Depuis un siècle, l'esprit familial se dessine au bout du pinceau de l'entreprise Roche-Magnol à Thiers (Puy-de-Dôme)
![Depuis un siècle, l'esprit familial se dessine au bout du pinceau de l'entreprise Roche-Magnol à Thiers (Puy-de-Dôme)](https://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/entreprise-roche-magnol-thiers-platrerie-peinture_5195284.jpeg)
C’est une entreprise qui, depuis 100 ans, s’est toujours transmise de génération en génération. Aujourd’hui, David Magnol a succédé à son beau-père à la tête de l’entreprise Roche, devenue Roche-Magnol à Thiers (Puy-de-Dôme). Une quatrième génération, pour faire perdurer un siècle d’histoire et un esprit : celui de la famille.
C’était un soir de Noël. Un dîner en famille, et une curieuse annonce, comme un coup de tête, lancé entre le fromage et le dessert. Marc Roche, alors à la tête de l’entreprise thiernoise Roche, spécialisée en peinture, plâtrerie et isolation, lâche le mot fatidique : « retraite ». Et se tourne vers son gendre, David Magnol, en lui lançant ce qui ressemble fortement à un défi. « Je prends un marché. Si je l’ai, tu viens dans l’entreprise. »
David Magnol peine à en croire ses oreilles. Alors carrossier peintre dans une entreprise clermontoise, celui-ci n’était pas du métier. « Je lui ai dit, “Euh, on va peut-être réfléchir non ?”. Mais pour lui, il n’y avait pas de problème. Il m’a dit “si tu sais peindre une voiture, tu sauras peindre un mur”. Il en était persuadé ». Non sans pression, David Magnol garde cette proposition dans un coin de sa tête. Puis quelques jours plus tard, Marc Roche l’appelle. « J’ai eu le marché ! Envoie ta démission ! »
« C'est venu tout seul »Aujourd’hui, en repensant à cet instant quelque peu surréaliste, David Magnol ne peut s’empêcher de sourire. Mais ne regrette pas sa décision, celle de s’être lancé dans le bain, à l’appel de son beau-père. « Il m’a tout transmis, et il avait raison, c’est venu tout seul. Si le support de peinture change, ça reste quand même assez instinctif ! » Et voilà que celui-ci fait ses premiers pas dans une entreprise familiale de longue date. Car c’est en effet en 1921 que celle-ci a été créée, par Léon Roche, le grand-père de Marc. Léon Roche la cédera ensuite à son fils, Jean-Albert, qui la cédera à son tour à son fils : Marc. « C’est à ce moment-là que l’entreprise a beaucoup évolué », explique David Magnol. Si celle-ci fonctionnait avant avec une ou deux personnes, Marc Roche a embauché jusqu’à neuf personnes, investit dans un dépôt situé avenue Jean-Jaurès, puis a développé toute la partie construction et placo.Située rue Jean-Jaurès à Thiers, l'entreprise pourrait déménager dans les prochains mois. Un nouveau dépôt est en train de sortir de terre dans la zone de Matussière.
Depuis, David Magnol a entièrement repris l’entreprise au départ en retraite de son beau-père. Et a eu carte blanche immédiatement.
Le jour où on a signé chez le notaire, il a posé les clés sur la table en me disant “voilà, débrouille-toi !”. Au début, on a été étonné qu’il ait lâché aussi vite.
Selon David Magnol, cette décision a été en grande partie assumée par la volonté de son beau-père de ne pas interférer dans les prises de décisions notamment. « Il a toujours dit qu’en restant, on pouvait avoir deux visions différentes des choses, créer des tensions… Et puis, les gars ne savent plus qui prend les décisions après… Mais chaque fois que je le vois, il me demande toujours des nouvelles de l’entreprise. “Comment ça se passe ? T’en es où ?” », sourit le chef d'entreprise.
Alors aujourd’hui aux manettes, David n’a pas pour autant tiré un trait sur le passé historique de son entreprise. Bien au contraire. Celui-ci a gardé le nom de Roche, accolé au sien, pour en faire l’entreprise Roche-Magnol. Et même dans le logo, celui-ci a gardé un petit détail. Un paraphe, avec les lettres M et R. Non pas pour Roche-Magnol, mais pour Marc Roche, celui qui lui a tout donné. « Je veux rester dans cette même dynamique. Rester proche des clients, qui connaissaient tous Marc et même son père avant lui. D’ailleurs, avant que je reprenne, il m’a amené faire le tour de tout le monde pour me présenter. Je veux garder cet esprit familial, qui fait que le petit chantier sur des toilettes, à 200 € est tout aussi important que le gros chantier à 20.000 € », assure celui-ci.
La cohésion avant toutEt pour que tout fonctionne comme sur des roulettes, David Magnol mise aussi sur la cohésion dans son équipe. Avec un effectif de sept personnes aujourd’hui, celui-ci a récemment embauché un jeune salarié, et cherche encore à recruter quelqu’un. « Mais c’est difficile car je cherche vraiment à ce que tout le monde s’entende. À ce qu’il y ait une vraie cohésion, un même esprit d’équipe. Il faudra que la personne s’intègre parfaitement, c’est quelque chose sur quoi je ne transige pas. Si on ne s’entend pas, s’il y a une mauvaise ambiance, le client le sent. Et c’est important que l’on reste une famille, car oui, on est une grande famille. J’ai des gars vraiment géniaux. »
Et quand David Magnol regarde dans le rétroviseur de son entreprise, celui-ci ressent tout de même un peu de fierté.
Être la quatrième génération, c’est ce qui me donne le sourire le matin quand je me lève. Ce n’est quand même pas rien et on met tout en œuvre pour que ça marche. Je me dis que j’ai des gars qui sont épanouis, mais aussi qu’on n’a pas le droit à l’erreur.
Et pourquoi pas une cinquième génération ? « Mon fils s’appelle Léon, comme le fondateur de l’entreprise. En vrai, ce n’était pas volontaire, j’ai juste toujours aimé ce prénom. Mais c’est marrant, comment la boucle se boucle ! », sourit David. Alors, reprendra-t-il un jour le flambeau de son arrière-arrière grand père ? « Haha, pour l’instant, il n’a que deux ans ! », plaisante David Magnol.
Un nouveau dépôt pour les 100 ans. Cette année, l’entreprise Roche-Magnol fête ses 100 ans d’existence. Et pour l’occasion, un nouveau dépôt est en train de sortir de terre, dans la zone de Matussière à Thiers, que David Magnol espère pouvoir investir en juin, laissant son entrepôt actuel, rue Jean-Jaurès, devenu trop petit. « Là-bas, ce sera beaucoup plus fonctionnel, avec une plus grande superficie. Ici, maintenant que nous sommes plusieurs collaborateurs, on est un peu à l’étroit ».
Lisa Puechagut