Ils sont fermés depuis près de six mois : que deviennent les gérants de bars à Riom (Puy-de-Dôme) ?

L’heure des grands travaux au bar de la Mairie

Il avait réalisé un "vieux rêve", l’été dernier, en reprenant le bar de la Mairie. Et les premiers mois ont été encourageants. "Ce n’était pas mauvais mais le bar n’était pas joli", souffle Joachim Zimmerhackl. La fermeture à l’automne a donc vite été mise à profit : rejoint dans l’aventure par son fils Andreas, Joachim a entrepris de "tout refaire de A à Z, la décoration, la cuisine, bientôt la terrasse, la création d’une salle qui sera dédiée aux jeux".

Les deux hommes bricolent presque chaque jour rue de l’Hôtel-de-Ville. "On s’occupe, on a la chance d’avoir un peu d’argent derrière et surtout des projets plein la tête. Car sinon, on tournerait en rond." Le duo prépare ainsi des soirées jeux, quiz, blind test, dégustation de whisky, de rhum… Tout sera prêt pour mai.

"On ne se tire pas de salaire évidemment mais les aides de l’État nous permettent de payer une partie des travaux. On attend désormais d’en savoir plus sur les conditions de réouverture : on a peur que les restrictions soient telles qu’on perde ce qui fait l’âme d’un bar, car on est avant tout un lieu de vie !"

Un "bar virtuel" au Player’s bar

Au Player’s bar, en face de l’ancienne Manu, David Chassagne a lui aussi entrepris des travaux dans son établissement, entre l’électricité et les frigos. "Tout ce qui est compliqué à faire quand on est ouvert", raconte-t-il. Et il passe chaque jour pour faire tourner ses bornes d’arcade. "J’y joue seul mais il le faut, leur moteur a besoin de tourner pour ne pas prendre la poussière", explique-t-il.

S’il prend aussi le temps de lire ou de jouer aux jeux vidéo sur sa chaîne virtuelle Twitch, David Chassagne a également monté un "bar virtuel" sur le réseau "Discord" : sur ce logiciel accessible sur téléphone, il y a un comptoir pour discuter, des salons pour échanger autour de thématiques ou regarder des séries tout en discutant à voix haute, des salles de jeux…

"Près de 300 clients sont inscrits, on se parle tous les jours", sourit David Chassagne, qui garde le moral. "Économiquement, ça a été dur l’an dernier mais les aides sont désormais plus importantes et me permettent de tenir jusqu’à la réouverture. J’ai hâte, mais ça va nous faire drôle ! Ce sera un sprint pour refaire les stocks, tout nettoyer… Il va y avoir une grosse attente, alors qu’on sera finalement un peu rouillé", rigole-t-il.

Un dixième anniversaire confiné aux Tanneries

Drôle d’anniversaire. Le 6 mai, Corinne Bossaron fêtera ses 10 ans de comptoir aux Tanneries à Riom. "On le fêtera peut-être l’année prochaine", sourit-elle. Un simple contretemps, car "Coco" dit "garder le moral". "Je me suis mise à la randonnée, j’ai redécouvert la région. On est plutôt bien aidé donc je n’ai pas de souci financier. Le plus dur, c’est le manque de contact avec les gens, c’est comme une drogue avec le temps…"

Et si elle se fait à l’idée que les bars "seront les derniers à rouvrir", elle espère surtout que le cadre ne sera pas trop contraignant. "Un bar, c’est la convivialité, les échanges au comptoir, le contact. Je ne m’imagine pas rouvrir avec les masques, les distances, le sens de circulation…"

À l’Indian Saloon, Nicolas Gennardi garde l’appétit

À l’Indian Saloon, Nicolas Gennardi n’est pas du genre à attendre les bras croisés. Alors il a lui aussi mis à profit la fermeture pour prendre le temps de la réflexion… et agir. "Ca m’a permis de me poser, de regarder ce qui se fait ailleurs, ça ouvre l’esprit, raconte-t-il. On va changer pas mal de choses. Sur la restauration, j’ai envie de faire voyager avec un road trip à la fois auvergnat, américain, italien, espagnol, tout en restant une brasserie. On va aussi mettre en place de la vente à emporter car je pense que les gens vont garder cette habitude."

Après dix-neuf années à la tête de cet établissement aux 33 salariés, il ne cache pas son impatience. Et ses inquiétudes. "Le premier confinement avait été très dur car étant donné notre chiffre d’affaires trop important, nous n’avions aucune aide. Depuis octobre, c’est mieux, ça permet de tenir, mais je préférais travailler?!"

L’avenir?? "Je suis quelqu’un d’optimiste mais je m’inquiète, j’ai des hauts et des bas : l’Indian, c’est toute ma vie", souffle-t-il, heureux de recevoir chaque jour des messages de soutien de ses clients. Et s’il espère ouvrir ses grandes terrasses mi-mai, il a fait en revanche déjà une croix sur sa piste de danse. "Il faudra attendre jusqu’à l’automne, estime-t-il.

Arthur Cesbron