Après la Révolution les cloches de l'église de Chamalières (Puy-de-Dôme) ont-elles été fondues pour en faire des canons ?
C’est une histoire très peu connue mais une manufacture d’armes a fonctionné brièvement à Chamalières durant la période post-révolutionnaire. En 1793, Georges Couthon prend un arrêté contre l’exercice des cultes. Selon le livre d’André Georges Manry, consacré à l’histoire de la commune, le 27 décembre 1793 les cloches sont descendues du clocher de l’église de Chamalières et emportées à la fonderie des canons de la Saigne, dirigée par Philippe Boyer, teinturier à Clermont. Quelques jours plus tard c’est au tour de celles de Royat de connaître le même sort. Boyer achetait le bronze partout où il en trouvait et vendait ses canons à l’armée ou aux villes qui souhaitaient se défendre contre un éventuel ennemi en cette période troublée. Malheureusement ces canons se révélèrent de piètre qualité et certains explosent lors de leur première utilisation. L’usine est fermée et Boyer mis en prison.Plusieurs versions différentes concernant l'histoire des cloches de l'église Notre-Dame de Chamalières. Photo Remi DugneMais la tentation est grande (et facile) de dire qu’il y a quelque chose qui cloche. Car cette information semble contredite par un autre ouvrage relativement récent (Les cloches du Puy-de-Dôme du chanoine Craplet) qui affirme que Chamalières aurait conservé, à ce jour, deux cloches antérieures à 1791, descriptions précises à l’appui. Et en parfaits disciples de Saint-Thomas que nous sommes, nous l’avons vérifié de visu : ces cloches datent, pour la plus grande de 1705 et pour la plus petite de 1723.
Descendues puis replacées ?Cloches de l'église de Chamalieres. Photo Remi DugneMais alors quelles explications apporter pour étayer ces deux versions, a priori, très différentes d’auteurs dont la bonne foi n’est pas contestable (*). Christine Labeille de la commission diocésaine d’art sacré en charge de la mission des inventaires avance quelques hypothèses : « Les cloches de l’église de Chamalières ont sans doute été descendues en 1793 comme l’indique le livre de Manry. Puis, soit l’alliage dont elles ont été faites ne correspondait pas à celui recherché pour faire des canons, soit elles ont été détournées et placées à l’abri » par des âmes charitables. Mises en sécurité pendant probablement plusieurs années « elles ont été remises en place lors de l’une des nombreuses modifications architecturales de l’église. En l’occurrence la construction de l’actuel clocher au XIXe siècle. »(*) Sources : Comment regarder une église, Armelle le Gendre, éditions Hazan. Chamalières, de André-Georges Manry et Pierre Chazal. Les cloches du Puy-de-Dôme, de Bernard Craplet et Pierre-François Aleil. Remerciements à la Commission diocésaine d’art sacré et notamment Christine Labeille et Annie Issert ; à Alain Tourreau guide conférencier.
Les cloches rythment la vie de la paroisseLes cloches convoquent l’assemblée chrétienne et rythment les étapes de la communauté paroissiale. Elles peuvent sonner les heures, appeler à la prière ou célébrer les événements importants pour la communauté chrétienne. Elles peuvent également traverser la vie de la société civile à travers les sonneries du 11 Novembre, de La Libération ou lors d’événements dramatiques. Le 25 mars 2020, en raison de l’épidémie de Covid-19, toutes les cloches des églises ont sonné à 19 h 30, en signe de fraternité, d’espoir et de remerciement au personnel soignant. Plus récemment encore les cloches de France ont sonné le jeudi 29 novembre 2020 en hommage aux trois victimes de l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice.
C'était hier....Ce sont assurément des photos surprenantes de l’église et à notre connaissance elles ont rarement, voire jamais, été publiées. Ce document nous replonge pourtant dans un passé sans doute pas si lointain, probablement au début du XXe siècle, entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Des bâtiments sont alors encore adossés aux murs de l’église, plus particulièrement des commerces, qui sur ces photos (Collection direction régionale des affaires culturelles) sont en cours de démolition. Sur le côté un camion des établissements Mérand, bières, charbon et son chauffeur probablement affairé à démarrer son véhicule à la manivelle.Un environnement profondément modifié aujourd’hui.L'église de Chamalières aujourd'hui.
Pascal Guinard
pascal.guinard@centrefrance.com