Les propriétaires forestiers de l'Allier et de la France entière font don de chênes pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris
Il faudra 1.324 chênes pour recréer la charpente de Notre-Dame de Paris détruite par un incendie qui a duré quinze heures, la nuit du 15 au 16 avril 2019. Les propriétaires forestiers de la France entière se mobilisent actuellement pour sélectionner et abattre des arbres, avant la fin du mois de mars, et ce gratuitement. Reportage dans l'Allier.
« Quand Notre-Dame de Paris a brûlé, l’émotion nationale a été forte. La retransmission en direct de l'incendie nous a tous frappés. Après quoi, nous sommes plusieurs propriétaires forestiers à avoir spontanément proposé à notre coopérative de donner des arbres pour refaire la charpente en chêne », raconte Xavier de Montlaur, dont le groupement forestier familial s’étend sur 700 hectares, entre les communes de Jaligny, Thionne et Tréteau, au cœur du département de l’Allier.
Un an et demi après le drame, un cahier des charges précis des besoins en chêne a été élaboré pour élever une nouvelle charpente à la cathédrale construite en 1163 et 1345. Ce cahier des charges a été transmis cet hiver, aussi bien à l’office nationale des forêts qu’aux coopératives privées.
1.384 chênes nécessairesIl faudra 1.384 chênes, détaille Philippe Veyret, directeur Allier et Puy-de-Dôme de la coopérative forestière Unisylva. Cinquante-cinq adhérents de cette coopérative se sont engagés à donner 383 chênes pour cette cause. Unisylva fournira gratuitement l’abattage et le bardage. « Le transport devrait être payé par France Bois Forêt et réalisé avant la fin août. Il reste encore à sélectionner les scieries puis les zones de stockage mais là, ce n’est plus mon rôle », déclare Philippe Veyret.
50 chênes seront issus des forêts privées de l'AllierLe spécialiste d’Unisylva assume la charge de sélection des chênes, avec un collègue, pour le département de l’Allier où 22 propriétaires se sont engagés à donner cinquante chênes. Xavier de Montlaur souhaite en donner trois : « Ça ne me coûte rien mais c’est quand même un manque à gagner. » Selon la hauteur, la circonférence et la qualité d’un chêne, son prix peut varier de 100 à 2.000 €.
Les chênes à sélectionner pour Notre-Dame doivent être droits, sans gros nœuds, sans pourriture dans le bois. « Le plus difficile sera de trouver toutes les longueurs et tous les diamètres recherchés », souligne Philippe Veyret.
Sur les 1.384 chênes nécessaires, il en faudra par exemple quinze de 5 mètres de hauteur avec 50 centimètres de diamètre, « ceux-là seront faciles à trouver. » En revanche, les dix chênes de 13 mètres avec un mètre de diamètre seront plus rares… « Il faut 150 à 300 ans pour obtenir ces chênes hauts de 5 à 21 mètres, utiles à faire des poutres de charpente », fait savoir le représentant d’Unisylva.
Les chênes les plus grands (et les plus anciens) seront issus des forêts domanialesSur les 1.384 chênes, les coopératives forestières privées comme Unisylva fourniront les arbres de moins de 14 mètres. Au-delà, l’office national des forêts prendra le relais pour sélectionner et abattre des chênes mesurant jusqu’à 21 mètres. Les forêts domaniales sont en effet plus anciennes, telle la forêt de Tronçais dans l’Allier.
Cette mobilisation en faveur de Notre-Dame de Paris est sans précédent, « c’est à la fois un symbole, un sens de la solidarité, une question de patrimoine, de religion pourquoi pas. En tout cas, ça nous fait vibrer », relate Xavier de Montlaur. Pour l’heure, les bûcherons vont être très sollicités. Il faut couper les arbres avant la montée de sève printanière.
Stéphanie MénaXavier de Montlaur est l’un des propriétaires forestiers français qui participent aux dons de chênes pour élever une nouvelle charpente à Notre-Dame de Paris, avec sa coopérative Unisylva. A ses côtés, Philippe Veyret, directeur Allier et Puy-de-Dôme d’Unisylva.Ces chênes seront vendus le 10 mars, lors d'une enchère sur place.