Dialogue de sourds entre éleveurs de bovins et grande distribution en Corrèze

Dans un contexte de crise des prix et de baisse de la consommation, le responsable des achats de viande pour le groupe Carrefour était attendu ce jeudi 4 mars à Tulle par la FDSEA et les J.A 19.

Les éleveurs corréziens s’y attendaient : la réunion qui s’est tenue ce jeudi 4 mars, à Tulle, « a été très houleuse », selon les mots de Laurent Boisset, éleveur à Masseret et président de la section bovine de la FDSEA 19.

Invité par les responsables de la filière bovine du département, le responsable pour Carrefour des achats viande n’a répondu à aucune des attentes exprimées par les éleveurs.

« Un accord signé mais pas respecté »

À l’issue de cette réunion, ce responsable, Bertrand Eon, a indiqué que « plusieurs pistes ont été évoquées pour aller vers un meilleur prix payé aux éleveurs ». Il met en avant les frais d’abattage, de désossage et d’acheminement pour justifier le prix trop faible proposé aux éleveurs. Selon lui, il faut « créer de la valeur pour pouvoir en donner un peu plus aux éleveurs ».

 De gauche à droite : Antoine Brousse, secrétaire général J.A, Pierre Cazes, vice-president J.A et Laurent Boisset, Président section bovine FDSEA Correze. Créer de la valeur… Des propos sibyllins qui n’apaisent pas la colère des éleveurs. « Ce que nous constatons, nous, c’est que la grande distribution ne respecte même pas son engagement puisque leurs représentants ont signé l’accord interprofessionnel des indicateurs de coûts de production qui était pour les agriculteurs français le plus important dans la loi Egalim »

Les actions coup-de-poing risquent de continuer

Pour exemple, le prix au kilo pour un bovin de moins de 6 ans qui devrait être de 5,20 €, selon cet accord, est aujourd’hui autour de 4,20 €. Ce qui, à l’échelle d’une exploitation, est considérable en perte financière. Bertrand Eon a souligné que Carrefour s’apprêtait à faire « basculer tous les rayons viande en qualité label rouge et payé selon les conditions de ce label ». Mais il semble que du côté des éleveurs corréziens, la confiance soit très entamée, pour ne pas dire rompu.

« Les actions coup-de-poing vont sans doute continuer » prévient Laurent Boisset.

Arnaud Besnard