Enfance en Afrique, arrivée en Europe... Des lycéens d'Issoire (Puy-de-Dôme) enregistrent leur histoire
Dans le cadre du dispositif « Raconte-moi ta vie ! » sur l’académie de Clermont, des lycéens d'Henri Sainte-Claire-Deville à Issoire (Puy-de-Dôme) ont été invités à mettre en voix leur histoire. Ils sont passés, fin juin, derrière le micro du studio Polyphone à Chadeleuf.
C’était la dernière étape avant de lancer les vacances. Mabinty, Ouday, Oumar, Alphabacar et Mohamed ont finalisé, fin juin, l’enregistrement de leur témoignage « Ce n’est pas le début qui compte, c’est la fin ». À la sortie du studio d’enregistrement Polyphone records, à Chadeleuf, ils lancent : « Ce n’était pas un travail facile pour nous, mais on est contents de l’avoir fait ! »
Ils ont écrit leur histoire personnelleLes lycéens d'Henri Sainte-Claire-Deville ont été accompagnés dans ce projet par leurs professeurs et par Françoise Glière, auteure et metteure en scène et Théophane Bertuit du studio Polyphone records.
Ces cinq lycéens d’Henri Sainte-Claire-Deville ont été mis au défi, comme quatre autres classes de l’académie de Clermont-Ferrand, en octobre dernier, de partager par écrit leur histoire personnelle. Ils font partie de l’Upe2a, pour unité pédagogique pour élèves allophones arrivants, de l’établissement.
« Le projet (porté par la fondation Auteurs Solidaires, ndlr) s’appelle “Raconte-moi ta vie !” mais on n’aime pas trop la raconter. Ça nous blesse de nous rappeler ce qu’on a vécu, alors au début on ne voulait pas. Finalement on s’est dit qu’il fallait parler, pour que d’autres jeunes sachent ce qui se passe en Afrique. »
Des plages de Djerba à l'enfance en Côte d'IvoireOuday, 17 ans, a décrit son travail sur les plages de Djerba. Oumar aussi a évoqué des souvenirs de son pays. « On se moquait de moi quand je jouais au foot parce que je ne savais pas faire la passe. Dès qu’il y avait des matchs, on me laissait sur la touche », raconte celui qui est aujourd’hui attaquant dans l’équipe d’Issoire.
Leur arrivée en EuropeMabinty parle de la force des femmes, comme sa mère restée en Sierra Leone, et de son rêve de parler français. Ils se remémorent, difficilement, leur traversée de la Méditerranée pour rejoindre la France. L’un d’entre eux a écrit : « Je n’avais pas imaginé que ce serait comme ça. Ce qui m’a surpris ? On dit qu’en Europe, il y a tellement de bâtiments, d’immeubles, qu’on ne voit pas la terre. »
Ils ont mis leur témoignage en voixLes cinq lycéens ont enregistré au studio Polyphone records à Chadeleuf. Ils découvriront le résultat à la rentrée.
Un recueil de l’ensemble des récits sera édité à l’automne. En attendant, le jury a proposé à chaque équipe de faire une mise en voix. C’est comme ça que les cinq lycéens se sont retrouvés dans le studio de Théophane Bertuit, à Chadeleuf.
« On voulait un rendu plus professionnel par respect pour leur travail. Les élèves ont été accompagnés par nous, leurs professeurs, et sur cette deuxième partie, par Théophane et Françoise Glière, auteure et metteuse en scène », explique Christelle Ytournel, la documentaliste d’Henri Sainte-Claire-Deville.
L'enregistrement voyagera chez leurs familles en AfriqueLe résultat audio qui devrait durer une quinzaine de minutes n’a pas vocation à être partagé au grand public, pour le moment. Il sera diffusé, à la rentrée, aux participants et partenaires du projet lors d’une soirée rencontre. « Je le ferai écouter à ma famille quand j’irai les voir en Guinée », projette Alphabacar. Mabinty mettra aussi le livre, traduit en français par ses soins, dans sa valise.
Sans avoir encore écouté l’enregistrement, élèves, professeurs et encadrants sont fiers du travail accompli.
« Au début, on se demandait si on arriverait à aller au bout. On est fin juin et ils sont encore à l’école. Sans ce projet qui sort du scolaire et les fait progresser autrement, on n’est pas sûrs que l’on aurait réussi à les tenir jusque-là. »
Lisa Douard