"Je buvais pour faire la fête, jusqu'au jour où j'ai compris que je ne pouvais plus m'en passer" : pour tenter de s’en sortir, Alex s'est fait hospitaliser dans le Puy-de-Dôme
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Du whisky ou du vin. Trois litres par jour minimum. Des semaines durant, Alex s’est noyé dans l’alcool et la désolation. Incapable de s’en sortir, incapable d’agir ni de vivre sans ivresse à outrance.
Une descente lente, périlleuse et destructrice. Et contrairement à certaines de ses soirées de beuverie solitaires, le quadragénaire n’a rien oublié de son mal-être, de son impuissance face à ce mal sournois qui happe et décape. À tous ces excès de bonheur éphémère, ces temps d’ivresse jusqu’aux lendemains qui déchantent, groggy et pourtant déjà prêt à recommencer.
À dire vrai, Alex n’a rien vu venir, il ne s’est pas méfié, lui l’ex joyeux propriétaire d’un bar pizzeria de campagne.
« J’avais l’alcool festif, je ne disais jamais non à mes clients. Je buvais pour faire la fête, pour avancer, je me sentais fort, jusqu’au jour où j’ai compris que je ne pouvais plus m’en passer… »
Il vend alors son affaire pour prendre ses distances avec la tentation. En vain, le mal est fait.
Être et à boireL’addiction est là et elle va multiplier ses problèmes. « Quand je buvais, tout le monde remarquait très vite que j’étais ivre, beaucoup trop ivre. Les regards ont commencé à changer. » Et lui avec. Chez lui, il veut boire, il doit boire. Qu’importe, le goût, qu’importe le vin ou le whisky.
« Je m’achetais des cubis de 10 litres au supermarché du coin. Je mettais tout au frigo, ça faisait passer le goût et je pouvais boire comme je voulais. »
Malade et malheureux il se fait hospitaliserAux silences des nuits solitaires quand femme et enfants sont couchés, Alex, lui, continue de lever le coude. Malade et malheureux. Alors il décide de demander de l’aide. Comme on jette une bouteille à la mer. « Je me suis fait hospitaliser neuf semaines au Centre hospitalier Etienne-Clémentel à Enval. » Objectif sevrage. Les premiers résultats sont là, la confiance et l’estime de soi refont peu à peu surface.
« Mais à ma sortie, fin avril, en plein confinement, j’ai pris 19 kg en trois semaines, j’étais en manque, cloîtré chez moi, et j’ai compensé par les sucreries. J’en ai énormément souffert. »
Puis le confinement a enfin été levé avec l’été. Néanmoins, les beaux jours vont à nouveau très vite assombrir l’horizon d’Alex.
*« Un soir de pétanque, avec des amis, j’ai pris une bière fraîche au frigo et le calvaire a aussitôt recommencé. Mes proches étaient inquiets. J’ai multiplié les écarts, les excès. Face à eux, j’ai culpabilisé. » Alors à la rentrée de septembre, il se met au sport de combat et au yoga, « pour me canaliser, c’était pour moi comme une porte de sortie, jusqu’à arrêter de boire. »
Un deuxième confinement... et tout rebasculeMais le deuxième confinement a fait voler en éclats ses espoirs et ses bonnes intentions. Radicalement et sans demi-mesure. « Je suis reparti faire des courses au supermarché. J’ai repris mes réflexes d’achats faciles et rien que d’imaginer mon ivresse à venir, cela me mettait dans une excitation particulière. » Alex replonge, complètement. Sa famille le voit sombrer, sa fille de 16 ans et son fils de 12 ans sont spectateurs d’une tragédie qu’ils n’acceptent pas.
« Quand mon fils m’a crié dessus en me disant que je n’étais qu’un pauvre alcoolique, ça m’a blessé mais il avait raison. Maintenant, je veux me relever, pour eux, pour moi, pour nous. Leur montrer que j’en suis capable. »
« J’étais en manque, cloîtré chez moi »Depuis janvier, Alex est de nouveau hospitalisé jusqu’en mai prochain. Il participe à des groupes de parole et de conseils. « Je vois les dégâts que peut faire l’alcool quand on va vraiment trop loin… C’est terrifiant. »
Alors, le quadragénaire va tenter de se reconstruire et d’y croire. Lui, trop longtemps l’homme ivre, veut juste arriver à redevenir un homme libre.
Carole Eon