Une rétrospective pour faire revivre l'œuvre du peintre Jean Bougret en septembre dans la région de Montluçon (Allier)
Arrivé dès son enfance à Montluçon, le peintre Jean Bougret y est décédé en 1979. En 2022, on célébrera les cent ans de sa naissance. À cette occasion, Robert Hardy, son ex-cousin par alliance, prépare sa rétrospective.
Il ne l’a pas oublié et veut entretenir la flamme du souvenir d’un homme qu’il qualifie de « simple » et « très abordable ». Robert Hardy, un habitant de Désertines, a été jusque dans les années 1970 le cousin par alliance de Jean Bougret (1922-1979), professeur et artiste autodidacte reconnu.
Aujourd’hui, il prépare une énième rétrospective sur la vie du peintre. Une quarantaine de ses œuvres seront ainsi exposées du 3 au 12 septembre prochains, dans la salle qui porte son nom à Désertines, dont cinq appartenant au patrimoine de l’école de gendarmerie de Montluçon.
Une double carrièreCar si Jean Bougret est certes né à Tours, le 9 avril 1922, il arrive dès son enfance à Montluçon. En mai 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il revient de son Service du travail obligatoire en Allemagne dans la région qui l’a vu grandir. En septembre de la même année, il se marie avec Odette Thomas, la cousine de Robert Hardy. Celui-ci se remémore les premiers souvenirs qu’il a de Jean Bougret : « Je suis né en 1935. Après 1945 et ensuite, quand je suis devenu adulte, je voyais Jean de temps en temps. Au début, dans ma famille, on lui apprenait le patois. Nous entretenions de très bonnes relations et on peut même dire que nous étions proches, avec lui et ma cousine ».
À partir de 1945, Jean Bougret enseigne dans les villes rurales du Bourbonnais, à Isle-et-Bardais, Villefranche-d’Allier, Désertines et Montluçon. Il fréquente d’abord l’école Voltaire, dans la cité des bords du Cher, puis celle d’Argenty. En 1955, il est nommé à l’Enet (l’actuel lycée Paul-Constans) en qualité de « délégué maître auxiliaire de dessin d’art », comme l’indique son curriculum vitæ. Plus tard, au fil des années, il prépare et obtient diplômes et certificats en dessin, arts plastiques, histoire et décoration. Il intègre le lycée des garçons, puis en 1971 et jusqu’à sa retraite six ans plus tard, le Lem (Lycée d’État mixte), actuel lycée Madame-de-Staël.
« Il a commencé par le dessin, mais il était aussi sculpteur. Il a même fait des sculptures sur du bronze et du bois. »
Dès 1948, puis à chaque fin d’année, il s’expose à Montluçon. « Il est un personnage qui a marqué les Montluçonnais et le monde de la peinture notamment. » En 1953, il remet à la ville de Montluçon un buste de Marx Dormoy, l’ancien maire et ministre de l’Intérieur assassiné à Montélimar (Drôme) en 1941. Diplômé d’honneur du grand prix de Rome en 1961, titulaire de la médaille d’or des artistes français à Paris et de la médaille de vermeil des arts, sciences et lettres en 1968, son talent l’emmènera exposer jusqu’au Japon.Une des sculptures réalisées par Jean Bougret.
Remettre son parcours et sa peinture en mémoireJean Bougret peint tout. À ce sujet, une formule lui est consacrée : « Il était un peintre des gitans, des fêtes foraines, des scènes animées, des marchés, mais aussi des mares et des creux d’eau claire ».
« Il peignait en regardant vers le haut, vers la lumière », retiennent Robert Hardy et Madeleine Batel, sa compagne. « Nous préparons cette nouvelle rétrospective afin de remettre en mémoire son parcours et sa peinture », précisent-ils.
Sollicitée, la ville de Désertines a immédiatement accepté d’héberger cette rétrospective, justement dans la salle Jean-Bougret, à l’Espace François-Mitterrand. « On est à la veille du centenaire de sa naissance, tout l’intérêt est donc de montrer l’ensemble de l’œuvre de cet artiste reconnu », résume Maria Tornero, adjointe à la culture.
Brian Le Goff