Le beau-père accusé de viol à Saint-Flour (Cantal) et dans toute la France
Un homme de 62 ans est renvoyé devant la cour d’assises du Cantal jusqu’à jeudi pour des faits de viols et d’agressions sexuelles commis sur des enfants, dans sa belle famille.
Immense dans le box, l’accusé, 62 ans, prend frénétiquement des notes, noircit sans relâche un carnet (*). De l’autre côté de la salle, de jeunes adultes, regards hauts, écoutent les débats.
Eux, ce sont les plaignants. Quatre jeunes filles, deux jeunes hommes qui accusent le sexagénaire d’agressions sexuelles et de viols à partir de 2006, jusqu’à la dénonciation des faits, en 2017, alors qu’ils étaient encore adolescents. Ce sont les enfants de la seconde épouse de l’accusé, trois de leurs cousins et une amie de la belle-fille.
C’est le seul fait qui a été étudié ce lundi par la cours d'Assises du Cantal, un fait un peu à part : la plaignante est la seule à ne pas faire partie de la belle-famille – c’est une amie de sa belle-fille – et l’accusé a toujours nié face à ses accusations. À la barre, elle raconte une scène de 2011 : elle a 11 ans et, seule avec l’accusé à regarder la télé, elle sent sa main lui caresser la poitrine sous le t-shirt, puis le ventre, et tenter d’aller vers sa culotte. Ensuite, c’est le trou noir. Aujourd’hui jeune femme, elle raconte l’errance, la peur de ne pas être crue, celle de le croiser, la culpabilité, la première plainte, six ans plus tard, le premier classement sans suite… avant que les faits au sein de la famille ne soient dénoncés. Face à ce témoignage, l’accusé a louvoyé, ce lundi : s’il niait lors de l’instruction, « elle est extrêmement sincère, je suis perturbé, a-t-il expliqué. Ce n’est pas parce que je n’ai pas de souvenirs que c’est faux. » Avec ce type de caresses, il explique que « il n’y avait pas d’attirance sexuelle » Alors les faits dénoncés par la jeune femme, « c’est possible, je le faisais avec tous les enfants. » Relancé plusieurs fois au sujet de cette dernière phrase, il l’a finalement modifié : « Je le faisais avec tous les enfants de la famille. »
Lui, il est haut fonctionnaire, jusqu’à son incarcération en juin 2018. Marié une première fois, père de quatre enfants – aucun ne dénonce de tels faits – il divorce en 1999 avant de rencontrer la maman des victimes. Vite adopté dans sa belle-famille, c’est au cours de cette période, entre son domicile de Saint-Flour, où il rentre le week-end, et ses appartements à travers toute la France au gré des affectations, que se seraient commis les faits.
Dans toute la FranceÀ chaque fois sont évoquées des caresses qu’il prodigue, sur et sous les vêtements, avec la main, la bouche ou des objets, dans le lit le soir, ou en regardant la télé. Pour au moins trois d’entre eux, cela évolue vers des pénétrations, avec ou sans objets – brosses à dents, à cheveux, manche de couteau. Pour son beau-fils et sa belle-fille, les faits sont très réguliers.
Une fois dénoncé, l’affaire se règle d’abord en famille, en avril 2017 : il est sommé de quitter la maison et demande une mutation, qu'il obtient. Ce n’est qu’en 2018 que l’affaire est portée à la connaissance de la gendarmerie, qui a mené des investigations pour découvrir d'éventuelles autres victimes, en vain. En garde à vue, il reconnaît une partie des faits, les précise parfois. « Je n’avais pas conscience que j’étais déviant », a-t-il expliqué, hier, devant les jurés.
Pierre Chambaud(*) La Montagne ne publie le nom de l’accusé pour protéger l’identité des victimes mineures au moment des faits.