"Alice", la machine à pizzas, une alternative à la fermeture des restaurants, à Tulle (Corrèze)
Depuis décembre 2020, la pizzeria B&N a installé un automate qui vend 24 h /24 des pizzas fraiches, en centre-ville de Tulle. En moyenne, une vingtaine de pizzas sont achetées chaque jour. On vous explique comment cela fonctionne.
C'est une grosse machine, un cube installé depuis mi-décembre, sur le trottoir avenue Victor-Hugo à Tulle. A l'intérieur, la pizzeria B&N peut stocker jusqu'à 96 pizzas. Mais pourquoi les gérants ont-ils misé sur cet automate et comment cet appareil fonctionne-t-il ?
Un moyen de pallier la fermeture du restaurantL'idée d'installer la première machine à pizzas de Tulle est née bien avant l'arrivée de la pandémie dans la tête de Lilian Boissinot et Jérémy Novais, les gérants de la pizzéria B&N installée rue Jean-Jaurès. "Nous avions lancé des études avant la pandémie mais j'avais des réticences quant à la qualité des pizzas", indique Lilian Boissinot. Finalement, c'est la pandémie qui a accéléré le projet : "Nous avons fait le tour de tout ce qu'il était possible de faire pour pallier la fermeture du restaurant, confie le gérant. Il y avait deux possibilités : développer la livraison à domicile, ce que nous avons fait puisque maintenant nous livrons vingt-cinq communes autour de Tulle. Et installer un automate". Ce qui a été fait le 16 décembre pour un budget de 63.000 euros. Au final, puisque la machine doit être alimentée par des pizzas fraîches, elle a permis de limiter le chômage partiel des salariés de B&N.
Douze pizzas différentes préparées au restaurantLe client peut choisir entre une douzaine de recettes de pizzas.Cet appareil permet aux clients d'acheter des pizzas fraîches, tous les jours, 24 h /24. "Les pizzas sont faîtes par les pizzaiolos du restaurant, chaque jour" précise le commerçant. Mais toutes les pizzas qui sont à la carte du restaurant ne sont pas au menu de la machine. Notamment pour des questions techniques. "On ne peut pas mettre une calzone parce que la boîte est standard. En revanche, sur les 32 pizzas à la carte au restaurant, une douzaine le sont aussi dans la machine. En fait, ce sont les plus vendues au restaurant que nous mettons dans la machine. "Les pizzas, d'une taille unique de 30 cm, sont donc mises fraîches dans leur carton et nous les amenons dans la machine". Stockées à l'arrière, dans un énorme frigo, elles peuvent être conservées "entre 48 et 72 heures selon la recette".
Vendue chaude ou froideLe client peut commander sa pizza directement à la machine ou via internet et l'application Smartpizza. Il a le choix entre douze variétés et peut la commander froide ou chaude. Une fois la commande passée, l'automate s'active. Grâce à l'intelligence artificielle, le robot identifie, grâce à un code-barre, la pizza choisie, la prend dans son casier et la livre, via une trappe, en trente seconde si elle est froide. Si elle est voulue chaude, le robot sort la pizza de sa boîte, la glisse quatre minutes dans l'un des deux fours, puis la remet dans sa boîte avant de la remettre au client via la trappe. "Ce qui m'a plu, c'est que ce sont de vrais fours, pas des réchauffeurs et cela change tout en matière de qualité", ajoute Lilian Boissinot.La machine peut contenir jusqu'à 96 pizzas qui sont gérées par un automate.
La machine exclut les pizzas en date limiteLa machine, pleine de capteurs, est capable de dresser un inventaire des pizzas restantes, ce qui permet au client de savoir s'il reste ou pas des pizzas poulet s'il en veut. Quand une pizza atteint sa limite de péremption, la machine l'exclut de son tiroir dès que la machine est ouverte par le commerçant.
Nous venons faire du reassort de pizza chaque jour, précise le gérant. Dès que l'on ouvre, si une pizza est en date limite, elle sort de son tiroir et nous ne pouvons pas refermer la porte tant que cette pizza n'a pas été enlevée
Pour les pizzas qui approchent de la date de péremption, la machine, qui est pilotée à distance via les smartphones des commerçants, peut afficher une promotion pour les écouler. Un code promo peut aussi être appliqué dans certaines conditions : ainsi les gérants envisagent d'en appliquer un pour les étudiants.
Des commandes qui augmententEn deux mois, la fréquentation de la machine à pizzas que l'équipe de B&N a baptisée Alice n'a cessé d'augmenter. "En moyenne, nous en vendons vingt par jour et cela augmente mois après mois", assure le gérant de la pizzéria. Avec une réelle demande aux heures de fermeture du restaurant : "nous vendons plein de pizzas entre 17 et 18 heures à la machine. Principalement des pizzas froides que les clients font cuire après le couvre-feu, chez eux."
Comment les commerçants de la Corrèze réagissent au couvre-feu généralisé à 18 heures ?
Quelques ventes la nuitVia le smartphone, les commerçants peuvent suivre, en direct, l'évolution des ventes de la machine. Avec quelques surprises, notamment en ces temps de couvre-feu : "il y a des ventes la nuit. Je pense que ce sont des gens qui travaillent la nuit qui s'arrêtent pour acheter une pizza."
A Tulle, il existe une autre machine à pizzas, plus ancienne. Installée par Pizza Piu avenue Ventadour, elle propose aussi sept jours sur sept des pizzas fraîches. "J'ai actuellement deux machines : l'une à Tulle, l'autre en cours d'installation à Saint-Mexant et qui sera opérationnelle dans les semaines à venir, explique le gérant de la pizzeria Thomas Riquet qui est un pionnier des automates sur Tulle. Sa première machine à pizzas, il l'a installée en 2011 à Egletons. Chez Pizza Piu, l'automate est alimenté par la pizzeria située juste en face."Nous avions une pizzeria. Quand elle a fermé, nous avons installé un automate, c'était le premier sur la zone de Tulle." Dix ans plus tard, Thomas Riquet a du recul sur ces machines : "ce n'est pas une activité à part entière, estime-t-il, c'est un complément d'activité. Pour nous l'important était que les clients ne se cassent pas le nez sur une boutique fermée, qu'ils puissent acheter une pizza de qualité quand ils le veulent. Cette machine, nous a aussi permis de fermer une journée par semaine. Ce jour-là, l'automate prend le relais."
Texte : Estelle Bardelot
Photos : Delphine Simonneau et Agnès Gaudin