Radio Pays de Guéret lance une série de concerts diffusés en live
Crash test réussi pour Radio Pays de Guéret. A la fin du concert du rappeur Gus Di Original, diffusé en direct de la Quincaillerie le samedi 27 février à 14 heures, Thibaud Blond, directeur de l’antenne, ne cachait pas son soulagement : « J’en ai pas dormi de la nuit, je songeais à tout ce qui ne pouvait pas fonctionner… » Et tout a marché : les éclairages, le son, la captation vidéo par Télé Guéret Vision, le Facebook Live et bien sûr les 45 minutes de concert, précédées d’une interview du rappeur par l’animatrice Anne-Laure Le Joliff.
« Faire du rap devant des gens, ça fait longtemps… »S’il y en a un qui n’a pas non plus passé une nuit des plus tranquilles, c’est bien le rappeur creusois Gus Di Original, venu inaugurer cette série de concerts intitulée « Staying A Live » (littéralement « rester en direct » ou bien, par jeu de mots, « rester vivant »). Dans ses souvenirs, son dernier concert remonte à environ un an et demi. « Il faut stresser bien comme il faut avant un concert. Tu passes une mauvaise nuit, mais il y en aura bien des meilleures… » a-t-il relativisé au micro d’Anne-Laure Le Joliff.
Il y a fort à parier, en effet, qu’il fasse de beaux rêves en repensant à sa performance du jour : « Ca fait trop du bien de ne serait-ce que jouer devant neuf personnes, ce qui doit correspondre à mes pires jauges. Faire du rap devant des gens, ça fait longtemps… ». Le Creusois au flow inspiré de IAM reconnaît toutefois qu’enchaîner les chansons sans avoir d’interaction directe avec le public n’est pas chose aisée. « Je suis habitué à jouer dans les bars, confie Gus. Pour moi c’est le meilleur moyen de s’exprimer, car on est au même niveau que les gens ».
Artistes et directeurs de salle sont très inquiets à Guéret : les arts vivants meurent en silence
Thibaut Blond admet que ce manque de contact direct avec un public a pu refréner certains artistes, qui ont décliné l’invitation tout en soutenant l’initiative. Mais c’est sans hésitation aucune que Gus a accepté de « casser les plâtres », tentant plusieurs « Vous êtes chauds RPG ??? » sur scène, avant d’ironiser sur le manque de réactions d’un public physiquement absent.
Ce qui n’a pas empêché des dizaines de personnes de suivre sur Facebook la prestation engagée de ce grand fan de Jean Ferrat – dont il a par ailleurs repris le célèbre Nuit et Brouillard version rappée. Montée du Rassemblement national, gestion erratique du système de santé, crainte d’un basculement vers une société de surveillance : on sent que même si la crise sanitaire l’a empêché de monter sur scène, elle aura également nourri son inspiration.
Un format amené à se pérenniserAprès ce « ballon d’essai » réussi, Radio Pays de Guéret entend poursuivre sur cette voie. Deux groupes sont déjà calés et d’autres devraient suivre, dans la diversité de styles musicaux qui caractérise RPG. « Cela n’a rien de provisoire, prévient Anne-Laure Le Joliff. Les gens pensent revenir à la normale “quand ce sera terminé” mais à mon avis, il faut redescendre sur terre… Du coup on s’adapte ».
Pour le directeur d’antenne, l’idée était dans les cartons depuis longtemps : « On est dans une situation horrible où le public ne peut pas aller voir un concert, les artistes ne peuvent pas s’exprimer sur scène… Alors on a profité de l’opportunité de la crise. » La semaine dernière, le conseil de l’Agglomération du Grand Guéret a voté à l’unanimité pour donner à RPG les moyens techniques nécessaires pour réaliser ce live. Une dotation qui sera peut-être amenée à augmenter, pour avoir plusieurs angles de caméra et améliorer l’interaction avec le public sur Internet.
Tom Jakubowicz