Trop de grèves pour des parents d’élèves de Clermont-Ferrand

Excédé, par « le mouvement de grève interminable dans les écoles de Clermont-Ferrand qui empoisonne la vie des parents clermontois depuis le début de l’année scolaire », Alexandre Berthet, papa de trois enfants, dont deux sont scolarisés, l’un à Paul-Bert, l’autre à la Pradelle, a pris la plume.

Ce courrier, dénonçant les fermetures à répétition des cantines et des garderies périscolaires, est allé directement sur le bureau du maire de Clermont, Olivier Bianchi.

J’ai été rappelé par un élu, pour m’entendre expliquer que le dialogue était engagé avec les syndicats, que le maire allait taper du poing sur la table…

Élue à l’association de parents d’élèves de La Pradelle, Carole Boned confirme le ras-le-bol des parents, « surtout ceux qui travaillent. Nous sommes prévenus la veille pour le lendemain, c’est très difficile de s’organiser ». Et oui, confirme-t-elle, « il y en a plus que l’an dernier ».

Un mouvement national et local

Huit jours de grève depuis fin janvier, dont trois journées sont à l’initiative de l’intersyndicale réunissant les organisations syndicales de la ville.

En effet, ce mouvement local s’inscrit dans une dynamique nationale de revendication sur les conditions de travail des agents de service du service public municipal (écoles, crèches…).

Pour la grève du 5 février, 151 agents grévistes, 20 % des effectifs. Pour celle du 26 février, 62 agents (8 %) et celle du 5 mars, 24 agents (3 %).

En intersyndicale

À Clermont, la CFDT, la CGT, FO, SUD-CT et Unsa réunis expliquent que « la période pandémique met les agents en difficulté ».

Pour la CGT, Sébastien Voisse et Antony Chaleix pointent également « la hausse des effectifs de 20 % des élèves, sans hausse des effectifs dans les cantines et garderies ».

C’est intenable au quotidien. Avec les mesures sanitaires, nous en sommes à organiser trois services à la cantine avec parfois seulement dix minutes pour manger et encore après 13 heures », décrivent Nicolas Chassagne et Matty Ould Selmou, pour la CFDT.

Et Caroline Lardy, également CFDT, de préciser : « Il faut bien que les parents comprennent que l’on se bat pour le bien-être de leurs enfants?! ».

À Clermont, la CFDT, la CGT, FO, SUD-CT et Unsa réunis expliquent que « la période pandémique met les agents en difficulté »  

Tous ont entendu la grogne des parents : « Il n’y a pas d’autres mouvements de grève prévus tout de suite, nous envisageons de leur faire un courrier pour nous expliquer. Notamment que l’on dépose un préavis une semaine avant et que la mairie compte les grévistes 48 heures avant. Ce n’est pas de notre fait si les parents sont prévenus au dernier moment?! ».

Un dialogue social apaisé ?

Le ton est donné, l’apaisement du dialogue social n’est pas à l’ordre du jour. Même s’ils reconnaissent que la Ville a déployé des moyens face à la crise, « nous ne sommes pas considérés comme des partenaires sociaux mais comme des opposants », déplorent-ils.

Cécile Audet, adjointe au maire en charge de l’Éducation, ne comprend pas vraiment : 

« Nous avons accédé à leur revendication de suspendre la mise en place de la réforme du métier de concierge, nous avons fluidifié les services de cantine à leur demande. Nous sommes dans un échange permanent ».

120 % des besoins couverts

Tenant compte de l’intensification du travail liée aux contraintes sanitaires, les conséquences psychologiques de la crise, « la Ville a déployé des moyens de manière à couvrir à 120 % les besoins : 81 CDD, 45 intérimaires, 30 vacataires dans le secteur de l’animation et une vingtaine d’agents de la ville redéployés ».

Des titularisations

Les syndicats ne nient pas ces chiffres, « ni les efforts faits. Il ne s’agit pas de cela. Mais de dénoncer ce recours à l’intérim, aux contrats précaires… en lieu et place de titularisations que nous réclamons. Un service de qualité, on ne peut former un précaire tous les jours?! ».

Et d’insister : « Ces chiffres sont à mettre en perspective. La direction de l’enfance, à Clermont, c’est 750 agents?! ».

Cécile Audet argumente :

« Nous sommes soucieux de tout cela. Le maire a reçu les syndicats le 1er mars. Nous protégeons les agents. Aujourd’hui, dans le secteur de l’enfance, 49 personnes fragiles ont une "autorisation spéciale d’absence" (ASA). Par ailleurs, depuis le précédent mandat, 47 responsables d’accueil de loisirs et 62 référents éducatifs ont été titularisés ». 

Cécile Bergougnoux