Assises de la Creuse : Xavier a été « dévoré » par Sandrine Capdevielle, une habitante de Haute-Vienne
Ce vendredi, lors du troisième jour du procès en appel de Sandrine Capdevielle pour le meurtre de Xavier, la cour s’est penchée sur la personnalité du jeune homme tué par arme blanche dans la nuit du 27 au 28 mai 2016, à Aixe-sur-Vienne.
Avançant la thèse de la légitime défense dans ce procès, l’accusée a dépeint un portrait sombre de celui qui a partagé sa vie pendant quatre ans.
Selon elle, c’était « dans la nature de Xavier d’être violent quand la porte se refermait » derrière eux. Le soir du drame, ce serait d’ailleurs ce comportement agressif qui aurait contraint Sandrine Capdevielle a arraché le couteau qu’aurait tenu Xavier pour le retourner contre lui.
« Un mort c’est pratique »« Votre ex-mari (avec qui Sandrine Capdevielle était avant Xavier, NDLR) nous a dit qu’il s’éloignait de vous quand il voyait la tension monter dans votre couple. Pourquoi n’avez-vous pas fait pareil ? », s’interroge le juge.
« Bien souvent je m’enfermais dans ma chambre pour être tranquille, mais il était lourd, il me collait, il voulait tout le temps discuter. »
Pour Me Plas, l’avocat de la partie civile, Sandrine Capdevielle « essaye de se draper dans les oripeaux d’une victime de violence conjugale. Un mort c’est pratique, on peut tout lui faire endosser et le réduire à son alcoolisme. »
Appelé à la barre, Jacky, le père de Xavier, est partie civile. Avec douleur, il se souvient de ce samedi 28 mai 2016. Ce jour de fête des mères où on lui a demandé de se rendre à la gendarmerie. « Je me suis dit qu’il s’était encore passé un truc chez Mme Capdevielle », pense-t-il, avant d’apprendre le décès de son fils.
Un homme battuCar Jacky savait que Xavier entretenait une « relation néfaste » avec Sandrine Capdevielle. Il a vu la balafre sur le visage de son fils la fois où l’accusée l’aurait entaillé avec un tesson de bouteille. Sans oublier ses jambes tuméfiées après avoir été frappées par une batte de baseball.
Il a vu Xavier être harcelé sur son téléphone par Sandrine Capdevielle à tel point qu'un jour, le jeune homme a dû quitter une fête de famille à laquelle elle n’était pas conviée. Il a surtout compris assez rapidement que son fils était « sous l’emprise » de l’accusée. C’est pour cette raison que l'accusée n’intégrera jamais la sphère familiale de Xavier.
« Une profiteuse »Jacky ne compte également plus le nombre de fois où il est allé chercher son fils après qu’il se soit fait mettre à la porte de chez Sandrine Capdevieille. Selon la belle-mère de la victime, le jeune homme « était le bienvenu chez elle entre le 5 et le 10 du mois », lorsqu’il avait touché son allocation. « Mais aux environs du 10, on savait qu’il fallait aller le chercher. »
D’autres témoins, sans être forcément des proches de Xavier, ont le même sentiment sur Sandrine Capdevieille : « une profiteuse », « une personne intéressée par l’argent » qui a fait de Xavier « son casse-croûte ».
« Un garçon gentil, qui avait de l’or entre les mains »Fragilisée par des traumatismes anciens, comme le décès de sa mère, la victime tombe insidieusement dans l’alcoolisme et va par la suite « accepter des choses qui sont inacceptables » de la part de l’accusée, selon Me Plas.
Vampirisé dans sa relation, il n’est plus en mesure d’écouter les conseils de ses proches, unanimes pour lui dire de quitter Sandrine Capdevieille. L'avocat de la partie civile reprend un terme employé dans la presse : l'accusée est « une mante religieuse », qui « absorbe », dévore ses victimes.
« Il y avait de l’espoir pour Xavier. Mais Mme Capdevieille a volé cet espoir. »
De l’optimisme, ses proches en avaient, car Xavier était un « homme gentil, serviable, plutôt blagueur, qui avait de l’or entre les mains », résume l’avocat de la partie civile. Propriétaire d’une grange qu’il avait retapé avec son père, il s’était découvert des aptitudes pour la maçonnerie et était passionné de mécanique automobile.
Saoul, « il s'endormait dans un coin »Conscient de son alcoolisme, Xavier essayait de se soigner, en témoignent les différentes cures qu’il a effectuées et le traitement qu’il prenait. Mais « jamais » il n’a été violent, témoignent ses proches, dont des amis et une ex-petite amie. « Quand il avait bu, Xavier était du genre à aller s’endormir dans un coin. »
Dans ce procès, la famille « ne vient pas chercher une vengeance, elle espère seulement une reconnaissance publique de la peine qu’elle endure. Dans ce dossier, c’est Mme Capdevieille qui a tué. Xavier est une victime sans visage », a plaidé Me Plas.
Infos. Le procès reprend mardi, pour une dernière journée d'audience.
Daphnée Autissier