À Guéret, la vie sociale davantage affectée par le pass sanitaire
Aisée pour certains, compliquée pour d’autres, la mise en place du pass sanitaire a connu son baptême du feu, ce lundi 9 août à Guéret (Creuse), dans les bars et restaurants. Avec des fortunes diverses.
Dès le coup de téléphone pour réserver une table, une voix demande : « Vous avez votre pass sanitaire ? ». Au restaurant Au bœuf à la fleur de sel, on ne plaisante pas avec le contrôle du pass sanitaire. Il s’effectue dès l’entrée dans l’établissement, par une employée, à l’aide d’un smartphone. Si certains clients ont enregistré leur QR Code sur leur téléphone, d’autres font scanner leur attestation papier.
Pas de changement pour certains restaurants...Pour Frédéric Chaffard-Nuçon, conseiller funéraire chez l’entreprise de pompes funèbres OGF, venu se restaurer avec deux de ses collègues ce lundi (9 août) midi, l’expérience a été vécue sereinement.
« Pour une première journée, ça s’est passé en douceur et ça a été très efficace. »
S’il y a plusieurs moyens d’obtenir le pass sanitaire, Frédéric Chaffard-Nuçon ne cachait pas que lui et ses collègues étaient tous vaccinés. « C’était fortement recommandé dans notre secteur », justifiait-il. Pour le restaurant, cette journée spéciale ressemblait presque à une autre en termes d’affluence. « Ce midi, on va être à environ 30 couverts, indiquait Évelyne, la cheffe de salle. C’est ce qu’on fait en moyenne le lundi, qui est notre jour le plus faible de la semaine. » L’employée ne s’en montrait que peu étonnée : « Il y a beaucoup de personnes vaccinées en Creuse. »
...Des couverts en moins pour d'autresDu côté du centre commercial Carrefour à Guéret, le directeur du restaurant Crescendo, Monsieur Lague manie l’humour avec des clients : « C’est gagné, vous pouvez rentrer », plaisante-t-il. Malgré la légèreté affichée, la baisse de fréquentation s’est fait immédiatement sentir.
« Nous avons eu beaucoup de clients ce week-end, essentiellement des habitués qui ont reçu leur première dose et qui vont devoir attendre quelques semaines avant de pouvoir revenir. »
L’établissement, qui réalise entre 200 et 250 couverts par service – « 400 avant le covid » –, arrive à peine ce midi à « une centaine » de couverts. « La saison est finie », déplore le gérant de l’établissement qui se demande même s’il ne devra pas se séparer d’un salarié. Malgré une organisation du contrôle du pass mise en place il y a déjà une semaine « à titre de test », Monsieur Lague regrette « le manque de pédagogie du gouvernement ». Entre les « aînés » qui n’arrivent pas à se servir de l’application StopCovid, et d’autres qui ne sont pas correctement renseignés sur les délais de validité du pass après la vaccination, « les gens sont perdus », résume-t-il. La faute aussi à un calendrier d’annonces « serré » selon le directeur, qui « a forcé » les gérants des établissements recevant du public « à s’adapter » et à faire « le travail de communication ».
Bar, restaurant, brocante et galerie dans un même nouveau lieu à Vallière (Creuse)
Contrôle compliqué en terrasseDu « travail supplémentaire » que redoute aussi de son côté Gregory, serveur au Grand Café, place Bonnyaud. « Le contrôle va être compliqué lorsque j’aurai beaucoup de clients à la fois en salle et en terrasse », craint-il. Comment s’assurer que tous les clients aient été contrôlés sur une terrasse ouverte de tous côtés ? « Impossible » pour ce serveur qui imagine déjà certaines situations délicates, « lorsque des personnes rejoignent un groupe déjà attablé » ou « pendant les roulements » entre les garçons de café. Pour l’heure, durant cette première semaine « de battement », le professionnel indique accorder le « bénéfice du doute » aux clients venus boire un café en extérieur sans pass valide. Une souplesse qui ne sera plus possible lundi prochain.
Texte François Delotte, Daniel Lauret et Raphaëlle Lavefve Photo Floris Bressy