Qui étaient ces Creusois qui ont combattu et sont tombés lors de la Commune de Paris en 1871 ?
Affamé, privé de ressources, refusant la capitulation devant les Prussiens, le peuple de Paris prenait le pouvoir, il y a 150 ans, donnant naissance à un gouvernement insurrectionnel, la Commune.
Du 18 mars au 28 mai 1871, les troupes des Fédérés s’opposèrent à celles du gouvernement de l’Assemblée nationale siégeant à Versailles.La « semaine sanglante », du 22 au 28 mai, où auront lieu des combats de rue sans merci, avec dans les deux camps, l’exécution de prisonniers et d’otages, sera le sommet de cette guerre civile, dont les Versaillais sortiront vainqueurs.
Ils ont combattu jusqu’au dernier jourDès le début de la Commune, de nombreux Creusois, pour la plupart ouvriers du bâtiment, s’engagèrent dans la rébellion, ce qu’ils paieront de leur vie ou de leur liberté. Un siècle et demi après ces évènements, le comité creusois des Amies et amis de la Commune de Paris 1871 leur rendra hommage avec la publication d’un livre et le tissage d’une tapisserie à Aubusson, financés par une souscription publique (lire ci-dessous).
Qui étaient les fédérés creusois (*) ? Majoritairement des hommes dans la force de l’âge (moyenne : 31 ans) et célibataires.Les documents relatifs à l’arrestation et au jugement de 218 d’entre eux montrent qu’ils étaient originaires des cantons de La Souterraine (21), Dun (17), Felletin (17), Le Grand-Bourg (16), Guéret (16), Bénévent (15), Bonnat (15), Saint-Vaury (13), Pontarion (12), Aubusson (11), Bourganeuf (11), Saint-Sulpice-les-Champs (9), Ahun (7), Jarnages (6), Chénérailles (5), Bellegarde (4), Châtelus-Malvaleix (4), Gentioux (4), Royère (3), Auzances (3), Boussac (2), La Courtine (2), Crocq (2), Evaux (2), Chambon-sur-Voueize (1).
Autre élément statistique, la place des Creusois dans la garde nationale et les corps francs : 206 en sont membres, dont 18 avec le grade d’officier et 14 celui de sous-officiers. Aucun ne dépasse le grade de capitaine, probablement en raison d’un défaut d’instruction.
De nombreux Creusois faits prisonniers ou exécutésLouis Parry, de Chénérailles, peintre en bâtiment, fait exception, ayant acquis une formation militaire au Cinq Hussards où il a servi de 1852 à 1859. Nommé lieutenant lors du 1er siège, puis cassé pour voies de fait en état d’ivresse, il sera élu capitaine le 13 mai par le 21 bataillon de la garde nationale, recruté dans le V arrondissement où vit plus de la moitié de la colonie creusoise de Paris.La détermination des combattants creusois était telle que les deux tiers des cadres moyens ou subalternes venaient du secteur du bâtiment.
Soixante-trois Creusois furent faits prisonniers le 28 mai, dernier jour de la Commune, lorsque tombèrent les ultimes bastions fédérés sur les hauteurs de Belleville et Ménilmontant. Mais combien d’autres moururent en défendant les barricades ou exécutés sans jugement par les Versaillais ? Ces cadavres ensanglantés et boueux, jetés dans un fossé, dans la bouche desquels est planté un goulot de bouteille ou une pipe étaient-ils ceux des combattants du 248e bataillon qui comptait le plus fort contingent de Creusois ? Sur la base du rapport Appert comptabilisant les communards condamnés, tués au combat ou exécutés, P. Urien estime à 1.600 le nombre de disparus (À suivre dimanche prochain).
(*) Travaux de Pierre Urien et de Françoise Bédoussac, publiés dans les Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse en 1990, 1992, 1993 et 1995.
Participer au projet. 11.000 € sont nécessaires au comité creusois des Amies et amis de la Commune de Paris 1871 pour financer le livre et la tapisserie.Demander un bon de souscription par courriel à 1871commune23@orange.fr ou par téléphone au 05.55.51.22.39. La souscription donne lieu à un abattement fiscal de 66 %. Le livre sera offert aux souscripteurs de plus de 30 €.