Une employée du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane agressée par une visiteuse mécontente de l'obligation du pass sanitaire
Samedi 7 août, une employée saisonnière chargée de l'accueil des visiteurs au Centre de la mémoire du village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) a été agressée verbalement et physiquement par une visiteuse mécontente de l'application des mesures liées au pass sanitaire sur le site.
Depuis le 21 juillet, le pass sanitaire est obligatoire pour accéder au Centre de la mémoire et aux vestiges du village martyr d'Oradour-sur-Glane. Une mesure qui suscite l'incompréhension de certains visiteurs qui n'acceptent pas que le pass soit demandé pour visiter un site dont la majeure partie est à ciel ouvert.
Parfois, certains s'emportent. « Les insultes verbales à base de "nazis", "collabos" sont presque devenues banales tellement on les entend au quotidien », déplore une agent d'accueil du Centre de la mémoire dans un message publié lundi 9 août sur Facebook.
Deux jours plus tôt, samedi 7 août, vers 13 heures, une visiteuse est allé encore plus loin, en s'en prenant physiquement à cette même employée. « Un couple avec un enfant s'est présenté à l'entrée. Ils étaient âgés d'une trentaine d'années », témoigne la jeune femme de 22 ans, chargée d'accueillir les visiteurs et de contrôler leur pass sanitaire.
« La femme a contesté la légalité du décret qui imposait le pass sanitaire sur le site. Je lui ai dit que ce n'étaient pas nous qui décidions, elle s'est énervée, elle nous a insultés* et elle m'a pris par les épaules pour me pousser en arrière. J'ai reculé de 2 mètres et suis tombée sur les fesses. Son compagnon a essayé de la calmer et un autre visiteur est aussi intervenu. »
Une plainte déposéeSorti du bâtiment, le couple s'en est allé. « La personne chargée de la sécurité a essayé de les poursuivre, mais elle n'avait pas le droit de les retenir sur place, donc ils sont partis », explique la victime. Souffrant de douleurs aux épaules, cette dernière a pu consulter un médecin peu après les faits au CHU de Limoges et a déposé plainte le jour-même auprès de la gendarmerie de Saint-Junien. Une enquête a été ouverte.
La jeune femme a fait l'objet d'un arrêt de travail et doit reprendre son poste ce mercredi 11 août.
Sentiment d'insécuritéEmployée pour la période estivale, elle appréhende son retour, tout en dénonçant le manque de moyens aloués à la sécurité du site et de son personnel au vu des tensions générées par la mise en place du pass sanitaire. Elle déplore également l'absence de réactions et de soutiens, notamment de la part des élus, suite à son agression. « Personne ne m'a appelée ».
Nous avons tenté de joindre, en vain, ce mardi en fin journée, des élus du Conseil départemental de la Haute-Vienne, dont dépend le Centre de la mémoire.
*La victime précise que les qualificatifs de "Nazi" ou "Collabo" qui visent, selon elle, régulièrement le personnel depuis la mise en place du pass sanitaire n'ont pas été employés par son agresseuse.
Le message publié lundi sur Facebook par la victime de l'agression.
Repères
- Le 10 juin 1944, un détachement de la division blindée SS "Das Reich" a détruit le village d'Oradour-sur-Glane, situé à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Limoges. Les Nazis y ont assasiné 643 personnes. - Le village martyr a été conservé en l'état et peut aujourd'hui être visité. Comme indiqué dans l'article, le pass sanitaire est obligatoire pour y accéder.- Le Centre de la mémoire, implanté à proximité, a été inauguré le 16 juillet 1999 en présence du président de la République Jacques Chirac.
Pierre Dumas