Pas de catastrophe naturelle pour le parking effondré à "Toulousette" à Aurillac (Cantal)
![Pas de catastrophe naturelle pour le parking effondré à](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/effondrement-de-terrain-toulouzette-ferme-foyens-et-entrepri_5551411.jpeg)
Le 30 décembre 2020, le parking d’une entreprise de négoce de bestiaux dégringolait la pente sous la pluie, à « Toulousette », hameau d’Aurillac. Mais il n’a pas suffisamment plu ce jour-là.
Elle attendait l’arrêté de classement en catastrophe naturelle, elle n’a pas été déçue. Jeanne Foyen, au cœur de l’entreprise éponyme, spécialiste de l’exportation de broutard notamment, pensait être tranquille après l’effondrement de son parking, le 30 décembre dernier.
Ce jour-là, « il pleuvait, il pleuvait, ça faisait comme des ruisseaux, se rappelle-t-elle, au pied du hangar qui accueille des aliments pour bovin et du fourrage. Il n’y avait plus personne, il était environ 17?h?30, on avait donné le 31 décembre et le 1er janvier aux salariés. Et ça s’est effondré. » Dès ce soir-là, les démarches sont faites pour déposer un dossier en mairie et obtenir un classement en catastrophe naturelle, « la tempête Bella était déjà là depuis deux jours », se souvient-elle. Aurillac vit alors un épisode de pluie intense, et un mur s’effondre le 1er janvier, près du château Saint-Étienne.
« Rien n’est fait pour aider les gens qui travaillent ! »
Mais l’événement ne sera pas classé en catastrophe naturelle. La demande a bien été faite par la mairie, avant de passer entre les mains du bureau de la sécurité civile de la préfecture d’Aurillac. « Concrètement, en fonction du phénomène ou de l’événement, le bureau de la sécurité civile saisit le service concerné, tels que, par exemple, Météo-France, la DREAL, ou encore le Céréma (rapport géotechnique), afin d’établir un rapport technique. »
Selon nos informations, ce qui coince dans le cas de l’effondrement de « Toulousette », c’est la quantité de pluie tombée ce jour-là, 7,7 millimètres en 24 heures sur les relevés météo. Aurillac a bien été classée en catastrophe naturelle du 31 janvier au 1er février, un mois plus tard : il était tombé plus de 20 millimètres de pluie sur ces deux journées.
Les dégâts se comptent en centaine de milliers d’eurosUn autre élément faisait tiquer les habitants du hameau, qui ont vu ce parking se construire au fil des années : il est la conséquence directe de dépôts de remblais, réalisé par des entreprises de BTP « ayant l’agrément », remarque Jeanne Foyen. Si, au lendemain de l’effondrement, des commentateurs sur les réseaux sociaux estimaient un peu vite que cela pouvait expliquer l’éboulement, un rapport d’expert, versé au dossier et que nous avons pu consulter, constate que la plate-forme est artificielle mais indique que le déclenchement de l’effondrement est dû à la pluie.
Depuis, l’entreprise Foyen travaille avec les moyens du bord… sans parking. La zone ne bouge plus, mais un gouffre se dresse désormais à quelques centimètres de son principal bâtiment. Sept boxes ont dû être fermés pour des raisons de sécurité, et c’est maintenant la valse des assurances qui commence, là où un classement en catastrophe naturelle aurait pu permettre de tout faciliter. « Il faut réaliser des sondages, des prélèvements de terre, souffle Jeanne Foyen. On n’a pas pu avancer depuis l’éboulement. Je ne sais pas comment on s’en sortira, ça nous bloque tout. Tout le monde espérait que ce serait clair, avec un classement… Rien n’est fait pour aider les gens qui travaillent?! »
Aucun devis n’a été fait, mais les dégâts se comptent en centaine de milliers d’euros, voire plus. L’entreprise, qui compte treize salariés, continue, en attendant, de travailler, essaye de monter un dossier, dénonce l’absence de classement. Une réunion sur le terrain doit avoir lieu le 4 août, pour essayer de faire avancer une situation bien compliquée.
Pierre Chambaud