauret