Une école de l'innovation pédagogique à Saint-Bonnet-de-Salers, unique dans le Cantal
Lancée en 2018 à titre expérimental, l’École de l’innovation pédagogique de Saint-Bonnet-de-Salers, la seule du genre dans le département, enregistre une belle hausse des effectifs, chaque année, passant de 26 à 74 classes inscrites aujourd’hui. Une école pas comme les autres, dirigée par Delphine Monteil et axée sur la découverte culturelle et scientifique.
Ici, dans ce bâtiment hébergeant également la mairie, les cours se vivent différemment, dans un espace rassemblant deux classes, avec cantine, préau et jardin pédagogique d’inspiration médiévale où les plantes utilisées dans la première pharmacie de Salers trouvent une renaissance…Si, au départ, l’établissement ne ciblait que les élèves du Pays de Salers et de Mauriac, il accueille, depuis 2019, des écoliers de tout le département et projette déjà de s’ouvrir au second degré.
Cette année, près de 1.100 élèves cantaliens, de la petite section au CM2, ont suivi les projets dans leurs classes ou dans celle de l’école, toujours en lien avec la découverte de leur territoire, des sciences et de l’art. « Notre mission est de proposer des thèmes artistiques et scientifiques aux élèves et à leurs professeurs, développés sur une journée d’accueil des enfants préparée en classe puis poursuivis ensuite par les enseignants ou sur de gros projets sur toute l’année scolaire, explique Delphine Monteil, directrice de l’École de l’innovation pédagogique. Pour un travail à l’année, les élèves viennent deux à trois jours sur le site et j’interviens plusieurs fois dans les classes. On donne les moyens aux classes de faire des sciences et de pratiquer divers domaines artistiques, l’architecture, la photo, la création numérique… Et on favorise les rencontres avec les artistes et la fréquentation des lieux culturels. »
Dans le cadre de l’exposition d’été du Château de la Trémolière, 21 classes ont ainsi pu rencontrer et participer à une création de Fabien Verschaere.
Une exploration d’un univers artistique et fantastique qui se poursuit dans les classes et à l’école de Saint-Bonnet avec la création de films d’animation, « la fabrique des petits monstres » avec l’association Canopée.
En fin d’année dernière, 14 classes ont fait un peu de pratique de chimie en cuisine avec la fabrication du pain, de fromage frais (découverte de l’action de la levure et de la fermentation). La prochaine action concernera l’apiscope, la ruche vitrée située à l’école autour de la préservation de l’environnement et de l’abeille. Près de 650 élèves issus de 29 classes s’y sont inscrits.
Une ambiance ruche grandeur nature en cours de création par les élèves.
Le volet artistique prévoit la création d’une ambiance ruche dans une salle de classe avec effets visuels et sonores. L’école a un axe de formation des enseignants pour des démarches pédagogiques d’investigation en sciences et de création, de sensibilisation en art.« L’une de nos missions est de favoriser les moments de pratique et à valoriser le patrimoine culturel et naturel local, de faire découvrir le territoire. »
La ruche pédagogique.Plus qu’une thématique, une véritable façon de penser l’éducation pour Delphine Monteil, enseignante depuis 18 ans, originaire de Marchastel. « J’ai toujours enseigné dans des écoles rurales, j’ai été durant douze ans à l’école de Saint-Chamant puis j’ai passé mon certificat pour devenir formatrice à l’école de Frères-Delmas d’Aurillac. J’ai répondu à l’appel à candidature pour le lancement de l’école parce que je suis très attachée à faire bénéficier les enfants déjà isolés géographiquement de la culture, de la connaissance et de la valorisation du patrimoine qui les entoure. »
Comment fonctionne cette drôle d'école ?
Pour cette année scolaire 2020-2021 particulière en raison du Covid, 72 classes du département se sont inscrites au projet de l’école, version court séjour, et deux classes pour un travail sur toute l’année scolaire.
La formule courteUne journée sur site et du travail préparatoire en classe. Cette année, 72 classes du Cantal ont choisi cette option. « Avec de petits groupes et des espaces étendus, nous avons toute l’amplitude de recevoir les classes sur une journée, même en cette période de contraintes sanitaires », précise Delphine Monteil.
La formule sur toute l'année
« On a eu deux classes inscrites cette année (d’ordinaire, nous en accueillons cinq), à Salers et Saint-Martin-Valmeroux qui travaillent sur des projets sur toute l’année scolaire.»
« Cette année, on s’est recentré sur le patrimoine du village de chaque classe, notamment l’église romane. Les enfants ont suivi des ateliers numériques, photos, la découverte d’Eugène Atget, avec l’objectif de réaliser un carnet du patrimoine, version papier et numérique avec leurs photos, leurs dessins, leurs gravures. On est train d’éditer des visuels pour créer des cartes postales qui seront mises en vente. Un beau résultat pour les enfants qui verront ainsi leurs créations. En sciences, ils ont appris comment on soulevait les lourdes charges, au Moyen-Age, le système de poulies, de leviers. Ils vont aussi réaliser une maquette de voûte avec l’un de nos partenaires, le CAUE qui va leur expliquer un élément architectural. »
Les projets 2021-2022. Le projet longue durée, en cours de finalisation, devrait se concentrer sur l’univers des tapisseries d’Aubusson, à la Cité internationale creusoise et au Château de la Trémolière, en partenariat avec HS Projet, organisateur du Festival international du textile de Clermont-Ferrand. La découverte du métier de tissier avec la galerie « La Trame » d’Anglards-de-Salers… Et une artiste spécialiste de la tapisserie contemporaine, Sabine Cibert. Elle devrait être accueillie pour deux semaines en résidence. Un projet global évalué à 10.000 € pour lequel l’association de l’école recherche des financements.
Comment fonctionne l'école, financièrement ?
Sans l’Association pour la promotion de l’école de l’innovation pédagogique, présidée par Nadine Vidal, conseillère pédagogique sur le secteur de Mauriac, pas d’école, car les projets nécessitent des fonds pour être déclenchés. Ainsi, l’association recherche régulièrement des dons de particuliers ou d’organismes pour promouvoir ses activités. Côté partenaires, étant reconnue d’intérêt général depuis 2019, elle peut compter sur la Drac, la Daac, le Rectorat, le Département, les collectivités territoriales comme le Pays de Salers qui finance les outils pédagogiques et apporte une aide financière pour le transport scolaire, des mécènes privés et publics…
Magali Roche