Dans les restaurants du Puy-de-Dôme, le pass sanitaire est à toutes les sauces
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Depuis ce lundi 9 août, le pass sanitaire est obligatoire pour déjeuner dans un restaurant, y compris en terrasse. Dans le Puy-de-Dôme, les restaurateurs font le maximum pour s’adapter. Les clients aussi. Du coup, à Clermont-Ferrand, le service du midi s’est plutôt bien passé.
« Bonjour. Alors, désolée, hein, mais je vais être pénible cinq minutes : il faudrait que je contrôle votre QR code. » Cette petite phrase, répétée à l’heure du déjeuner, ce lundi 9 août, dans le restaurant Le Derrière, place de la Victoire à Clermont-Ferrand, est forcément d’actualité : depuis ce lundi, le pass sanitaire est obligatoire pour manger au restaurant. Un peu plus bas, à la Mignonne, deux panneaux préviennent : « Veuillez attendre qu’on vous accueille pour vous installer. »
La carte de la confiancePour ce premier jour d’entrée en vigueur de la mesure, certains jouent la carte de la confiance : « J’espère au moins que vous êtes en règle », lance ce serveur avec un grand sourire, alors que les clients viennent de s’installer. La réponse étant positive, l’investigation sanitaire n’ira pas plus loin. « Ils m’auraient dit qu’ils n’avaient pas de pass sanitaire, je les aurais servis quand même, confie-t-il. De toute façon, sinon, ils seraient allés ailleurs. »
Les restaurateurs de Clermont-Ferrand sensibilisent leur clientèle.
Les restaurateurs jouent le jeuMais l’immense majorité des restaurateurs font leur maximum pour jouer le jeu. Même si Michel Izoulet, propriétaire du Bar d’O, estime que cela s’annonce compliqué : « On en reparlera quand il y aura une grosse affluence, notamment en soirée. Le midi, ça devrait bien se passer. Les gens arrivent, on les contrôle, on les installe. Ou inversement. Cela ne posera pas de problème. D’autant plus que nous fonctionnons aussi avec une clientèle d’habitués que nous n’aurons pas besoin de contrôler tous les jours. Je suis nettement plus inquiet pour la soirée, où les clients sont souvent moins disciplinés. »
Cela risque d'être plus compliqué en soiréeEffectivement, quand un groupe qui se donne rendez-vous dans un bar, tout le monde n’arrive pas à la même heure. « Donc il va falloir contrôler la même table plusieurs fois, ajoute Michel Izoulet. Cela peut être rapidement ingérable. Et si sur une table de quatre, un seul n’a pas son pass, on fait quoi ? On perd quatre clients ou on les prend quand même ? »
Le pass sanitaire, c'est simple comme un QR code !
La crainte d'un climat tenduBeaucoup de restaurateurs pointent cette inquiétude des soirées où les contrôles seront plus compliqués. Et certains pressentent un climat tendu qui pourrait s’installer. Alain Grégoire, président régional de l’Umih (Union régionale des métiers de l'industrie et de l'hôtellerie), est également propriétaire d’un hôtel à Saint-Nectaire. Et son anecdote est aussi éclairante que d’actualité : « Ce lundi, un couple qui avait réservé (et donc qui était au courant des dernières mesures) s’est présenté à l’accueil sans masque. Ils ont refusé de le mettre tout en contestant l’efficacité des vaccins et en remettant en cause les décisions du gouvernement. L’homme s’est montré agressif vis-à-vis de mes jeunes réceptionnistes. Nous leur avons évidemment refusé l’accès et ils ont fini par partir. Le bilan n’est pas terrible : nous avons perdu deux clients, mes salariées sont choquées et je m’attends à un déferlement de n’importe quoi sur les réseaux sociaux puisque c’est la mode. N’empêche, je vais porter plainte à la gendarmerie. Il ne faut pas laisser s’installer ce type de comportement. »
Les bars et les restaurants font leur maximum pour respecter les directives gouvernementales.
Se protéger les uns des autres« Nous sommes dans une période où on aimerait bien se retrouver, tranquilles, et il faut encore ces maudits contrôles, remarque Audrey Gaillet du restaurant l’En/Vie. Bien sûr qu’on va les mettre en place. Pour se protéger les uns des autres. Mais aussi par peur de la délation. Surtout qu’il ne faut pas oublier que les restaurateurs sont nettement plus sévèrement verbalisés que leurs clients. À tel point qu’on se demande si le gouvernement ne voudrait pas ainsi récupérer l’argent prêté pendant les confinements. »
Pas forcément d'embauches prévuesLes restaurateurs clermontois croisés hier n’ont pas prévu d’embaucher du personnel spécialement pour ces contrôles : « Faudrait déjà qu’on arrive à se dégager deux salaires », rappelle Audrey qui gère seule avec son compagnon Simon.
Cette semaine, les contrôles ne sont là que pour sensibiliser la clientèle.
Dans les établissements de plus grande taille, comme les chaînes de fast-food, il est plus facile de détacher un membre de l’effectif pour qu’il se consacre entièrement au contrôle : « Nous venons de recevoir des tablettes, confirme cette jeune équipière. Et ceux qui n’ont pas de pass devront obligatoirement prendre à emporter. »
Prendre du reculAlain Grégoire sait qu’il faut prendre du recul : « On en reparlera dans une semaine, quand tout le monde aura pris ses marques. Mais au niveau national, plusieurs départements ont mené des tests en amont qui confirment que le plus compliqué reste les inter-services et les soirées. Nous avons également sondé nos salariés et le résultat est clair : leur pire crainte reste le face-à-face avec le client récalcitrant ; ils refusent de faire la police. »
Fabrice Mina