Cinémas, musées et théâtres pourront-ils rouvrir mi-mai et dans quelles conditions ?
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Emmanuel Macron réunit plusieurs ministres ce jeudi, à l’Elysée, pour examiner les protocoles de réouvertures des lieux fermés pour raisons sanitaires. Cinémas, musées et théâtres sont dans les starting-blocks.
Comme une petite lumière au bout du tunnel. Le soir du 31 mars, lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé que « certains lieux de culture » rouvriraient « dès la mi-mai, avec des règles strictes », des dizaines de milliers de professionnels du secteur ont repris espoir.
« En fait, il s’agissait surtout pour nous d’une confirmation. Ce qu’a dit le président ce jour-là, on en discutait déjà depuis des semaines avec Matignon et le ministère », confie Marc-Olivier Sebbag, le délégué général de la Fédération nationale du cinéma français (FNCF).
Trois étapes, trois jaugesAprès de nombreuses hésitations et tergiversations, l’exécutif semble avoir tranché sur le cadre général de la relance des activités à l’arrêt forcé depuis l’automne. L’option choisie serait de tout faire redémarrer simultanément – bars et restaurants compris – en fixant des capacités d’accueil réduites.
Dans les salles obscures et les théâtres, le plan arrêté à ce stade prévoit un redémarrage en trois temps. La jauge serait d’abord abaissée à 35 %, puis 65 %, avant de repasser enfin, si les indicateurs sanitaires le permettent, à 100 %. Un délai d’un mois est évoqué entre chacune de ces étapes.
400 films en zone d'attente« Nous sommes dans notre sixième mois consécutif de fermeture. Il y a donc urgence à repartir, à la fois pour nous et pour nos spectateurs », insiste Marc-Olivier Sebbag. D’autant que les cartons sont pleins?: à cause du rideau tombé sur les écrans de l’Hexagone, plus de 400 films sont aujourd’hui en attente de projection.
Photo Fred Marquet
« La programmation de la reprise ne va pas être simple. Il va falloir que les distributeurs fassent preuve de souplesse pour que l’on puisse établir des calendriers échelonnés et équilibrés. Sinon, certains films risquent d’être sacrifiés »..
La même juge au passage « très exagérée » la jauge initiale de 35 %. « Ce seuil, dit-elle, ne tient pas compte de notre protocole très strict, qui a fait ses preuves l’an dernier, avant le deuxième confinement, et de l’autodiscipline très forte de nos spectateurs. »
Une réserve partagée par Bertrand Thamin, le directeur du théâtre Montparnasse à Paris, également à la tête du syndicat national du théâtre privé. « Nous avons déjà fait savoir au ministère de la Culture qu’à ce niveau-là, ce n’était pas viable pour nos établissements, qui ont des contraintes économiques différentes de celles du théâtre subventionné. Nous ne repartirions donc qu’à partir de la deuxième étape, avec une jauge des deux tiers. »
Photo Thierry Lindauer
Scepticisme autour de la date du 15 maiReste une question, forcément essentielle?: l’échéance du 15 mai avancée par le chef de l’État sera-t-elle tenue?? « Ça me paraît compliqué… Je ne suis pas médecin, mais ce que je vois, c’est que les courbes (de l’épidémie, NDLR) continuent de monter », répond Bertrand Thamin, encore échaudé par la précédente promesse présidentielle en la matière.
« Fin 2020, on nous avait assuré très officiellement que l’on rouvrirait le 15 décembre. On avait engagé beaucoup d’argent en amont sur cet objectif-là. Pour rien… »
« Le 15 mai, je le vois comme une hypothèse de travail, pas comme quelque chose d’acquis », abonde Benoît Decron, le directeur du musée Soulages à Rodez, qui reconnaît être « un peu gagné par la déprime ». Plannings, budgets, montages d’expositions?: le conservateur passe son temps à « faire et défaire ».
Avec ses équipes, il a aussi mis à profit cette nouvelle fermeture prolongée pour refaire la moitié de l’accrochage des œuvres permanentes de l’établissement.
« Mais là, on arrive un peu au bout du bout, explique-t-il. Quand un lieu est fermé depuis cinq mois, humainement, ça devient difficile de garder les gens concernés. Nos œuvres ont aussi besoin de retrouver leur public, au même titre qu’un comédien. Techniquement, on peut rouvrir en un claquement de doigt ou presque. On n’attend que ça. »
Stéphane Barnoin