Quand Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Bonnell ne connaissent pas Moulins (Allier) : « C'est encourager les électeurs à ne pas voter!»
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Tous les deux têtes de liste aux élections régionales Auvergne Rhône-Alpes, Najat Vallaud-Belkacem (PS) et Bruno Bonnell (LREM) ont séché pour donner le nom de la préfecture de l'Allier. A Moulins, cette impasse sidère des électeurs dénonçant «inculture » ou « amateurisme ». Réactions.
« Moulins ! Moulins outragé ! », pourrait-on dire en détournant une phrase d’un célèbre discours de Charles de Gaulle : « Paris ! Paris outragé ! »
Mais si le général connaissait très bien Moulins, notamment pour y être venu à deux reprises en visite officielle en 1948 et en 1959, ce n’est manifestement pas le cas pour Najat Vallaud-Belkacem (PS) et Bruno Bonnell (LREM). Tous les deux têtes de liste aux Régionales en Auvergne Rhône-Alpes (AURA), ils devraient pourtant, c'est la moindre des choses, connaître la géographie de leur territoire sur le bout des doigts. Hélas. Tous les deux n’ont pas su répondre à BFM TV qui leur demandait quelle était la ville préfecture de l’Allier (1).
— Jérôme Godefroy (@jeromegodefroy) April 21, 2021« Il ne fallait pas sortir de la cuisse de Jupiter »
A Moulins et son agglo, où nous avons interrogé quelques Bourbonnais au hasard des rues, les réactions oscillent entre consternation, indignation et amusement ironique. C’est ce dernier sentiment qui domine chez Jean-Pierre, 55 ans, cadre bancaire : « Nul n’est prophète en son pays, dit le dicton. Alors quand les élus ne connaissent même pas leur pays, on peut d’autant plus s’inquiéter pour eux... et pour nous, plaisante t-il. C’est tellement absurde, ubuesque, que je préfère en rire. Pour un candidat sérieux, il ne fallait pas sortir de la cuisse de Jupiter pour répondre à cette question. Ni même de celle de Macron ».Moulins, préfecture de l'Allier Guy, retraité de l’Education nationale, confie avoir « bien rigolé », lui aussi, devant « l’inculture administrative et politique » des deux impétrants. Mais son esclaffement a vite laissé la place à un autre état d’esprit : « C’est ensuite un sentiment de tristesse profonde que j’ai ressenti. Ils ignorent ce que tout élève est censé savoir à l’école primaire, en tout cas dans ma jeunesse où l’on enseignait les départements et les villes préfectorales aux enfants. Cela en dit assez long sur la faiblesse de la culture générale de ces deux candidats. Mais aussi sur leur amateurisme. Comment avoir l’ambition de se présenter à une élection, comment prétendre assurer la gouvernance d’une région en démontrant une méconnaissance aussi sidérante de choses aussi élémentaires !? ».
Guy : "Ils ignorent ce que tout élève est censé savoir à l'école primaire "
« Une ombre sur le personnel politique »Guy estime que cette « faute » pourrait avoir de lourdes conséquences dans les urnes : « Alors que l’abstentionnisme progresse et que les gens se désintéressent de plus en plus des débats, cela jette un ombre supplémentaire sur les capacités et les motivations du personnel politique, c’est encourager davantage les électeurs à rester chez eux plutôt que d’aller voter ».
Ira, ira pas… Rachel, demandeuse d’emploi dans le secrétariat de direction, raconte qu’elle ne sait pas encore si elle se déplacera dans l’isoloir les 20 et 27 juin prochains. Pourquoi ? : « Selon moi, que ce soit la gauche ou la droite, les uns ou les autres, ça ne changera pas grand-chose. On reproche souvent aux politiques d’être déconnectés de la réalité, de ne pas connaître le terrain et le quotidien des simples citoyens… Force est de constater que madame Belkacem et monsieur Bonnell apportent de l’eau à ce moulin et tendent le bâton pour se faire battre ».
Lucie : C'est comme si mes clients me demandaient ce que je vends et que je ne sois pas capable de leur répondre" « C’est vraiment désolant !, assène Lucie, 37 ans, chef d’entreprise. Je ne suis pas du genre à critiquer pour critiquer et j’aime bien laisser une chance aux gens. Mais là, il ne s’agit pas de débutants et, en plus, ce sont des candidats importants à un événement sérieux : une élection. Ils ont séché sur une question qui aurait dû être facile pour eux. C’est un peu comme si mes clients me demandaient ce que je vends et que, moi, à la tête d'une entreprise, je ne sois pas capable de leur répondre ».
(1) Najat Vallaud-Belkacem n'a pas donné de réponse le 15 avril ; Bruno Bonnell avait répondu Vichy le 25 février
Antoine Delacou
Photos Philippe Bigard