L'entreprise Mercorne, installée en Lozère, va ouvrir une boutique sur le bassin de Thiers
L’entreprise Mercorne fournit de la matière pour les manches de couteaux. Basée en Lozère, elle va bientôt ouvrir une boutique dans le bassin de Thiers (Puy-de-Dôme).
C’est un visage bien connu des couteliers thiernois qui va rejoindre le bassin dans quelques mois. Benoît Canonge est le commercial et le responsable recherche et développement de l’entreprise Mercorne, installée à Langogne, en Lozère.
Depuis plusieurs années, tous les mois, pendant une semaine, il vient à Thiers pour présenter ses produits destinés à devenir des manches de couteaux. « En moyenne, je vois 35 clients en cinq jours, raconte-t-il. Je décharge mon camion chez chaque coutelier, mais je ne peux pas leur montrer la totalité de nos produits. »
Thiers, son plus gros marchéComme sur ses 5.000 clients, le bassin de Thiers représente le plus gros marché avec une soixantaine, l’entreprise Mercorne veut y ouvrir une boutique qui exposera l’intégralité de son stock.
« Cela permettra d’être au plus près de nos clients et d’avoir un pied dans le bassin thiernois, pour pouvoir respecter la Jurande, qui demande aux couteliers de se fournir en priorité aux commerçants du bassin thiernois », livre-t-il. Benoît Canonge est d’ailleurs membre de la Confrérie du couteau Le Thiers® depuis 2012. Ses parrains sont Pierre Cognet et David Ponson, et lui-même parraine Tim Bernard.
L’usine restera à Langogne, afin de ne pas « déraciner » ses salariés. La boutique sera tenue par Benoît Canonge et un autre employé. Un achat immobilier est en passe de se concrétiser. Si tout concorde, la boutique pourrait ouvrir à partir du mois de septembre.
Une entreprise créée en 1992C’est une nouvelle étape pour cette entreprise créée en 1992 et qui n’a depuis cessé d’évoluer. Tout a commencé lors d’une partie de golf. Gérard Boissins, le patron de la Forge de Laguiole, fait part à Pierre Castanier de ses soucis d’approvisionnement en matière première. Celui-ci, qui vit alors en Côte d’Ivoire, propose de rapporter un sac de cornes de zébu blondes.
« C’est exactement ce qu’il recherchait. C’est comme ça qu’ils ont créé l’entreprise avec son frère, Charles Castanier, retrace Benoît Canonge. Mercorne, c’est la corne qui vient par la mer, et cela fait aussi référence à Saint-Flour-de-Mercoire, là où ils ont leur maison de campagne, en Lozère. »
Deux ans plus tard, Pome Castanier, la fille de Pierre, reprend les rênes de l’entreprise, qui ne propose alors qu’un seul produit à un seul client. Elle lance la diversification et l’innovation. Elle présente des produits sur des salons de couteaux, importe de l’ivoire de mammouth, met au point une méthode pour stabiliser le bois et faire des inclusions dans de la résine (plumes etc.).
Parce qu’elle a toujours eu la volonté de proposer des nouveautés aux couteliers
estime Benoît Canonge.Coutellia 2019.
Plus de 500 variétés de matériauxPome Castanier est toujours à la tête de l’entreprise qui compte neuf salariés et enregistre un chiffre d’affaires de 600.000 €.
« Pome, c’est la tête pensante, elle a une vision créative des matières, reprend-il. Après, c’est moi, avec un ingénieur matériaux et un ouvrier spécialisé, qui répondons aux idées et aux envies de Pome, en essayant de les produire à l’atelier. »
En provenance et à destination du monde entierDans la petite usine de Langogne, les trois employés stabilisent donc le bois, réalisent des inclusions, et découpent les pièces de bois brutes, en blocs ou en plaquettes, par exemple.
Dans ce petit coin de Lozère, transitent des matières premières du monde entier. De l’ivoire fossile et de la molaire de mammouth de Sibérie, de l’os de girafe d’Afrique du Sud, des bois exotiques d’Amérique du Sud ou d’Afrique centrale, du corail d’Asie… « Nous avons aujourd’hui plus de 500 variétés de matériaux », souligne le commercial.
Ces matières viendront orner toutes sortes de couteaux. Mercorne travaille aussi bien avec de grandes entreprises qu’avec de petits artisans à leur compte. « Et beaucoup de Meilleurs ouvriers de France », précise Benoît Canonge. Des couteliers installés en France, ou partout ailleurs sur la planète.
Ce tour du monde auquel invite l’entreprise Mercorne sera bientôt au départ de Thiers. De quoi la confirmer comme l’une des capitales internationales de la coutellerie.
Alice Chevrier